C’est une nouvelle très intéressante publication de la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du MEN), qui dans la revue « Education & Formations » datée de décembre 2010 fait un « éclairage international » sur la carte scolaire, élément constitutif du paysage scolaire français depuis la scolarisation à 16 ans et la supression des classes du primaire supérieur, en 1963. (voir ici un exemple pour comprendre le fonctionnement de la carte scolaire en France)
Le document fait plusieurs études de cas brèves sur plusieurs pays européens, qui permettent de comprendre que ce qui est évident pour un Français peut être tout à fait inconnu pour un Belge, et inversement. La place des parents dans les conseils d’administration, notamment, et les pouvoirs de décision qui leur incombent, sont tout à fait étrangers à la culture française.
L’auteure, Nadine Dalsheimer-Van Der Tol, regarde donc avec circonspection les promesses de lendemain qui chantent faites par le gouvernement français avec sa perspective de de plus grande justice sociale grâce à l’ouvertre de la carte scolaire.Comme le dit l’article, le cas de l’Angleterre est intéressant dans la mesure où « l’introduction de la liberté complète de choix des familles dans les années 80 devait entraîner une diversification de l’offre en fonction de la diversité des origines sociales des élèves. L’effet attendu, selon plusieurs études, n’est pas intervenu : les établissements cher- chent moins à se diversifier qu’à calquer leur fonctionnement sur le modèle unidimensionnel d’excellence académique des établissements les plus réputés, ce qui fait que le libre choix se traduit moins par une différenciation que par une hiérarchisation de l’offre ».
Plus généralement, dans les pays où la concurrence est forte, « les établissements scolaires sont pris dans une « régulation de marché » qui semble échapper à la maîtrise des politiques et peser sur les inégalités sociales et scolaires. ». Là encore, les conclusions de l’enquête DARES de Ch. Ben Ayed se confirment.En conclusion, la note semble rester plus que dubitative sur la chance que la France puisse ne pas tomber dans les difficultés rencontrées par les différents pays étrangers qui ont ouvert largement la possibilité de choix aux familles, elle va même jusqu’à citer les chercheurs les plus opposés à l’ouverture du « quasi-marché scolaire » : « La liberté de choix et la sélection précoce expliquent deux tiers de la variance entre les pays en matière d’équité scolaire » explique le rapport qui conclut que sans une politique urbaine volontariste accompagnée de redécoupages sectoriels visant à réduire les effets-ghettos dans les établissements, la politique de libéralisation de la carte scolaire menée par la France risque « de demeurer un défi ». Vivent les litotes de la DEPP.
A noter que la bibliographie fait place à seulement trois références jugées dignes de citation : l’ovrage d’Agnès Van Zanten Agnès et Jean-Pierre Obin , celui de Marco Oberti et le dossier d’actualité n° 32 de janvier 2008 de la VST de feu l’INRP http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/32_janvier2008.htm
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http://www.education.gouv.fr/cid54771/la-carte-scolaire-eclairage-international.html