Ce n’est pas la concentration des élèves immigrés qui peut faire baisser le niveau d’une classe. C’est le regroupement d’élèves de milieu défavorisé, nous dit une nouvelle étude de « Pisa à la loupe », une revue de l’OCDE.
Selon cette étude, « être dans une école avec des élèves de différentes origines et parlant différentes langues n’affecte pas autant les apprentissages qu’être dans une école qui concentre un fort pourcentage d’élèves de milieu défavorisé ». C’est bien l’absence de mixité sociale qui obère les résultats.
Cette nouvelle étude confirme des travaux antérieurs. Par exemple, l’OCDE a pu montrer déjà que les performances des jeunes issus de l’immigration sont très variables selon les pays. Si globalement leur niveau est inférieur à celui des autochtones, ce n’est pas toujours le cas. PISA a pu isoler une dizaine de pays où le niveau des immigrés est supérieur ou égal à celui des enfants locaux. En Australie, ou en Hongrie, par exemple, leur niveau moyen dépasse celui des enfants du cru. Peu avant qu’une rectrice émette une opinion contraire, Louis Maurin avait démontré dans les pages du Café que « toutes choses égales par ailleurs », le niveau des enfants immigrés était aussi bon en France que celui des autres jeunes.
Ce que l’on retiendra donc de « Pisa à la loupe », c’est que tous les pays ne gèrent pas de la même façon les enfants immigrés. Il y a ceux qui ghettoïsent et ceux qui déconcentrent. L’Australie ou la Hongrie, par exemple, dispersent les enfants immigrés. Selon l’OCDE, la France fait partie des pays qui au contraire regroupe les enfants issus de l’immigrations. G. Felouzis l’a montré à Bordeaux. Chacun peut le constater dans les banlieues des grandes villes. L’OCDE donne des chiffres. Ainsi la France se retrouve au 3ème rang quand on prend comme critère le fait d’avoir une mère de bas niveau scolaire. Dans tous les cas de figure le score français est au dessus de la moyenne OCDE.
Pour l’OCDE, D. Nusche a ciblé les politiques qui « marchent » dans l’éducation des enfants issus de l’immigration. Laisser s’établir une ségrégation scolaire se fait à leur détriment. Elle peut s’établir entre établissements. Mais elle existe aussi à l’intérieur des établissements, par exemple quand on constitue des classes de niveau. D Nusche souligne aussi l’importance d’avoir des enseignants issus de l’immigration et la taille des classes. Avoir des classes avec peu d’élèves a un impact réel , selon elle, sur les enfants venus de l’immigration. La dimension multiculturelle de l’éducation est aussi positif.
Pain au chocolat. On mesure alors tout le travail que doit faire V Peillon. Rétablir de la mixité sociale dans les établissements est déjà un défi de taille. Il en est un autre tout aussi important. Ouvrir la culture scolaire au pluriculturel. Ces deux aspects du même vivre ensemble sont un sacré défi. Surtout quand une partie de la population voit dans l’enfant issu de immigration un potentiel voleur de pain au chocolat…
François Jarraud