Par Eric Castanet
Les sections européennes sont en plein développement, de plus en plus ouvrent leurs portes. Venez découvrir le témoignage d’un professeur de DNL.
Vincent Lesieux, professeur de Physique Chimie de lycée dans l’académie de Lille a accepté de partager avec nous son expérience en DNL.
Pouvez-vous nous présenter l’établissement dans lequel vous enseignez ?
Je travaille au lycée Angellier de Dunkerque. Il s’agit d’un lycée général et technologique. Nous avons la chance d’y accueillir un public calme et attachant. Les conditions sont tout à fait propices au travail. Je dispose de plus d’un T.B.I qui est un outil parfaitement adapté à l’enseignement en DNL.
Comment dans votre carrière en êtes-vous arrivé à enseigner la Physique Chimie en anglais en section européenne ?
J’ai d’abord eu l’espoir d’enseigner en classe préparatoire ; je n’ai pas réussi malgré un remplacement de longue durée qui pouvait me faire espérer que je me rapprochais du but. Je garde néanmoins un attachement pour cet enseignement et je continue à donner des colles pour entretenir mes connaissances.
Au début de ma carrière, alors à Douai il y a maintenant 12 ans, les sections européennes venaient d’émerger, le proviseur de mon lycée recherchait une personne volontaire pour mettre en place une section européenne ; j’ai accepté de le suivre dans ce projet et j’ai obtenu l’habilitation.
Par la suite, j’ai suivi mon épouse pour une mutation sur Dunkerque. J’ai appris que le poste de DNL physique anglais allait se libérer au lycée Angellier suite au départ à la retraite d’un collègue; étant à la recherche d’un investissement fort, je me suis lancé dans cette aventure.
D’où vous vient cet intérêt pour la langue Anglaise ?
Je dois avouer qu’initialement la langue Anglaise était liée pour moi à la musique pop rock qui a joué un rôle important pour moi. J’ai vite réalisé qu’une bonne compréhension de la langue Anglaise offrait une ouverture culturelle considérable.
Qu’est ce qu’une section européenne ?
Une section européenne permet à mes yeux un approfondissement de la langue qui devient un véritable outil au service d’une communication intelligente et nuancée.
Comment s’effectue le recrutement des élèves de ces sections ?
Les élèves ayant suivi une section européenne au collège sont prioritaires ; des tests en début d’année permettent également à d’autres élèves d’intégrer la section européenne.
Et les professeurs qui y enseignent comment sont-ils choisis ?
Les professeurs doivent avoir la certification complémentaire en langue.
De combien de temps disposez-vous avec les élèves chaque semaine ?
Les élèves de seconde ont 1 h par semaine de DNL Sciences Physiques et 1h par semaine de DNL Histoire Géo ainsi qu’une 1 h de consolidation en Anglais ; ils ont 2h de DNL Physique en première S et en terminale S, et toujours 1 h de consolidation en Anglais.
Travaillez-vous en collaboration avec les enseignants d’Anglais ?
Hormis pour les voyages où je collabore pour l’exploitation scientifique, je travaille malheureusement un peu seul, il me semble que mes collègues d’anglais sont déjà bien occupés et nous n’avons pas de temps commun consacré à une éventuelle collaboration; j’échange néanmoins avec l’assistante anglaise qui vient me voir une fois par semaine et me corrige volontiers lorsque j’ai un doute.
Avez-vous des objectifs pédagogiques bien précis, et comment évoluent-ils en fonction des niveaux seconde, première puis terminale ?
En classe de seconde, l’objectif pédagogique est d’apporter un éclairage nouveau voire différent des sciences physiques ; il s’agit de faire vivre les sciences et les ancrer dans un cadre moins scolaire où la langue anglaise peut prendre naturellement sa place.
En classe de première, j’essaye de suivre la progression du tronc commun ; les notions sont plus élaborées et présentées à travers des activités diverses : étude de documents, exploitation de vidéos, mise en place de travaux pratiques.
En classe de terminale, l’accent est mis sur l’objectif du bac ; il s’agit essentiellement de reformuler les connaissances acquises en tronc commun et de les élargir en vue d’appréhender l’épreuve orale.
Existe-t-il un programme de physique chimie spécifique aux sections européennes, ou avez-vous toute liberté pour ce qui est du contenu ?
Il n’y a pas de programme spécifique hormis pour l’année de terminale où les axes d’étude sont parfaitement définis pour harmoniser l’épreuve du baccalauréat.
Quelles différences existe-il dans vos pratiques pédagogiques par rapport à des sections normales ?
Le fait d’avoir une liberté pédagogique est un plaisir réel ; cela permet de s’investir sur des sujets qui ont retenu notre attention et sur lesquelles on a réellement envie de consacrer des efforts. C’est ainsi qu’après avoir écouté un postcast intéressant de la BBC sur ce nouveau matériau qu’est le graphène, j’ai voulu partager mon intérêt avec mes élèves de seconde. Cela réclame néanmoins un fort investissement pour les préparations car il s’agit de produire beaucoup par soi-même.
Quelle forme prend l’évaluation de ces élèves au Baccalauréat ?
Les élèves ont 20 minutes de préparation puis 20 minutes d’entretien ; au cours des 10 premières minutes l’élève expose ses réponses aux questions du document (celui-ci est accompagné de plus en plus par une vidéo) puis pendant les 10 autres minutes l’élève répond aux questions que lui pose le jury constitué d’un professeur de DNL Sciences Physiques et d’un professeur d’Anglais.
Où trouvez-vous les documents que vous utilisez avec vos élèves ?
Les sources sont multiples : livres (Feynman, Hawking…), revues (The New Scientist…), podcasts (BBC Discovery..), vidéos sur iTunes U (MIT…), internet est évidemment une source rapide et abondante d’informations, ne serait-ce que pour les dictionnaires en ligne (Macmillan, Linguee…).
La règle est de ne jamais cesser de se documenter et de rester toujours à l’affût.
Votre site Web est, à ma connaissance, le seul à proposer une telle quantité et diversité de documents pour la DNL, bravo. Qu’est ce qui a motivé votre démarche ?
Mon site web est un peu pour moi comme un jardin (ma femme préférerait néanmoins que je m’occupe davantage des fleurs de son vrai jardin !) ; j’essaye de l’entretenir et de l’alimenter, c’est une habitude maintenant de mettre mon travail en ligne ; j’aime l’idée d’écrire et de revenir sur mes écrits pour les améliorer en espérant au final réaliser un travail intéressant.
Est ce que vous travaillez ou échangez avec d’autres enseignants de Physique Chimie de section européenne ?
Malheureusement j’ai eu peu de contact avec d’autres collègues de section européenne mais je suis ouvert à l’échange. J’ai eu la chance une année d’avoir une stagiaire en DNL ; l’échange d’idées était intéressant.
Avez-vous une idée du nombre de collègue de physique chimie qui comme vous enseignent en France dans ces sections ?
J’imagine une bonne vingtaine par académie.
Aimeriez-vous voir modifier certaines choses dans l’organisation de ces sections ?
Mon seul regret est la difficulté de mettre en place un partenariat avec un lycée en Angleterre. Le contact avec des élèves ou des collègues anglais serait une expérience enrichissante et vraiment efficace.
http://angellier-dk.etab.ac-lille.fr/
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