Vendredi 29 mars, Stéphane Le Foll accueillait Vincent Peillon au CNAM pour lancer la concertation autour de l’avenir de l’enseignement agricole. Si les débats se placent dans le contexte plus général de la refondation et du pacte éducatif, les sujets d’actualités qui traversent le monde agricole lui donnent une connotation particulière ancrée dans la diversité des missions de l’enseignement agricole. L’enseignement agricole n’est pas l’éducation nationale, les différences de taille, de structuration, entre autres, sont conséquentes. Les deux concourent cependant au même objectif, celui d’un système scolaire plus démocratique permettant une insertion professionnelle et sociale de tous.
Avec ses effectifs, l’enseignement agricole est l’équivalent de l’Académie de Grenoble. Le secteur privé y est fortement majoritaire et ses établissements regroupent en leur sein les trois voies de formation (scolaire, apprentissage et formation pour adultes). Les liens avec les secteurs professionnels sont forts à la fois dans la mise en œuvre des formations avec des périodes de stage, dans la gestion avec leur présence dans les conseils d’administration et par l’expérimentation en s’appuyant sur l’exploitation agricole ou l’atelier technologique, partie intégrante de l’EPL. Les missions de l’enseignement agricole, au nombre de 5, sont variées : assurer la formation générale, technologique et professionnelle initiale et continue, participer à l’animation et au développement des territoires ; contribuer à l’insertion scolaire, sociale et professionnelle des jeunes et à l’insertion sociale et professionnelle des adultes :contribuer aux activités de développement, d’expérimentation et d’innovation agricoles et agroalimentaires, participer à des actions de coopération internationale, notamment en favorisant les échanges et l’accueil d’élèves, apprentis, étudiants, stagiaires et enseignants.
L’établissement d’enseignement agricole est ancré dans son territoire et son environnement professionnel. Il n’est guère étonnant que le ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt, le considère comme un acteur de l’évolution du monde agricole, Plusieurs chantiers sont actuellement ouverts à l’échelle nationale et européenne. Les assises de l’installation agricole ont été lancées afin de rénover le système d’accompagnement et de financement des nouveaux agriculteurs : accès au foncier, évolution des compétences pour assurer la pérennité des exploitations, harmonisation des dispositifs ; la réflexion est nourrie par les contributions régionales élaborées par des acteurs de terrain. Des assises sont également organisées pour les filières bois et agroalimentaire. Stéphane Le Foll a placé l’agroécologie comme un facteur de développement de l’agriculture française. Avec la campagne « Produisons autrement » lancée le 18 décembre à Paris,. il défend le principe d’une agriculture économiquement et écologiquement performante. Là encore, le rôle des EPL est réaffirmé avec en première ligne les exploitations agricoles, témoins de bonnes pratiques et lieux d’expérimentation. L’enseignement agricole verra aussi sans doute ses référentiels évoluer pour intégrer plus fortement encore l’approche agronomique ainsi que les modes de production, de consommation et de commercialisation respectueuses de l’environnement.
La concertation pour la refondation est donc contextualisée dans une période où l’agriculture doit évoluer pour subsister. Former de futurs citoyens, acteur de la société dans laquelle ils vivent, l’ambition assignée par Edgard Pisani à l’enseignement agricole lors de sa reconstruction au début des années 60, se trouve ainsi revitalisée. Encore une fois, ce n’est pas surprenant, Stéphane Le Foll, ancien élève et ancien prof dans un lycée agricole, a partagé avec Edgard Pisani, la création du club Saint-Germain, un groupe de réflexion sur les politiques alimentaires et agricoles. Sur le versant des idées, comme sur celui de l’action, il a donc pu mesurer l’efficacité des méthodes appliquées dans l’enseignement agricole avec la pédagogie du projet, la dimension socio-culturelle, l’ancrage professionnel et l’importance de la vie scolaire. En apparence, le système éducatif agricole fonctionne bien avec des taux d’insertion professionnelle et de réussite à l’examen au beau fixe,. Les axes de la refondation rappellent toutefois que des évolutions sont nécessaires par exemple pour augmenter le taux d’accès à l’enseignement scolaire ou encore développer la coopération internationale. De moins en moins « filles et fils d’agriculteurs », les élèves sont aujourd’hui moins familiers que ceux d’hier des réalités de leur futur univers professionnel.
La présence de Vincent Peillon aux côtés de Stéphane Le Foll lors de l’ouverture de la concentration montrait que les deux systèmes éducatifs devaient nourrir leur réflexion de l’expérience de l’autre et dessiner en commun certaines lignes. La réforme de la formation des enseignants de l’éducation nationale aura un impact sur celle des profs de l’enseignement agricole. La refonte du socle commun sera appliquée aussi dans les lycées agricoles accueillant des 4e et des 3e. Les deux systèmes sont aussi en attente de l’acte III de la décentralisation qui redéfinira les rôles des acteurs de l’éducation sur le plan régional. Avec le début de la concertation, entre particularités et similitudes, l’enseignement agricole commence déjà à faire entendre sa voie.
Monique Royer
Le discours d’ouverture du Ministre de l’Agriculture
http://agriculture.gouv.fr/visite-Peillon-Le-Foll-lycee
Les assises de l’installation
http://agriculture.gouv.fr/Assises-de-l-installation
Compte-rendu de la journée « Produisons autrement »