La Commission européenne a présenté fin novembre une nouvelle « stratégie pour repenser l’éducation ». Même si l’enseignement scolaire reste du domaine des compétences nationales, les nouvelles orientations données par la Commission ont déjà des échos dans le débat éducatif français. Pour l’Education nationale c’est , après la décentralisation, un nouveau choc culturel qui se prépare.
« Repenser l’éducation n’est pas qu’une question d’argent: s’il est vrai que nous devons investir plus dans l’éducation et la formation, il apparaît clairement que les systèmes éducatifs doivent également être modernisés et se doter d’un mode de fonctionnement plus souple pour réellement répondre aux besoins de la société d’aujourd’hui. L’Europe ne retrouvera la voie d’une croissance durable qu’en s’appuyant des individus hautement qualifiés et polyvalents capables de contribuer à l’innovation et à l’entrepreneuriat ». Les propos de la commissaire à l’éducation Androulla Vassiliou réorientent durablement le système éducatif.
Orienter l’éducation vers l’emploi
« La stratégie «Repenser l’éducation» appelle à une transition fondamentale dans l’éducation, qui doit se concentrer davantage sur les «acquis de l’apprentissage», c’est-à-dire les connaissances, les aptitudes et les compétences acquises par l’apprenant », affirme la Commission. » Pour garantir une meilleure concordance entre l’éducation et les besoins des apprenants et du marché du travail, les méthodes d’évaluation doivent être adaptées et modernisées. L’utilisation de TIC et de ressources éducatives ouvertes (RÉL) devrait être développée dans tous les contextes d’apprentissage. Les enseignants aussi doivent actualiser leurs compétences en se formant régulièrement. La stratégie appelle également les États membres à renforcer les liens entre les systèmes éducatifs et les employeurs, à introduire l’entreprise dans la salle de classe, et à permettre aux jeunes de découvrir le monde du travail par un recours accru à l’apprentissage en milieu professionnel. »
Ce qui motive ce virage important des systèmes éducatifs c’est le chômage et la crise économique. » Le chômage des jeunes atteint presque 23 % dans l’Union, alors que plus de 2 millions d’emplois restent vacants. L’Europe doit complètement repenser la manière dont les systèmes d’éducation et de formation peuvent produire les compétences dont le marché du travail a besoin. Dans un contexte d’austérité généralisée et de compression des budgets de l’éducation, l’enjeu tient de la gageure. La Commission présente aujourd’hui «Repenser l’éducation», une nouvelle stratégie qui entend encourager les États membres à agir immédiatement pour garantir que les jeunes acquièrent les aptitudes et les compétences requises par le marché du travail, et à réaliser leurs objectifs en matière de croissance et d’emploi. »
Quel écho en France ?
L’écho de ce nouvel élan européen est déjà perceptible dans plusieurs politiques nationales. D’abord la lutte contre le décrochage, incontestatblement « un gâchis » pour les jeunes et l’économie. Mais on le retrouve aussi dans la création du service régional d’orientation qui doit amener les jeunes à tenir compte des réalités régionales de l’emploi.
François Jarraud