Par Frédérique Yvetot
Twitter en classe, on en parle beaucoup et sans doute parce que c’est un outil qui vaut le coup d’oeil en permettant de travailler l’écrit, la communication, comment circule l’information,… avec les élèves. Professionnellement, Twitter et bien d’autres services peuvent aussi être un outil de veille et de partage de liens en tous genres, sur tous les sujets. Mais a-t-on déjà parlé de ces sites comme outils d’information pour suivre l’actualité ? Et quelles seront les conséquences sur le travail de chacun ? Petit coup d’oeil sur ces outils qu’il ne faut pas ignorer.
L’actualité selon Twitter
Sur Inaglobal, au mois de février, est paru un article de Nikos Smyrnaios parlant de Twitter comme d’un super outil aux multiples fonctions. Selon Nikos Smyrnaios, Twitter est tout à la fois : réseau social, micro-blogging, recommandation et partage de liens, tchat, réseau professionnel. Ça en fait des fonctions pour un même service ! Et c’est bien cette diversité des usages, associée à une facilité d’utilisation, qui a fait de Twitter un outil indispensable pour bon nombre d’entre nous.
A l’origine, Twitter a été conçu pour permettre aux internautes de dire ce qu’ils faisaient… a priori, ça ne servait pas vraiment à grand chose, à part relier les individus (mais c’est déjà pas mal). Petit à petit, avec son développement et avec le nombre croissant d’utilisateurs, Twitter est devenu un outil pour communiquer, partager et veiller tous ensemble. Explications : On décide de “suivre” telle ou telle personne parce que l’on pense qu’elle publiera des “tweet” (courts messages de 140 caractères maximum) sur des sujets qui nous intéressent. Et si ses “tweet” sont vraiment importants à nos yeux, nous pourrons choisir de les “retweeter” pour les diffuser à notre tour… à ceux qui nous suivent. Et ainsi de suite. C’est comme cela que Twitter est devenu un réseau social permettant une veille collective. Mais Nikos Smyrnaios explique que Twitter est aussi devenu un réseau d’information. Il se passe des choses sur ce réseau et on en apprend beaucoup.
Pourquoi un tel changement ? Parce que les twitteurs et twitteuses se sont mis à couvrir l’actualité et à apporter des scoops… on a vu récemment comment l’actualité a été relayée sur Twitter (Tunisie, Egypte…). Parce qu’avec Twitter, tout est fait pour publier le plus facilement possible, avec ce qu’on a (téléphone, ordinateur, navigateur web ou pas, par le site Twitter ou non…). Et aussi parce que Twitter est simple, rapide (il suffit de “tweeter”), en temps réel où que ce soit dans le monde et est, pour l’instant, difficile (voire quasi impossible) à censurer ! Il n’y a aucune barrière à la diffusion puis à la propagation de l’information. Très fort !
Sur le site Inaglobal, l’article de Nikos Smyrnaios,
http://www.inaglobal.fr/numerique/article/twitter-un-reseau-d-information-social?print=1
Nouveaux outils, nouvelles pratiques
Mais que font les journalistes pendant que les utilisateurs de Twitter jouent aux passeurs d’informations ? S’appuyant sur deux études américaines, Nikos Smyrnaios explique que Twitter est de plus en plus utilisé par les journalistes dans leurs pratiques quotidiennes (recherche d’information, conception de contenu, contact avec des experts de tous poils, promotion de leur production…). Pour aller plus loin, un article d’Alice Antheaume, paru sur le blog W.I.P. (Work in progress), blog de l’école de journalisme de Sciences Po, énumère les huit tendances venues des Etats-Unis concernant les journalistes et les réseaux sociaux. Il semble que les journalistes se mettent aux réseaux sociaux (et principalement Facebook et Twitter) pour y réunir les informations dont ils ont besoin mais aussi pour créer leur propre réseau. Parallèlement à cela, les réseaux sociaux commencent à se faire une place en tant que fournisseurs d’audience. Certes ils ne dépassent pas les moteurs de recherche comme Google, mais ils apportent tout de même de plus en plus de trafic aux sites d’informations. Cela pourrait bien modifier la façon des journalistes de produire de l’information : les types de contenus les plus relayés sur les réseaux sociaux pourraient prendre une plus grande place sur les sites d’informations. L’information sera créée en fonction de l’outil qui permettra sa diffusion ? Et plus elle sera attrayante, provocante, remplie d’émotion,…, plus elle aura de chance d’être relayée à l’infini sur Twitter et compagnie ? C’est bien ce qui semble se définir à l’horizon si l’on en croit ce qu’écrit Alice Antheaume. Aux Etats-Unis, les développeurs et les journalistes travaillent de plus en plus ensemble sur des projets, la technique au service des contenus et inversement… la presse est en mouvement et pour l’instant, il est difficile de prévoir ce que cela donnera.
On sait donc qu’à l’avenir il faudra aborder Twitter avec les élèves, mais il faudra aussi se pencher sur les sites de curation tels que Scoop.it, Pearltrees, Paper.li et bien d’autres encore. La curation est l’activité de sélectionner, de collectionner, d’organiser et enfin de partager des liens (sites, pages, vidéos, photos…) sur de belles pages web facile à créer. Le curator (!) organise le web pour nous, en triant les informations lui même et en les mettant en scène. Tout comme avec Twitter, il ne faudrait pas que les élèves s’en contentent, ils devront savoir qu’il y a d’autres sites au delà de ses outils et que derrière cette sélection, il y a un être humain qui vise ses propres objectifs en « curationnant ». Ne se fier qu’à Twitter et ces sites de curation sans aller plus loin n’est pas suffisant, ils ne représentent qu’une étape dans l’acte de s’informer. Voilà notre travail : veiller à ce que nos élèves acquièrent des pratiques médiatiques dignes de ce nom et qu’ils comprennent les schémas de circulation de l’information, qu’ils ne se cantonnent pas à ces outils et qu’il s’informent aussi ailleurs, plutôt que de passer par des intermédiaires. Enfin, il ne faut pas oublier que les sites de curation ne sont que les arbres qui cachent la forê du Web, consulter de tels sites ne doit pas dispenser les élèves de faire leurs propres recherches.
Sur le blog W.I.P., l’article d’Alice Antheaume
http://blog.slate.fr/labo-journalisme-sciences-po/2011/03/10/les-8-tendances-venues-des-etats-unis