Les syndicats d’enseignants ont largement soutenu la candidature de B Obama et se félicitent de sa réélection. Défenseur de l’école publique, B. Obama est aussi le président qui veut chasser les « mauvais profs »…
« C’est la victoire de l’école publique et des élèves ». La formule est de Dennis Van Roekel, le président du NEA, un des deux grands syndicats d’enseignants du pays. Son organisation s’était largement mobilisée pour soutenir la candidature Obama. D. Van Roekel se félicite aussi de la défaite de plusieurs parlementaires républicains qui s’étaient illustrés dans la lutte antisyndicale. L’autre grand syndicat, l’AFT, est tout autant satisfait. Pour Randi Weingarten, son président, avec la victoire d’Obama les Américains ont choisi « un gouvernement qui joue un rôle essentiel » et qui considère « les investissement dans les écoles comme un fondement d’une nation démocratique ». C’est « la victoire du pouvoir du peuple sur le pouvoir de l’argent ».
Obama mérite-il ces hommages ?
Les deux premières années de son mandat ont été marquées par un effort important pour l’Ecole. Alors que la crise frappait durement le système éducatif, le nouveau président a sorti 100 milliards pour le refinancer, dont 50 milliards pour sauver 400 000 emplois d’enseignants. Il a aussi fortement augmenté les aides aux élèves des familles populaires.
Mais le défenseur de l’Ecole publique est aussi le partisan des « charters schools » , ces écoles publiques qui disposent d’une large autonomie par rapport aux programmes officiels. Vivement encouragées, ces nouvelles structure sont peut-être aggravé les écarts entre les établissements particulièrement pour les jeunes des quartiers défavorisés.
Obama est aussi à l’origine du programme Race To The Top : un vaste programme fédéral d’évaluation des établissements et des enseignants pour détecter les enseignants « insuffisants » et les établissements qui n’atteignent pas les niveaux requis. Sous cette pression idéologique, dans de nombreux districts scolaires les autorités locales ont remis en question les droits syndicaux des enseignants et leur rémunération.
Et Romney ?
Si Obama est le partisan d’un pilotage par l’évaluation que l’on n’accepterait pas en France, M. Romney voulait « défédéraliser » l’éducation. Il souhaitait diminuer fortement le budget du ministère fédéral de l’Education qui, aux Etats-Unis, n’est pas l’employeur des enseignants mais intervient par ses subventions auprès des autorités éducatives locales. Il souhaitait aussi élargir le libre choix des parents et développer le chèque éducation, un système qui ghettoise rapidement les écoles des enfants des milieux populaires.
Et maintenant ?
Obama a fait peu de promesses précises sur l’avenir de l’éducation. Depuis 2010 il doit composer avec une opposition majoritaire à la Chambre des Représentants. Il va très rapidement se trouver face à une exigence des Républicains. Ils ont adopté une baisse drastique du budget des dépenses fédérales qui concerne l’éducation à partir du 2 janvier 2013. La fête va être courte…
Qui sont les électeurs d’Obama ?
Les premiers sondages sortis des urnes publiés par le New York Times et CNN montrent que le vote Obama est un vote des grandes agglomérations et des villes moyennes. La grande majorité du territoire se retrouve chez Romney. Le président Obama a fait un bon score chez les minorités ethniques (il est par contre minoritaire chez les « Blancs »), les jeunes adultes, les célibataires, les gays et les revenus inférieurs à 50 000 $.
François Jarraud
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