Parente pauvre de l’éducation nationale, l’éducation artistique et culturelle fait l’objet d’une circulaire publiée au Bulletin officiel du 9 mai. » La mise en place du parcours d’éducation artistique et culturelle a pour ambition de viser un égal accès de tous les jeunes à l’art et à la culture », affirme le texte. Dans la pratique, il sollicite la coopération de l’éducation nationale et des acteurs locaux, l’accompagnement par la hiérarchie de l’éducation nationale tout en invitant « respect de la liberté et des initiatives de l’ensemble des acteurs concernés ». Autant dire que la « priorité gouvernementale » aura du mal à faire sa route…
» Le présent texte s’inscrit dans le cadre de la priorité gouvernementale donnée à l’éducation artistique et culturelle, et a pour but de développer les principes et les modalités de mise en œuvre des parcours d’éducation artistique et culturelle », annonce la circulaire. Effectivement elle comporte des annexes sur la construction du parcours d’éducation artistique et culturelle et sur l’accompagnement de sa mise en oeuvre ainsi qu’une partie sur le pilotage et le suivi à différents échelons de ce parcours.
La circulaire pose le principe d’un parcours résultat « de la concertation entre les différents acteurs d’un territoire« . Ainsi le pilotage est confié à des « comités territoriaux de pilotage » associant préfet de région, recteur, conseil régional, conseils généraux et associations de maires. Ils sont assistés d’une commission technique qui réunit les services de l’éducation nationale et de la culture. A un échelon plus réduit, « les territoires porteurs de projets s’organisent à l’initiative de l’ensemble des acteurs locaux » (écoles, établissements, collectivités territoriales, associations).
Dans les établissements, » Le conseil des maîtres à l’école primaire ou le conseil pédagogique au collège et au lycée fait des propositions pour assurer la diversité et la progressivité du parcours des élèves. Par exemple, le conseil des maîtres ou le conseil pédagogique propose un grand domaine des arts et de la culture qui fera l’objet d’actions spécifiques au sein de l’école ou de l’établissement durant l’année scolaire. Les choix des équipes privilégient la démarche de projet en partenariat et s’appuient notamment pour cela sur les ressources culturelles développées par les différents partenaires du territoire concerné… Ces actions, inscrites dans le projet d’école ou d’établissement, s’articulent avec les activités menées par chaque enseignant dans le domaine des arts et de la culture au sein de sa classe, selon son projet et dans le respect de sa liberté pédagogique ». On a ainsi regroupé à peu près tout ce que l’Ecole a du mal à faire : la concertation avec son environnement extérieur, la pédagogie de projet… et l’absence de programmes au moins pour le moment. Ajoutons que » le volet culturel du projet d’école ou d’établissement, élaboré par les équipes éducatives, est le garant de la cohérence du parcours d’éducation artistique et culturelle de chaque élève. »
La circulaire est plus concrète quand elle aborde la question de la formation. Elle envisage la formation initiale des enseignants et annonce des documents disponibles en téléchargement permettant de concevoir des modules de formation. Le texte annonce aussi la mise à disposition de ressources numériques conçues avec les grands établissements nationaux (INA, Musées nationaux, BNF etc.). Autant dire que la formation continue se limitera faute de moyens au minimum…
Peut-on faire plus quand on n’a pas d’argent ? Une des clés de l’éducation artistique et culturelle est évidemment dans la pratique et le recrutement d’enseignants spécialistes. Là le ministère a un volant d’action possible. Une autre clé est dans la multiplication des obstacles de tous ordres qui rendent plus compliqués les sorties scolaires. Il y a les problèmes de transport et de budget. Mais il y a aussi les réglementations rectorales de plus en plus contraignantes et les injonctions croissantes à faire le programme et du « fondamental ». Des points concrets absents de la circulaire.
François Jarraud