Par Elisabeth Laurent
« Le romantisme noir » à Orsay
Le musée d’Orsay voit la vie en noir! Satan, Belzébuth, sorcières, démons, vampires, fantômes…y sont réunis dans une exposition à l’intitulé intriguant, » L’ange du bizarre ». Empruntant son titre à un conte fantastique d’Edgar Poe, cette exposition tente pour la première fois en France, de retracer un courant artistique, « le romantisme noir » qui traverse la peinture, la sculpture et les arts graphiques européens, tout au long du XIX ème siècle et dont le but semble de vouloir fasciner par l’horreur et le trouble. Délibérément placé sous le signe du fantastique, de l’étrange, du surnaturel, » estampes et sculptures et une douzaine de films datant de l’entre-deux guerres. Des visites familles et des ateliers pour le jeune public sont prévus.
Le romantisme noir Pour la première fois, la face sombre du mouvement romantique est l’objet d’une exposition. Sous le terme de « romantisme noir » forgé par l’historien de la littérature, Mario Praz, on désigne un vaste pan de la littérature et des arts plastiques qui à partir des années 1760-1770, met en évidence la part d’ombre, d’irrationnel et d’excès qui se dissimule sous l’apparent triomphe des lumières de la Raison. Le goût du fantastique et du macabre irrigue les arts européens. Réaction aux lumières et fruit du vent de liberté qui se met à souffler, ce mouvement bouscule les conventions sociales, morales et esthétiques. Ce courant artistique commence à la fin du XVIII ème siècle dans la littérature gothique anglaise et se prolonge jusqu’au début du XXème siècle avec le cinéma expressionniste.
Le romantisme noir en trois époques A travers les oeuvres de Goya, Friedrich, Füssli, Delacroix, Hugo, Redon, Stuck, Munch,Klee, Ernst, Dali…l’exposition présente le romantisme noir en trois époques: le temps de la naissance autour de quatre grands foyers (1770-1850), le temps de l’affranchissement et des mutations dans l’art symboliste (1860-1900) et le temps de la redécouverte dans l’art surréaliste (1920-1940). Le parcours est émaillé d’extraits d’œuvres cinématographiques, de Murnau à Bunuel.
« Les quatre foyers du romantisme noir » Ce courant irrationnel de l’art occidental naît à la suite de la Révolution française et de ses répercussion dans l’Europe entière. A la fin du XVIII ème siècle apparaissent en Angleterre les romans noirs gothiques qui rencontrent un succès immédiat. En France, c’est vraiment à partir de 1815 que le romantisme noir s’épanouit. La référence de prédilection pour les jeunes artistes audacieux, désireux de frapper le public est la « Divine Comédie » de Dante, particulièrement « l’Enfer » qui fournit des scènes atroces et des « anti-héros » dont s’inspirent Füssli, Blake, Delacroix. Ce dernier se nourrit aussi des drames baroques shakespeariens, « Macbeth », « Hamlet », ainsi que du « Faust »de Goethe, tandis que Goya exploite les superstitions populaires immémoriales. Cependant les artistes ne se contentent pas d’illustrer, ils ajoutent leur vision propre fortement teintée d’érotisme, d’impiété, de libre-pensée, directement héritée du libertinage du XVIII ème siècle et de l’univers sadien. A ne pas manquer les toiles de Füssli, venues du monde entier et réunies pour la première fois. Le romantisme noir s’exprime aussi dans le paysage qui devient autonome dans les dessins de Victor Hugo et la peinture des romantiques allemands tel Caspar David Friedrich.
Mutations symbolistes L’héritage romantique noir est réactivé à la fin du XIXème siècle à la faveur d’une nouvelle période de troubles et de bouleversements, guerre de 1870, seconde révolution industrielle en Europe…La confiance envers le positivisme scientifique et la démocratie s’essouffle. Constatant la vanité et l’ambiguïté de la notion de progrès, maints artistes se tournent vers les mondes occultes, raniment les mythes et exploitent les nouvelles découvertes sur les rêves. A la suite des contes fantastiques d’Edgar Poe, Charles Baudelaire, Théophile Gautier et Villiers de l’Isle-Adam posent les questions qui confrontent l’homme à ses terreurs ancestrales et à ses contradictions. On voit ressurgir chez Ensor, Stuck et Rops, en pleine époque de seconde révolution industrielle, les hordes fantastiques de sorcières, squelettes ricanants, démons informes, Méduses et autres Sphinx, qui loin de signifier un repli obscurantiste sur le passé, traduisent un désenchantement lucide provocant face au présent. Autre thème qui obsède les artistes de cette fin de siècle, le mythe de la femme fatale, Salambô, Cléopâtre, Eve…A ne pas manquer, les oeuvres de Gustave Moreau.
Redécouverte surréaliste Le romantisme noir reprend une nouvelle vigueur lorsque l’Europe s’éveille du cauchemar de la Première guerre mondiale. Bercés par les fées maléfiques de Goya, du romantisme allemand et du symbolisme, les surréalistes mettent en oeuvre les forces motrices de l’inconscient, du rêve, comme fondement de la création artistique, parachevant le triomphe de l’imaginaire sur le principe de réalité. Dali est fasciné par l’univers de Böcklin, Max Ernst obsédé par le thème de la forêt légué par Caspar David Friedrich, Bassaï traque l’inquiétante étrangeté dans la ville moderne. A ne pas manquer,entre autre, « L’Espérance » de Max Ernst prêtée exceptionnellement par la Pinakothek de Munich. Douze extraits de films ponctuent le parcours: « Nosferatu le vampire » qui accueille les visiteurs, » Les trois lumières », « La chute de la maison Usher », « Dracula », « Rébecca », » « Frankestein », »La charrette fantôme » , »Un chien andalou », « Faust, une légende allemande », »La sorcellerie à travers les âges », « Los olvidados », « La vie criminelle d’Archibald de la Cruz ».
Un article de Béatrice Flammang
Le site de l’exposition
http://www.musee-orsay.fr/index.php?id=649&L=0&tx_ttnews[tt_news]=35087&no_cache=1
Le site pour les enseignants
http://www.musee-orsay.fr/fileadmin/mediatheque/integration_MO/PDF/colleges_lycees201213.pdf
DYNAMO, Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art 1913-2013
Depuis le 10 avril, le Grand Palais accueille une exposition intitulée « DYNAMO, Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art 1913-2013 », elle présente sur 4 000 m2 plus de 200 créations…Vous y découvrez Anish Kapoor, Victor Vasarely ou Marcel Duchamp. Comment fixer par la peinture et la sculpture ce qui pourtant devrait lui échapper, à savoir la lumière et le mouvement ? Eternel paradoxe… Pendant plusieurs siècles, les artistes ont mis leur imagination au service de personnages et d’histoires mais au début des années 1910 : fini la narration, place aux sensations pures ! Stimulation des sens, géométrie, abstraction, le spectateur est partie prenante d’une œuvre qui ne cherche plus à « illustrer » mais qui est lumière et mouvement. » Sur près de 4000m2, l’exposition montre comment, de Calder à Kapoor, de nombreux artistes ont traité les notions de vision, d’espace, de lumière et de mouvement dans leurs œuvres, en réalisant souvent des installations dans lesquelles le visiteur est partie prenante : les atmosphères chromatiques et changeantes d’Ann Veronica Janssens, les miroirs kaléidoscopiques de Jeppe Hein ou les réalisations in situ de Felice Varini.
Le Grand Palais
http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/dynamo
Le Louvre présente plus d’un siècle de création artistique allemande
L »exposition « De l’Allemagne, 1800-1939 » offre pour la première fois en France, un panorama de la création artistique allemande sur plus d’un siècle. Riche de 200 oeuvres, elle replace cette création dans un contexte plus large et montre comment l’art a joué un rôle dans le développement du concept allemand de « kultur » à un moment historique capital où l’Allemagne cherche à construire son unité.
De la fin du XVIII ème siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale, l’histoire allemande est marquée par la constitution difficile de son unité politique dans le cadre de l’Europe des nations qui se met alors en place. L’exposition propose une réflexion autour des grands thèmes structurant la pensée allemande de 1800 à 1939.
Les courants artistiques, du classicisme weimarien, des Nazaréens à Otto Dix, en passant par Hans von Marées, Adolf von Hildebrand ou Franz von Stuck, mais aussi du romantisme d’un Caspar David Friedrich à la « Nouvelle Objectivité », sont replacés dans le contexte intellectuel de leur création et confrontés aux écrits des grands penseurs au premier rang desquels Goethe.
L’exposition démontre , comment en Allemagne, la nouveauté se construit sur une tradition sans cesse réinventée, impliquant une grande liberté de composition. L’exposition s’inscrit dans le cadre de la commémoration du traité d’amitié franco-allemande signé en 1963.
Tout au long des trois mois de sa présentation , de nombreux évènements sont organisés au Louvre: conférences et rencontres, colloque, cinéma, concerts et musique filmée, théâtre, lectures. Les enseignants peuvent réserver des visites autonomes de l’exposition ou des visites avec un médiateurs.
Un article de Béatrice Flammang
Le site de l’exposition « De l’Allemagne, 1800-1939; De Friedrich à Beckmann » http://www.louvre.fr/expositions/de-l-allemagne-1800-1939-de-friedrich-beckmann
Le site pour les enseignants
http://www.louvre.fr/enseignants