Ce colloque marque un enjeu majeur dans l’actualité de la refondation de l’Ecole : « repenser la formation des enseignants aujourd’hui pour améliorer la formation de tous demain ». C’est le défi annoncé dans la plaquette de présentation, mais aujourd’hui, on passe de l’idée à sa mise en oeuvre. Il a pour ambition de « fédérer un laboratoire d’idées et de méthodes pour contribuer à l’innovation dans la formation des enseignants ».
Ce colloque inaugure la chaire UNESCO dont l’ENS et Luc Ria, professeur d’université à l’Ifé et responsable scientifique du projet, sont porteurs. Il est donc le commencement d’un rayonnement international mais il se situe aussi dans une continuité d’actions (le lancement de la plateforme Néopass en 2010, un premier colloque en 2011, des formations de formateurs), menées depuis 2009 à l’Ifé. C’est au sein de l’Ifé, le centre Alain Savary et son directeur, Patrick Picard, qui coordonnent le « chantier » sur la professionnalité enseignante et impulsent le travail sur la plateforme Néopass.
Ce colloque est co-organisé par l’Ifé (Institut français de l’éducation), la CDIUFM (Conférence des directeurs d’IUFM) et la DGESCO (Direction de l’enseignement scolaire au ministère de l’éducation nationale). Celle-ci a délégué 90 formateurs et cadres de toutes les académies pour constituer à terme un réseau de personnes-ressources capables de s’investir dans la nouvelle formation des enseignants. La formation des formateurs était jusqu’à présent un impensé de l’institution.
Presque 200 acteurs de la recherche et de la formation, chercheurs, cadres de l’institution, directeurs d’IUFM, mais aussi responsables académiques de formations, formateurs divers, conseillers pédagogiques ont fait le chemin jusqu’à l’amphithéâtre Descartes de l’Ecole normale supérieure à Lyon pour 2 jours qui vont se révéler tellement denses qu’il en faudra beaucoup plus pour s’accommoder à tous les points de vue des chercheurs et assimiler toutes les notions abordées.
L’ouverture du colloque est l’occasion donnée à chaque institution engagée d’en préciser les enjeux pour elle-même à court et à long terme, mais aussi les règles des collaborations. C’est le moment des discours politiques, où on mesure la hauteur des engagements et du soutien de chacune. Former les enseignants au XXIème siécle semble bien être une préoccupation indiscutable pour toutes les institutions présentes sur la chaire ou dans la salle.
L’ouverture est prononcée par Olivier Faron, directeur général de l’ENS. La chaire UNESCO portée par l’Ifé, au-delà des exigences spécifiques données par l’organisme international (recherches innovantes, travail en partenariat, francophonie) permet à une équipe de chercheurs de s’associer à d’autres équipes pour internationaliser les travaux de recherches. Des partenariats avec des laboratoires universitaires (Lyon, Paris 8, Clermont, Provence, Genève, CNAM) et d’autres réseaux scientifiques internationaux se concrétisent. L’outil Néopass@ction est l’illustration emblématique de ces objectifs.
Françoise Moulin Civil est rectrice de l’académie de Lyon. C’est la seule femme de la tribune et c’est elle qui représente ce matin-là le ministre, qui présente la loi sur la refondation de l’Ecole en conseil des ministres. Coïncidence ! Elle rappelle qu’enseigner est un métier qui s’apprend (il ne fait plus de doute là-dessus maintenant mais ça fait du bien de l’entendre dans la bouche de la représentante du misitère de l’éducation nationale !) et elle relie les pratiques de terrain et les recherches universitaires. Elle rappelle l’ouverture à la renrée 2013 des Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), créées sur la base d’une culture commune et d’un réseau actif de partenaires. Elle donne rapidement les enjeux pour le ministère de soutenir cette chaire : faire du métier un objet de réflexion et repenser la formation.
Daniel Filâtre, conseiller auprès de Genviève Fioraso au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, est présent pour apporter un soutien fort à la chaire. Former les enseignants autrement , en fonction des attentes de l’employeur et de l’opérateur de formation. Les ESPE seront des écoles intégrées à l’université avec un statut particulier et un modèle d’accréditation en cours de négociation basé sur 3 conditions : que les disciplines et les didactiques coopèrent, que l’université travaille avec l’autorité académique et les praticiens, que les universités travaillent ensemble.
Ce colloque est extrêmement important pour son ministère parce qu’on ne sait pas comment appeler les recherches sur l’éducation, jusqu’à maintenant faiblement reconnues et mal financées… Il est important, par cette chaire et la dynamique de l’Ifé, de tracer l’avenir qui lie formation, recherche et transfert, comme dans d’autres champs. La condition du changement repose sur la formation, qui repose elle-même sur de nouveaux outils dont il faut poursuivre la construction.
Francesco Pedro, représentant de l’UNESCO pense qu’une chaire est « une porte qui s’ouvre ». En matière d’éducation, il faudra 3 millions de plus d’enseignants dans le monde pour satisfaire à l’objectif 2015 de l’éducation pour tous. L’enjeu est de former des enseignants efficaces, s’inspirer de modèles de formation plus « clinique », comme celle des médecins, par exemple, axés sur la salle de classe. La chaire doit permettre une production de connaissances et un partage des connaissances.
Au cours de la 2ème journée, Suzy Halimi, vice présidente de la CNFU (Commission nationale française pour l’UNESCO), comité Education, explicite elle aussi les priorités de l’UNESCO sur le travail enseignant (il y a des besoins énormes en Afrique) et sur d’autres questions plus périphériques, l’illettrisme, l’éducation inclusive par exemple. Cette chaire française et dans le domaine de l’éducation (il y en a très peu) est importante à ses yeux. Elle recommande de bien mettre en valeur quantitativement le volet formation, d’y associer des établissements scolaires et de mesurer l’impact à l’étranger des étudiants formés. C’est de cette façon que la CNFU évaluera le travail accompli dans 4 ans.
Michel Lussault, géographe spécialiste des politiques urbaines, directeur de l’Ifé pose les contours de l’institut, créé il y a maintenant 18 mois pour remplacer l’INRP après son rattachement à l’ENS et restructuré autour d’un spectre large, pour rassembler tous les modèles. L’Ifé a vocation à s’emparer des questions vives de la recherche pour légitimer la recherche en éducation. La France a sous-estimé et même discrédité la recherche en éducation. Il y a un travail considérable pour comprendre ce qu’est apprendre et ce qu’est faire apprendre. Ses priorités seront donc la formation, le décrochage, les premiers apprentissages, la lecture… et comprendre les croisements avec les problématiques sociales, politiques, culturelles…
L’Ifé a vocation à transformer des faits scientifiques en problèmes sociaux et inversement, il ne s’agit pas de les opposer mais de pratiquer un va-et-vient permanent entre les deux : comprendre ce que la recherche peut donner à penser à la société. Ce dialogue n’existe pas actuellement. Il faudra sortir de nos labos et faire des propositions, être en capacité de proposer des formations, non pas tant en formation initiale mais en termes de formation continue, formation de formateurs, formation des corps intermédiaires et des nouveaux métiers.
L’Ifé souhaite contribuer à la réflexion, travailler avec tous, dans une organisation compatible (centre Alain Savary, Veille et analyses) et être au rendez-vous des grandes transformations.
Luc RIA, professeur des universités détaché à l’Ifé, membre du laboratoire ACTé de Clermont Ferrand, responsable scientifique de Néopass, après avoir remercié tous les chercheurs présents et les invités africains, précise que ces recherches vont permettre de travailler à de nouvelles façons de mettre en relation les didactiques et l’analyse du travail, à de nouvelles alternances en formation et à l’accompagnement des enseignants.
Les travaux de la chaire pourront être suivis sur le site dédié, alimenté par les videos du colloque en premier lieu, puis très régulièrement par des conférences et documents qui vont jalonner ces 4 ans pendant lesquels elle va durer. Un prochain colloque dans 2 ans et des journées d’études intermédiaires se dérouleront également.
http://www.ens-lyon.fr/chaire-unesco-formation
Les participants pourront échanger avec l’adresse suivante :
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