Par François Jarraud
Pour les enseignants en manque, une bonne nouvelle : il y a encore de « bons élèves ». Et il y a encore des distributions de prix. Mardi 8 février, Luc Chatel et Emmanuel Rodocanachi, président de l’Académie des sports, remettaient le « prix national de l’éducation » à deux jeunes élèves de première S. C’est l’occasion de poser la question du cuisinier : quels ingrédients pour réussir un bon élève ?
Qu’est-ce qu’un bon élève ? Créé en 1987, le prix national de l’éducation récompense chaque année deux élèves, choisis par l’Académie des sports et la Dgesco (direction de l’enseignement scolaire du ministère). Le prix est remis à des candidats choisis parmi des lauréats académiques. Il est ouvert aux élèves des lycées généraux et technologiques de première et aux lycéens de L.P. de première, terminale BEP ou deuxième année de CAP. Les candidats doivent être remarquables pour leurs bons résultats scolaires mais aussi leur valeur sportive et leur implication dans la vie de l’établissement ou dans la société. Les titulaires du prix national de l’éducation frisent la perfection : la tête et les jambes, la bonne camaraderie en plus.
Portraits. Marie Bouchard, élève au lycée Kerraoul de Paimpol (22) en est un parfait exemple. Elle a près de 17 de moyenne générale en première S, est vice-championne de France d’athlétisme et s’investit dans des activités solidaires : organisation d’un concert pour Haïti dans son lycée (elle est aussi violoniste !), travail bénévole dans une école maternelle en Allemagne. Le palmarès de l’autre lauréate est également remarquable. Excellente élève de première S au lycée du Forez à Feurs (43), Amandine Thomas participe à des compétitions de crawl et anime la MJC de sa ville. En recevant leur prix l’une et l’autre remercient leurs professeurs et aussi « les copines » et les parents.
Un prix ringard ? Luc Chatel est venu remettre les prix en compagnie d’Emmanuel Rodocanachi et de Nikola Karabatic, champion du monde de handball. Le ministre nous a confié « qu’il est important de reconnaître l’excellence, l’investissement sportif et l’effort au service des autres ». Pour lui la remise de prix, « ce n’est surtout pas ringard ». Il croit dans l’importance de l’exemplarité. « Je crois à l’engagement dans l’école par le sport… L’école a besoin de modèles ». Le seul hic c’est peut-être l’absence de parité. Dans un prix qui a une dimension sportive affirmée, on ne compte que 11 garçons parmi les 28 finalistes académiques. Pour le prix national le podium est strictement féminin.
Les ingrédients de la recette. Le lycée Kerraoul est un petit établissement polyvalent d’environ 600 élèves. Et c’est à Maryse Colinet, proviseure du lycée Kerraoul de Paimpol, que nous demandons de nous expliquer comment il peut façonner des élèves si remarquables. « C’est une jeune fille pleine de volonté », nous dit M. Colinet. « Elle pense toujours aux autres. Ce prix la met à l’honneur et elle le mérite ». Au-delà des qualités de Marie Bouchard, il y a quand même les spécificités du lycée. « Avoir ce prix, c’est possible partout », affirme modestement M. Colinet. « Mais il prouve la qualité et l’investissement des enseignants de Kerraoul. Mais il y a une particularité du lycée c’est qu’on y est plus solidaires qu’ailleurs. Cela tient probablement au fait que le lycée a une forte identité sanitaire et social. C’est une filière qui développe ce sentiment de solidarité ». Quelle belle façon de dire qu’il faut une école entière pour fabriquer des petits d’hommes.
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