« La situation d’enseignement des SES est très différente d’un établissement à un autre, même en terminale. Cela crée une inégalité dans la préparation du baccalauréat ». Erwan Le Nader, vice-président de l’Apses, l’association qui regroupe les professeurs de sciences économiques et sociales (SES), livre au Café pédagogique les premiers enseignements du sondage réalisé auprès des professeurs de SES sur leurs conditions d’exercice.
Près de 850 enseignants ont répondu au sondage proposé par l’Apses, soit une proportion significative des 3864 professeurs de SES. Le sondage reste ouvert encore quelques jours. Erwan Le Nader en livre les premiers enseignements.
Le sondage montre une situation préoccupante de l’enseignement en seconde. 55% des enseignants ne disposent que de 1h30 hebdomadaire en classe entière sans dédoublement, alors que les enseignements d’exploration doivent pouvoir proposer une pédagogie différente avec des travaux en petits groupes. « Les SES semblent être la seule discipline à ne pas être dédoublée », souligne E Le Nader, « ce qui pose problème aux enseignants ». Pour lui cela ne rséulte pas du succès de cet enseignement (8 élèves sur 10 optent pour les SES). « Il y a eu des gains horaires faits en première avec la disparition de la spécialité SES et une nette chute de l’horaire en seconde. Les chefs d’établissement ont plutôt choisi de dédoubler d’autres matières et tranché en défaveur des SES ».
En première, un tiers des enseignants ne disposent que de 5 h de cours sans dédoublement. 56% ont 5 heures dont 1 heure dédoublée. 10% n’ont pas du tout d’accompagnement personnalisé et 28% une demi heure seulement. Or dans la filière ES , les SES sont une matière dominante.
Même variété de situations en terminale. Un professeur sur trois n’a pas de dédoublement , un sur quatre ne bénéficie pas de l’accompagnement personnalisé. La spécialité maths domine devant la spécialité sciences sociales et politiques ou économie approfondie. « La spécialité maths progresse car le programme a été revu et est très accessible. Finalement ce sont les SES qui en font les frais », estime E Le Nader. « Surtout, on a une grande variété de situations en terminale et donc une véritable inégalité de préparation au bac ». L’Apses demande un cadrage national de l’enseignement de SES pour y remédier.
« La réforme du lycée avait pour objectif le rééquilibrage des filières », poursuit E Le Nader. « En fait on voit la section S progresser, la L monter lentement et c’est la filière ES qui fait les frais de cette réforme. Par exemple la suppression de la spécialité langues a beaucoup nui à la filière. Le fait que la spécialité Droit n’existe qu’en L détourne aussi vers cette filière nos élèves qui envisagent sciences politiques. C’est finalement la filière qui était la plus équilibrée, avec un tiers des lycéens des filières générales, qui est déséquilibrée par cette volonté de rééquilibrage ».
François Jarraud