Par Frédérique Yvetot
Depuis 2000, le nombre de BD vendues en France ne cesse d’augmenter et l’offre de se diversifier. La «lecture de bandes dessinées est désormais une pratique bien implantée dans l’hexagone ». Une étude sur la lecture de BD en France, publiée par le département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) en collaboration avec la Bibliothèque publique d’information (BPI) permet d’en savoir plus sur les pratiques culturelles des Français en matière de bandes dessinées (taux de pénétration, caractéristiques de lecture propre à cette pratique) et sur les caractéristiques de son lectorat (profil des lecteurs).
La bande dessinée, vaste territoire, est un secteur qui bouge. L’arrivée des mangas puis des romans graphiques, le développement de la bande dessinée numérique ou le nombre de magazine de bandes dessinées reflètent bien la diversité de l’offre de ce secteur. Cette offre BD est aussi élargie grâce à l’existence de nombreux magazine de bande dessinées.
Diversité de l’offre
C’est simple, la BD, il y en a pour tous les goûts : BD franco/belge et européenne, comics et BD américaine, mangas et BD asiatique, romans graphiques et BD alternative. Il y en a aussi pour tous les âges : collège, lycée, classes préparatoires, BTS, etc…, personne n’est oublié. Et il y en a aussi pour les filles et/ou pour les garçons. A ce propos, l’étude montre que la lecture de BD est une pratique essentiellement masculine. Les femmes, lectrices actuelles de BD, sont presque deux fois moins nombreuses que les hommes, et cette différence selon le sexe est observable dès l’âge de 11 ans. De même, non seulement les filles lisent moins de BD mais leur rythme de lecture est aussi plus irrégulier. Prenons donc un soin tout particulier à proposer des bandes dessinées susceptibles de plaire à ces demoiselles : développons un fonds fille !
Dès lors que l’offre est conséquente et variée, il devient plus difficile de choisir. Comme pour l’achat de romans ou de livres documentaires, il faut prospecter, enquêter, s’intéresser, lire des critiques, se tenir au courant des prix décernés aux albums et bien sûr écouter les suggestions d’achat de nos élèves.
Développer un fonds BD
Car il faut bien en acheter des BD ! Considérée comme une lecture détente par beaucoup des lecteurs interrogés (92%), elle est aussi de plus en plus perçue comme un art à part entière par une majorité d’entre eux (78%). Elle leur permet de s’ouvrir à d’autres type de lectures, de se cultiver et incite à s’intéresser à d’autres formes d’art. C’est peut-être pour cette raison que 45% des parents interrogés conseillent à leur enfants de lire des BD, leur en achètent, vont à la bibliothèque avec eux… les parents savent bien ce qui est bon pour leurs progénitures, nous savons, nous aussi, ce qui est bon pour nos élèves. Alors continuons à développer les fonds BD des CDI pour favoriser ces moments de détente mais aussi pour viser cette ouverture culturelle (vers d’autres formes d’art, de lecture). Les adaptations BD de romans ou nouvelles représentent par exemple un bon moyen d’emmener les élèves vers les textes originaux.
La lecture de BD dans la jeunesse favorise la lecture de BD à l’âge adulte. C’est une pratique massivement juvénile (90% des 11-14 déclarent avoir lu des BD dans l’année) mais qui est abandonnée assez tôt (50% des 15-17). Quelles sont les raisons de cet abandon ? La perte d’intérêt pour ce type de lecture (41%) et notamment pour les 15-17 ans dont 56% d’entre eux perdent le goût, le manque de temps (40%), la préférence pour d’autres types de lectures ou d’autres activités (35%). La bande dessinée n’est plus considérée comme un genre mineur, elle a fait sa place et véhicule une image positive. Mais dans l’ensemble, la lecture de BD n’est pas une pratique régulière, elle serait plutôt occasionnelle (particulièrement prisée pendant les vacances par exemple). De plus, plutôt que d’acheter des BD, les jeunes privilégient l’emprunt de BD, notamment en se rendant dans une bibliothèque : 62% en lisent sur place, 61% en empruntent. Au CDI, la lecture de BD est une activité plutôt fréquente, les élèves lisent bien souvent sur place. Il peut être interéssant d’autoriser le prêt des BD aux élèves pour leur permettre de développer une pratique de lecture plus régulière… même s’il est parfois très difficile de récuper les livres à temps ou même si cela risque de vider les bacs à BD.
Utiliser la BD…
Il ne suffit pas de mettre des BD à disposition pour susciter la curiosité des élèves. L’étude montre que la relecture des bandes dessinées est très courante (plus de la moitié des personnes qui en possèdent les relisent fréquemment). Comment faire pour que nos élèves en découvrent de nouvelles et comment les aider à choisir leur lecture ?
Quel que soit l’âge, la BD traditionnelle (BD fanco/belge et européenne) est le type de BD le plus souvent lu (83% des lecteurs en ont lu au moins une). Viennent ensuite les journaux de bandes dessinées (52%), les comics et autres BD américaines -48%), les mangas et autres BD asiatiques (38%) et enfin les romans graphiques (27%). Les mangas sont plutôt lus par les 11-17 ans tandis que les romans graphiques retiennent plutôt l’attention des jeunes adultes. Pour diversifier notre offre et pour que nos élèves découvrent de nouveaux albums, il nous faut peut-être diversifier les différents types de BD.
Pour les choix de lecture, l’étude montre que le critère fictionnel (l’histoire) passe avant le critère pictural pour 66% des sondés. Les 15-17 ans accordent également beaucoup d’importance aux personnages principaux de la BD, c’est un critère de choix qui vient juste après l’histoire et avant la qualité graphique. Il faudrait peut-être permettre aux élèves d’élargir leurs critères de choix à davantage d’éléments, en travaillant par exemple sur les genres en bande dessinée (fantastique, policier…), sur les thèmes et même sur les auteurs.
Enfin, pour faire découvrir la BD ou des albums, il faut vendre le produit, le rendre attrayant, vanter son histoire, etc…, mais pas uniquement. Monter des projets BD, les utiliser en classe, leur donner toute leur importance, montrer que ce n’est pas seulement des livres pour la lecture plaisir, rencontrer des auteurs, faire un travail sur le rapport texte/image… tous les moyens sont bons pour ouvrir sur le monde de la BD et donner goût à ces ouvrages, pour entretenir et pérenniser la lecture d’albums BD et développer une pratique régulière et durable.
Sur le site du Ministère de la Culture et de la Communication
http://www.culturecommunication.gouv.fr[…]la-bande-dessinee-et-ses-lecteurs
Télécharger l’étude
http://www.culturecommunication.gouv.fr[…]file/CE-2012-2-site.pdf
Juin 2012