Par Béatrice Flammang
Fruit d’une longue méditation qui occupa les vingt dernières années de la vie de Léonard de Vinci, Sainte-Anne, célèbre dès sa conception, soulève encore bien des interrogations sur son commanditaire, son élaboration, son histoire ancienne. L’exposition organisée par Le Louvre fait le point sur le dossier passionnant de ce chef-d’oeuvre enfin restauré. Elle rassemble pour la première fois depuis la mort de l’artiste, l’ensemble des documents qui y sont liés. 135 oeuvres sont ainsi présentées permettant d’explorer le cheminement intellectuel et artistique du maître florentin, mais aussi de percevoir l’influence considérable de cette composition dans l’évolution des arts, du début du XVIème siècle au XXème siècle. A découvrir jusqu’ au 25 juin 2012.
L’exposition est construite en deux grandes sections. La première explore le travail de conception et d’exécution picturale de Léonard de Vinci. La seconde présente la restauration longue et délicate de ce chef-d’oeuvre et l’influence de cette composition à travers les siècles.
La lente et complexe genèse du tableau de la « Sainte Anne » est retracée par la réunion exceptionnelle de documents d’archive, esquisses de composition, manuscrits, dessins préparatoires, études de paysage et versions d’ateliers réalisées par ses élèves, montrant les différentes solutions formelles et iconographiques successivement envisagées par Léonard. Mais qui serait le commanditaire de ce tableau ? Le roi de France Louis XII en hommage à sa femme Anne de Bretagne ? Une institution florentine, Sainte Anne étant la patronne de la cité ? Une initiative du maître de réaliser une oeuvre sur le thème de « Sainte Anne trinitaire » très en vogue au XVIème siècle? Une lettre adressée à Isabelle d’Este et présentée dans l’exposition, mentionne l’existence de ce projet dès 1501, mais sans en préciser l’origine.
Les étapes du travail du peintre
L’exposition propose de suivre les principales étapes du travail de Léonard de Vinci en regroupant chronologiquement les oeuvres connues; esquisses du peintre et prototypes de ses dessins préparatoires copiés par ses assistants. Ces oeuvres expérimentales réalisées par d’exceptionnels collaborateurs montrent ce que l’artiste envisageait, corrigeait, abandonnait. Ses contemporains se passionnaient déjà pour ce tableau et défilaient dans l’atelier pour suivre les ébauches, raconte en 1550 Giorgio Vasari, le premier historien de l’art, dans sa « Vie de Léonard », ouvrage présenté au Louvre.
Trois grandes études de composition ont été imaginées par le maître pour aboutir au tableau final qu’il perfectionna jusqu’à sa mort en 1519 et laissa malgré tout inachevé. Le sommet de l’exposition est la confrontation historique entre le tableau restauré du Louvre et le « carton de Burlington House » de la Nationale Gallery. Ce grand dessin londonien, à l’échelle de la peinture et seul survivant des trois, est l’aboutissement de la première vision que Léonard de Vinci eut du sujet. Les personnages sont plus statiques. Le peintre a fondamentalement changé leur disposition et donné au paysage davantage d’importance. La « Sainte Anne » du Louvre, oeuvre préférée de l’artiste et dont il ne se sépara jamais, est un savant jeu de courbes et de diagonales, une cascade de sourires et d’émotions, » l’aboutissement des recherches scientifiques de Léonard sur l’expression, la perspective, la lumière, l’anatomie, la géologie » explique Vincent Delieuvin, commissaire de l’exposition. Ce « testament pictural » marque l’apothéose de la technique du sfumato inventée par le peintre.
Une restauration remarquable
Mais ce tableau sur bois de peuplier méritait une cure de jouvence. Quinze spécialistes internationaux se sont penchés à son chevet, et les techniques les plus sophistiquées ont été mobilisées pendant deux ans pour l’étudier et lui redonner vie. Les différents procédés utilisés sont présentés et commentés. Le tableau a recouvré l’éclat de ses couleurs, le raffinement des ombres et des lumières, la délicatesse des expressions. Une foule de détails devenus invisibles ont ressuscité: cimes des montagnes, cascades…Ont également été découvertes les empreintes du peintre lui-même! Pour créer la transparence, le maître frottait la peinture de ses doigts. Trois croquis au revers de la toile ont aussi été révélés.
Mais lors de cette délicate restauration, il est apparu également que quelques zones de cet ultime chef-d’oeuvre étaient pourtant restées inachevées. Ses dernières recherches conçues au Clos Luçé ne furent pas toutes transposées sur le panneau.
Une oeuvre patrimoniale
Le Louvre présente d’autres oeuvres du maître florentin , dont « La Vierge au rocher » et le « Saint Jean Baptiste », pour démontrer que la « Sainte Anne » est le véritable aboutissement des multiples et diverses recherches de l’artiste sur la nature et l’art. L’influence de cette composition fut considérable. Dès le XVIème siècle, Michel-Ange et le jeune Raphaël cherchèrent à rivaliser avec leur ainé. La « Sainte Anne » entra au musée du Louvre en 1797. Au milieu du XIXème siècle elle rejoignit les principaux chefs-d’oeuvre exposés au Salon carré. De nombreux artistes la copièrent lors de leur visite au musée. La fin de l’exposition présente les oeuvres les plus célèbres qu’elle inspira jusqu’au XXème siècle: études de Delacroix, Degas, Carpeaux, l’hommage d’Odilon Redon à Léonard de Vinci, « Le baiser » de Max Ernst. Sigmund Freud est également présent avec son célèbre texte sur Léonard de Vinci.
En sortant de l’exposition, on a le sentiment d’avoir découvert et compris l’un des plus beaux et des plus mystérieux tableaux du monde.
Des visites-conférence dans l’exposition et de nombreux films consacrés à Léonard de Vinci sont programmés par le musée.
En famille
Les jeunes de moins de 18 ans accèdent au musée gratuitement, de même que les enseignants titulaires du pass éducation.
Les visites scolaires
Elles doivent obligatoirement être réservées. Elles peuvent être autonomes ou avec un médiateur. L’équipe de la médiathèque peut aider à la préparation de la visite et apporter une aide documentaire personnalisée.
Les applications
Enrichissez votre visite de l’exposition : découvrez les chefs d’oeuvre de l’exposition à travers les commentaires de son commissaire. Vincent Delieuvin explique la conception du tableau et son influence, tant à l’époque de sa création qu’au XIXème et XXème siècles. Ce parcours commenté est disponible sur deux supports: l’ audioguide Louvre Nintendo 3DS, en location au musée et l’ application mobile sur iPhone et Android disponible sur l’ App Store .
Liens
Le site de l’exposition
http://www.louvre.fr/expositions/lultime-chef-doeuvre-[…]
Les visites en famille
La brochure enseignants
http://www.louvre.fr/enseignants
Les groupes scolaires
http://www.louvre.fr/groupes-et-scolaires
Les applications mobiles
http://www.louvre.fr/applications-mobiles
http://itunes.apple.com/fr/app/la-sainte-anne-lultime-chef/[…]
La vidéo en ligne sur la restauration
http://www.louvre.fr/media-en-ligne
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