Par François Jarraud
Dans trois semaines ils seront à Londres. Ils affronteront les meilleurs professionnels mondiaux de leur métier. Vendredi 9 septembre, WorldSkills France présentait l’équipe de France des Olympiades des métiers. 44 jeunes sélectionnés parmi 6 800 candidats représentant des métiers très différents allant du bâtiment au graphisme web. Au final une vraie équipe solidaire porteuse de valeurs simples : le métier, le travail.
Où trouver des personnes assez modestes pour expliquer qu’elles sont en train de s’améliorer alors qu’elles sont championnes de France ? Pour expliquer qu’elles ne progressent qu’avec l’aide de leurs aînés ? C’est un point commun aux jeunes de l’équipe de France des Olympiades des métiers. Ils n’ont pas la grosse tête. Ils sont plus concentrés sur le chemin à faire que sur celui parcouru. Et ils savent ce qu’est la solidarité. Sélectionnés parmi près de 7 000 candidats à travers des sélections régionales, ils sont la fine fleur de leur profession. Du 5 au 8 octobre, ils affronteront à Londres les équipes des 57 autres pays participants. Tous les deux ans, les Olympiades des métiers opposent les meilleurs jeunes du monde entier dans une cinquantaine de métiers différents : industrie, alimentation, services, automobile, nouvelles technologies, bâtiment.
Audrey Weber, 24 ans, est une des rares filles de l’équipe de France qu’elle représente en « Manufacturing Team Challenge ». Après un BEP d’électrotechnique en lycée professionnel elle est entrée chez les Compagnons de France. Elle y trouve deux choses qu’elle n’a pas rencontrées à l’école. D’abord le Tour de France : partie d’Alsace elle est actuellement à Angers avant d’aller se perfectionner à Toulouse. Et puis la solidarité des Compagnons. « Je connaissais mal l’électronique. Un ingénieur électronicien, un compagnon lui aussi, m’aide à me perfectionner et je me suis améliorée ». La solidarité elle la partage avec les deux garçons de son équipe dont les compétences sont complémentaires des siennes. Leur principal adversaire à Londres est l’équipe coréenne. Mais il paraît que l’équipe de France leur réserve une surprise…
Nadim Raad, 21 ans, vient lui aussi des Pays de la Loire. Mais son parcours scolaire est très différent. « Je savais depuis longtemps que je voulais aller dans une école créative. Mais j’ai suivi les conseils de mes professeurs et de mes parents et j’ai fait un bac S ». Ce chemin de bon élève n’affecte pas ses relations avec les autres membres de l’équipe de France. Après le bac, Nadim est entré dans une école de Web graphisme à Nantes. « J’étais tellement heureux qu’ils m’aient pris ». Aujourd’hui en master il prépare son stage à New York et prépare la création de son entreprise. « Les Olympiades m’ont appris que je pouvais travailler dans l’urgence ». Il se prépare lui aussi avec un aîné. Ses principaux adversaires : les Suisses pour la partie design et les Chinois et les Indiens pour le développement.
Pour la présidente de Worldskills France, Marie-Thérèse Geffroy, les Olympiades sont une formidable occasion de mettre en valeur la voie professionnelle et les formations non scolaires. Elle s’en explique pour le Café.
44 candidats c’est moins qu’il y a deux ans ?
L’équipe de France ne pourra jamais dépasser les 50 métiers qui sont présent au mondial. Ce qui compte c’est le nombre de candidats qui ont essayé d’être présents au mondial. Il reste quelques métiers où nous ne sommes pas encore présents et où nous nous préparons à être présents. C’est le cas dans les nouvelles technologies pour quelques métiers très pointus. Il y a aussi des métiers qui disparaissent car ils sont moins soutenus et présents au niveau mondial. C’est le cas cette année pour la boulangerie par exemple. C’est dommage. Globalement on progresse et cela se voit aussi dans l’intérêt que portent les organisations professionnelles aux Olympiades.
Comment sélectionnez-vous les candidats ?
On organise des sélections ouvertes en donnant leur chance au plus grand nombre possible de jeunes. Le processus de sélection commence dès le lendemain des olympiades. Avec l’aide des conseils régionaux près de 6 800 candidats ont participé cette année aux sélections. Puis il y a la finale nationale, organisée cette année avec l’aide de la région Ile-de-France. Ils étaient plus de 700 candidats à participer. De tout ce beau rassemblement sont issus les 44. C’est vraiment ouvert comme mode de sélection.
Les candidats ont des parcours scolaires très différents. Qu’est-ce que cela apprend sur l’Ecole ?
Une chose importante : surtout ne gâchons pas tous les talents même s’ils ne sont pas scolaires. Quand vous voyez un jeune qui a un CAP obtenir une médaille d’or dans une finale nationale et aller au mondial où on n’est pas jugé sur le parchemin qu’on a en poche mais sur la production qu’on fournit, ça veut dire bien des choses. Du coup les Olympiades sont aussi un outil pour la réflexion sur les systèmes de formation dans notre pays.
Le bac pro est une bonne chose mais l‘apprentissage et l’alternance sont aussi d’excellentes choses. Parce que quand on apprend à faire on correspond mieux aux exigences de la production car on apprend un métier pour produire. On apprend aussi à participer a la vie d’une entreprise.
Quels sont vos objectifs pour ce mondial ?
Avoir le plus de médailles possibles. Mais cette année, il y a 57 pays concurrents contre seulement 20 il y a 15 ans. La concurrence est très acérée. Les Olympiades sont un extraordinaire outil de comparaison des compétences. Elles nous apprennent qu’il ne faut jamais rester chez soi mais qu’il faut être le meilleur dans l’absolu.
World Skills France
http://www.worldskills-france.org/index.php?lang=fr&rubr_id=10
Sur le Café :
Olympiades des métiers : quelle utilité ?
http://cafepedagogique.net/lemensuel/leleve/Pag[…]
En attendant le verdict
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/02/07[…]
Les espoirs des candidats
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/01[…]
Les Olympiades 2009