8 juin : première réunion du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) du ministère Peillon et première friction. L’affrontement ne se fait plus syndicats contre ministre. Ce sont les syndicats qui se toisent et prennent date à travers l’exemple des vacances de la Toussaint.
En 2012, les vacances de la Toussaint iront-elles du 27 octobre au 8 novembre ou du 27 au 11 novembre ? Ces deux jours de classe à supprimer ont focalisé le premier heurt entre organisations lors du CSE du 8 juin. Cette première réunion, ouverte par Vincent Peillon, a vu les membres échanger des déclarations avant de voter sur la modification du calendrier scolaire.
Prise de parole et premières armes
Chaque organisation a lu une déclaration qui, au delà du sentiment sur le nouveau gouvernement, fixe les objectifs de la prochaine loi d’orientation de l’école. Pour l’Unsa Education, Laurent Escure explique que « c’est bel et bien le cœur du logiciel de notre système qu’il faut changer ; pour qu’il passe du tri sélectif précoce à l’inclusion et de l’élitisme pseudo-républicain à la réussite de tous… Permettre à chacun de maîtriser, dans ce socle, les compétences attendues pour être un citoyen du XXIe siècle et pour préparer son insertion professionnelle, impose dans le parcours École-Collège de revoir les contenus, les méthodes ainsi que les outils d’évaluation. Les métiers et les rythmes devront être, eux aussi, remis à plat, au service du socle ». Le Sgen Cfdt défend lui aussi le socle commun. Même son de cloche à la Fcpe pour qui « refonder l’Ecole c’est transformer la pédagogie en classe » et particulièrement les rythmes scolaires. Pour le Se-Unsa, Christian Chevalier va un peu plus loin en évoquant « les esprits chagrins attachés à l’ordre ancien, immobile et rassurant ».
Quelques minutes avant le CSE, les syndicats Unsa, le Sgen, la Fep, avec la Ligue de l’enseignement, la Fcep et des mouvements pédagogiques ont rendu publique une déclaration commune demandant au ministre « d’engager au plus vite la concertation pour que l’Ecole tienne sa promesse démocratique ». Dénonçant le fait que le socle » a été transformé en un objet technocratique au service d’une évaluation de la « performance » du système et des élèves, centrée sur des « fondamentaux » réducteurs », le camp réformiste demande l’ouverture immédiate de chantiers sur la modification des contenus du socle, les programmes, le livret personnel de compétences « outil inadapté qui cristallise tous les mécontentements ».
La guerre de la Toussaint
Le 8 juin également Vincent Peillon s’exprime sur Europe 1 sur les rythmes scolaires. Il dénonce une année scolaire trop courte : « 144 jours de classe pour les enfants du primaire français, c’est une exception et ça leur coûte cher et ça nous coûte cher », déclare-t-il ce qui renvoie au débat sur la semaine de 5 jours. « Aujourd’hui, nous approchons du baccalauréat, un certain nombre de collégiens ou de lycéens qui sont dans ces centres d’examen vont se retrouver le 10 juin, le 15 juin, livrés à eux-mêmes. Lorsque les familles ont les moyens de leur offrir un certain nombre d’activités, tout va bien, quand ce n’est pas le cas, ça fait des jeunes qui ne sont pas pris en charge par la collectivité », ajoute-il ce qui semble poser la question des congés d’été. Le ministre remet donc la question des rythme scolaires en débat.
Le premier sujet d’affrontement sera donc le calendrier scolaire. La Fcpe a fait mettre à l’ordre du jour une motion demandant la modification des vacances de la Toussaint 2012. » Pour assurer aux élèves une première avancée sur les rythmes scolaires. Le CSE souhaite des rythmes réguliers et équilibrés tout au long de l’année avec une cadence 7 semaines d’école et 2 semaines de vacances. Le CSE se prononce pour une modification du calendrier scolaire 2012-2013 : « les vacances scolaire d’automne 2012 commenceront le samedi 27 / octobre après la classe pour se terminer le dimanche 11 novembre inclus ». Cette motion permet d’évaluer le poids des réformistes. Elle est adoptée par 33 voix pour contre 7.
Le Snes Fsu vote contre. Interrogé par le Café, Roland Hubert, co-secrétaire général du Snes, juge nécessaire l’appel à la refondation de l’Ecole. Et lui aussi attend des actes dès la rentrée. Mais pas les mêmes. « Les collègues demandent la neutralisation du LPC. On souhaite aussi un service allégé d’au moins un tiers pour les stagiaires, la remise en question de certains points de la réforme du lycée comme les 10 heures gérées par l’établissement ou l’accompagnement personnalisé. On souhaite le rétablissement de dédoublements précis pour les disciplines ». Le Snes reste opposé au socle commun qui « n’est pas une promesse démocratique ». Quand au congé de la Toussaint, « le Snes est favorable à ‘alternance 7+2 » mais estime qu’il faut traiter ce point avec l’ensemble de la question des rythmes scolaires.
Le prochain CSE aura lieu le 28 juin. Il devrait aborder des points plus importants et surtout Vincent Peillon devrait y participer plus longuement. Il pourrait être le lieu du premier affrontement sérieux entre deux camps qui semblent vouloir se constituer face au gouvernement.
François Jarraud
Prost : Pour une action énergique sur les rythmes scolaires