Le Pacte de croissance et de compétitivité que vient de présenter le gouvernement semble sérieusement s’écarter du rapport Gallois en ce qui concerne l’apprentissage, nous dit Claude Lelièvre.
Le rapport « Gallois » préconise d’encourager les entreprises à « développer leurs actions d’apprentissage et de professionnalisation » afin de doubler, sur la durée du quinquennat, le nombre de formations en « alternance ». Dans le « pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi , il s’agit (décision n°23) de « favoriser l’embauche en apprentissage dans les PME avec l’objectif de 500 000 apprentis en 2017 ». Quid ?
Les « contrats d’alternance » sont de deux types : « les contrats d’apprentissage » ( qui ont pour public circonscrit les 16-25 ans ), et les « contrats de professionnalisation » ( qui peuvent certes viser aussi les 16-25 ans, mais qui ont normalement pour cibles privilégiées les plus de 25 ans ). En mars 2009 ( sur proposition notamment de Martin Hirsch, alors Haut Commissaire à la Jeunesse ) , le président de la République Nicolas Sarkozy avait déjà annoncé qu’il convenait de doubler le nombre des « contrats d’alternance » (les « contrats de professionnalisation » s’élevant alors à 180000, et les « contrats d’apprentissage » à 420000 ). La décision n° 23 apparaît donc comme fort différente de celle du rapport « Gallois » (si l’on comprend bien) puisqu’il s’agit en fait de passer d’environ 430000 apprentis (dont le nombre n’a guère progressé en réalité depuis l’annonce faite par Nicolas Sarkozy il y a trois ans) à 500 000 apprentis dans cinq ans, en 2017.
De 1990 à 2009 le nombre des apprentis a quasiment doublé. Mais l’évolution qui a eu lieu est très différente selon le niveau de qualification visé par l’ « apprentissage ». Le nombre des apprentis de niveau 5 a légèrement baissé durant ces vingt années, passant de 215 000 à 210 000. Le nombre des apprentis de niveau 4 est passé dans le même temps de 13 000 à 112 000, celui de niveau 3 de 1 300 à 60 000, et le nombre d’apprentis de niveau 2 ou 1 de 0 à 44 000.
S’agit-il, avec la décision n° 23, d’accompagner tout simplement (et dans toutes ses dimensions) le processus qui s’est accompli durant ces vingt dernières années ( en pressant légèrement le pas ) ? Où s’agit-il ( plus ou moins) d’autre chose ? En tout cas, on semble loin de la préconisation du rapport « Gallois » : doubler le nombre des effectifs en formations d’ « alternance », c’est à dire arriver à un effectif d’au moins 1million 200 000 en cinq ans , en 2017.
Claude Lelièvre
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