Sur France Inter le 17 mai, Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale, a annoncé son intention de revenir à la semaine de 5 jours de classe au primaire en 2013. Heureusement loin. Parce que toute modification des rythmes scolaires a tellement de conséquences sur la société dans son ensemble que son prédécesseur avait décidé d’attendre… Mais V Peillon a des raisons bien à lui pour pousser ce dossier.
« Ce n’est pas le plus simple mais nous le ferons » déclare le tout nouveau ministre de l’éducation nationale le 17 mai sur France Inter. Il laissera aux collectivités locales la possibilité de choisir entre le samedi matin et le mercredi matin.
Vincent Peillon suit ainsi une recommandation du Comité de pilotage sur la réforme des rythmes scolaires réuni par Luc Chatel. Dans son rapport remis le 10 juillet 2011, le comité préconise 9 demi journées de cours par semaine avec un « bouclier scolaire » d’un maximum de 23 heures de cours par semaine. Ce rapport s’appuie sur les recommandations des chronobiologistes. Ils recommandent des journées moins chargées mais 5 journées de travail par semaine et des semaines mieux réparties, une alternance de 2 semaines de vacances toutes les 7 semaines travaillées.
Mais changer les rythmes scolaires est difficile. Tout changement impacte directement les budgets des collectivités locales qui sont déjà dans l’embarras. Augmenter d’une demi journée la semaine au primaire veut dire créer une journée de transports scolaires et d’entretien de l’école en plus. S’il faut généraliser l’accompagnement éducatif c’est aussi des heures à payer au personnel communal. Le ministre doit donc s’attendre à des résistances de ce coté. L’étude menée récemment à Issy-les-Mx par Georges Fotinos montre que le débat est très vif sur cette queston.
Toutes les variables n’ont pas été retenues par les rapporteurs. Focalisés sur les objectifs de santé, ils n’ont pas osé toucher aux paradigmes de départ. Car la position de la France est tout à fait spécifique en Europe. C’est le pays qui a le plus d’heures de cours par jour en Europe. On peut évidemment en déduire qu’il faut augmenter le nombre de jours de cours et pour cela à la fois la semaine d’école (passer à 9 demi-journées) et le nombre de semaines (38 au lieu de 36). Mais le comité pouvait aussi jouer sur le nombre d’heures. Avec 864 heures de cours au primaire, la France fait partie des pays européens qui ont le plus d’heures annuelles d’enseignement, avec l’Espagne (875), l’Italie (891) ou le Portugal (900). L’Europe protestante se satisfait avec moins : 798 en Angleterre, 564 en Allemagne, 569 en Finlande. Cette piste est écartée d’emblée alors que l’efficacité scolaire des temps français n’est pas démontrée.
Mais changer les rythmes scolaires semble incontournable. En effet ce changement est aussi l’occasion d’évoquer l’évolution du métier d’enseignant et la revalorisation salariale des enseignants. Repenser le nombre des heures de cours peut permettre de faciliter le travail en équipe des enseignants et donc l’exercice du métier par exemple en dédiant des heures au travail en équipe. C’est aussi un facteur d’évolution des rémunérations des enseignants. Si l’on augmente leur temps de travail il est légitime d’accorder une revalorisation salariale aux enseignants. On comprend alors que l’évolution de ce dossier est délicate, à moins que l’Etat consente un effort important.
Notes :
Modifier le srythmes scolaires
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2011/rentree2011_05.aspx
A Issy-les-Moulineaux, une enquête éclaire les non-dits et les ambiguïtés d’une réforme des rythmes scolaires
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/05/070512-issy.aspx