Par François Jarraud
A l’occasion du Salon APB Ile de France, le 11 janvier, Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur, a communiqué les résultats d’une enquête auprès des utilisateurs d’APB et annoncé son intention d’en améliorer le fonctionnement. Elle a aussi dit qu’elle préférait qu’il n’y ait pas de quotas à l’entrée en STS et IUT.
APB un dispositif à améliorer. Geneviève Fioraso a présenté le 11 janvier les résultats d’un sondage auprès d’un millier d’étudiants et de parents sur le dispositif APB d’orientation post-bac. APB s’adresse à près de 800 000 lycéens et leur porpose près de 10 000 formations supérieures. Si globalement les anciens lycéens sont satisfaits d’APB c’est que pour 84% d’entre eux leur choix a été respecté (et même pour 55% le premier choix). Reste que l’outil est encore mal utilisé : de nombreux lycéens ignorent la possibilité de modifier leurs voeux, les fiches d’orientation sont peu utilisées. Il y a une vraie demande pour davantage d’information sur l’orientation. Huit jeunes sur dix voudraient connaître leur futur établissement, avoir des contacts avec des enseignants du supérieur.
« Deux clics ne suffisent pas à une orientation ». Pour G. Fioraso il faut travailler l’orientation des futurs bacheliers sur toute la durée du lycée, dès la seconde. Elle souhaite renforcer les liens entre lycées et universités de façon à ce que les lycéens puissent rencontrer des universitaires. Il faut aussi simplifier les noms des formations universitaires. Pour cela on devrait passer d’un système d’habilitation pour les milliers de diplômes existants à des accréditations accordées par grands thèmes aux universités, à charge pour elles de vérifier la qualité des formations.
Le cas des bacheliers professionnels et technologiques est particulièrement complexe puisque leur taux d’échec est nettement plus important que celui des bacheliers généraux en université. La ministre est bien décidée à favoriser l’inscription des bacheliers professionnels en STS et des bacheliers technologiques en IUT, deux filières où il y a beaucoup de bacheliers généraux. « Je souhaite éviter d’imposer des quotas » a déclaré la ministre qui doit présenter le 14 janvier le projet de loi sur l’enseignement supérieur. « L’Etat accompagnera les bacheliers de telle façon que les STS et les IUT ne deviennent pas de filières d’évitement des universités ». G. Fioraso a annoncé la création d’un groupe de travail entre son ministère et celui de Vincent Peillon sur le « bac -3 – bac +3 ».
En apparence la procédure APB est une réussite plébiscitée par les lycéens eux-mêmes. Le rapport des inspecteurs généraux Alain Henriet et Gilbert Pietryk montre une réalité fort différente. Orientation bâclée en première, tri des dossiers sur des critères tout sauf transparents, orientations par défaut des bacheliers technologiques et professionnels, l’étude dresse un constat peu acceptable de l’orientation dans les établissements scolaires.
En apparence tout va bien. La procédure d’affectation après le bac APB est appréciée par les lycéens. « Les candidats estiment avoir accès de façon satisfaisante aux informations nécessaires », explique le rapport. En réalité , APB est loin de » concerner la totalité des futurs bacheliers. Seulement 63% du vivier élèves est admis dans le cadre d’APB explique le rapport ce qui réduit drastiquement le degré de satisfaction réel.
Des taux réels d’utilisation faibles. Chez les bacheliers généraux et technologiques, 10% des élèves ne s’inscrivent pas ou ne finalisent pas leurs voeux. 13% des élèves ayant suivi la procédure AP et ayant été reçus au bac ne donnent pas suite à la proposition d’APB. Le rapport est incapable de savoir ce que devient ce quart des bacheliers généraux et technologiques. La situation est pire pou rles bacheliers professionnels. La moitié seulement s’inscrit sur APB et le taux de satisfaction est faible. 22% des bacheliers professionnels ne donnent pas suite à leurs voeux. Sur 93 000 bacheliers professionnels, seulement 46 000 trouvent une solution d’orientation grâce à APB.
APB reste relativement opaque. » Dans les formations sélectives ou à capacité limitée, les critères de classement retenus par l’établissement (en fait par la commission de sélection), ou le jury dans le cas d’un concours, ne sont généralement pas portés à la connaissance du candidat », note le rapport qui ajoute que c’est aussi le cas pour des formations moins demandées, par exemple quand elles donnent la priorité à des jeunes locaux. Le conseil donné « classer les voeux en fonction des souhaits sans autocensure » ne correspond pas au fonctionnement réel d’APB. Les règles sont sans cesse modifiées. Cela génère de la frustration, note le rapport et « atteint le principe d’équité ». Enfin le système APB impose beaucoup de saisie qui pourraient être faites par croisement de fichiers existants.
L’orientation reste l’enfant pauvre des établissements. L’engagement des établissements à accompagner les élèves dans APB est « de niveau très variable » dit le rapport. » Les enseignants du second degré méconnaissent l’évolution de l’enseignement supérieur », affirment les inspecteurs. Ils connaissent mal les formations supérieures qui ont beaucoup changé depuis leurs études. La mission d’orientation n’apparait toujours pas comme légitime et d’ailleurs elle mériterait d’être formulée dans les missions des enseignants.L’orientation active « est balbutiante » en première. Le conseil anticipé de première n’est pas mis en place. C’est seulement en terminale que l’orientation devient active.
Le résultat se lit dans l’orientation des bacheliers. Ainsi 29% des bacheliers généraux demandent des formations supérieures courtes alors que leur débouché devrait être le long. 28% des bacheliers technologiques demandent des L1 ce qui n’est pas un bon choix pour eux mais le splaces en BTS et IUT sont prise spar les bacheliers généraux. » On observe depuis trois ans une très forte augmentation de la demande de poursuite d’études des élèves de terminale professionnelle », dit le rapport. 29% des élèves demandent une orientation en L1 alors qu’ils n’y sont pas du tout préparés.
Les recommandations de l’Inspection restent très modérées. L’Inspection se garde bien d’attaquer le manque de transparence d’APB ou l de proposer des quotas d’inscription en STS ou DUT pour garantir des accès aux bacheliers professionnels ou technologiques. Alors qu’elle reconnait que les enseignants sont « désarmés » face à l’orientation, la première recommandation c’est de modifier le statut des enseignants pour imposer l’orientation. Les auteurs demandent que l’utilisation d’APB démarre dès la première et de modifier en amont le curriculum des bacs pro pour mieux les adapter au supérieur.
Le rapport
http://www.education.gouv.fr/cid66877/analyse-de-l-orientation-e[…]
APB : Comment s’y retrouver ?
Comment ne plus être affecté quand on est affecté ? APB peut devenir votre ami. Pour de nombreux élèves et parents, la procédure APB est un (gros) obstacle de plus à franchir dans le parcours semé d’embûches de l’orientation des futurs bacheliers. Une experte en la matière, Isabelle Bouillot, du SAIO de Paris, explique comment en faire votre appui. C’est un des reportages de ce dossier du Café.
Le dossier
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/109_Sommaire.aspx
« En 2010, le taux de chômage des jeunes sortis de l’enseignement professionnel secondaire trois ans plus tôt varie de 3 % à 45 % selon la spécialité de formation », note cette nouvelle étude du Céreq. « Si les bacheliers accèdent plus facilement à l’emploi que les titulaires d’un CAP ou d’un BEP, l’approche par le seul niveau de diplôme s’avère donc réductrice pour analyser l’insertion. L’évolution des métiers explique certaines difficultés, et vient interroger la pertinence de l’architecture de l’offre de formation dans certains domaines ».
Pour le Céreq, » la spécialité de formation est aussi importante que le niveau de diplôme ». » Au débouché de certaines filières, le taux d’emploi est élevé : trois ans après leur sortie de formation, plus des trois quarts des jeunes issus de la santé, du travail social, de la mécanique de précision, de la mécanique auto, du travail du bois et du transport/ logistique occupent un emploi », précise l’étude. » À l’autre extrémité du spectre, au sortir de certaines filières, les individus sont lourdement confrontés au chômage : moins de 60 % des jeunes issus des formations générales, des formations aux métiers du livre de l’image et du son, du secrétariat, de l’accueil-hôtellerie-tourisme, du génie climatique, du commerce, des services à la collectivité et de la comptabilité occupent un emploi trois ans après leur sortie de formation ». Une étude à lire absolument pour aider les jeunes à faire leur orientation.
L’étude
Sur le site du Café
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