Par Françoise Solliec
Pendant 3 jours, le Hall des expositions s’est transformé en « vitrine des métiers ». Les travaux des finalistes ont pris corps et chacun a pu les admirer. Rejoignez-nous pour une petite promenade autour des espaces réservés aux finalistes, agrémentée des commentaires des jurés et des experts.
Espace carrelage, 21 finalistes dont 2 filles
Les finalistes ont à exécuter 3 épreuves imposées, explique l’un des jurés. Ils doivent réaliser un carrelage mural comportant le mot London selon un plan précis, et un autre avec un coq français. Le dernier est un carrelage au sol. Les sujets n’ont été révélés qu’au début de la compétition.
Les critères d’évaluation portent sur la rapidité de réalisation, la qualité des coupes, la netteté de l’alignement et la régularité de l’espacement (joint de mm). Les candidats ont été entraînés à différente techniques de préparation, notamment au CFA du Hocquerre (77), ainsi que dans les entreprises d’apprentissage.
Pour donner aux finalistes, principalement des stagiaires en BP, une idée de leur situation, un classement est fait tous les jours, affichant les 5 premiers, sans donner de place. La réussite aux Olympiades se monnaie bien et 2 anciens lauréats font ici partie du jury.
Espace Manufacturing Team Challenge, 5 trinômes
Connaissiez-vous cette spécialité du pôle industrie ? Il s’agit de faire réaliser sur place l’intégralité d’un projet, ici une pocket bike, qui sera ensuite jugé entre autres sur le fonctionnement de l’objet résultant. Les finalistes ont un niveau de formation très varié, allant du bac pro à la formation d’ingénieur. Ils doivent avoir des notions de design, d’électrotechnique, d’automatismes industriels, etc.
La réalisation doit être documentée, avec une présentation communication, et tout le dossier technique (pans, instructions pour le montage et l’assemblage, chiffrement des coûts, etc.)
Les équipes de finalistes ont choisi certaines pièces, telles le moteur, et usinent les autres à partir de modèles en CAO. Tous les systèmes de branchement sont imposés.
Après les tests de la mobylette, samedi matin, les finalistes devront encore s’affronter à une épreuve surprise, passer de la modélisation d’une pièce à sa réalisation, grâce à une machine à commande numérique.
Espace Web design, 6 finalistes dont 1 handicapé
Il s’agit là de réaliser une partie de site de vente en ligne pour une entreprise de décoration intérieure. Le résultat doit être opérationnel et doit pouvoir être complété pour fournir un véritable produit de vente en ligne. Le sujet a été découvert en début de compétition mais le cahier des charges et le référentiel de compétences ont été fournis bien avant.
Les réalisations vont être évaluée sur la méthodologie générale adoptée, la technicité, la qualité du graphisme, la fidélité au cahier des charges. Les critères plus subjectifs (esthétisme, choix des couleurs, des caractères, etc.) feront l’objet d’une discussion entre les jurés.
Bien que le web design fasse partie depuis longtemps des métiers présentés aux Olympiades, il n’y a pas encore beaucoup de formations susceptibles de présenter des jeunes à cette compétition. Les finalistes (ici Bac+2 ou +3) doivent maîtriser également les techniques de la programmation informatique et être très vigilants sur la notion d’accessibilité de leur site et le respect des normes internationales, tout en assurant un affichage rapide de leurs pages et en respectant la règle 3 clics.
Sommellerie, 10 finalistes dont 3 filles
Ce métier (trop typiquement français ?) n’est pas représenté dans les Olympiades nationales. Mais la reconnaissance des performances est bien présente puisque l’un des anciens lauréats a été récemment déclaré « meilleur sommelier de France ».
Les épreuves se composent de 18 ateliers, portant sur des boissons chaudes et froides. Les finalistes, de niveau très varié, CAP, Bac Pro, BP, BTS, mention complémentaire, doivent servir un vin blanc, un vin effervescent, décanter un vin rouge, savoir les coordonner avec la restauration. Ils doivent être capables de reconnaître différents fromages et de proposer des vins d’accompagnement. Ils doivent aussi bien connaître la législation en vigueur et savoir quelles boissons servir selon la licence de l’établissement.
Une des épreuves porte sur la reconnaissance de défauts d’un vin (acidité, bouchon, amertume) et la description d’un vin virtuel (qualités gustatives et olfactives). Une autre demande le rangement d’une cave en fonction des températures de service. Dans une autre encore, il faut commenter des appellations et définir le terroir. Les connaissances touristiques sont également testées : que proposer pour accompagner une visite de dégustation (lieu historique, monuments, personnages, spécialités gastronomiques, etc.) ?
Les finalistes sont évalués sur des critères objectifs (niveau de connaissances), mais aussi subjectifs (qualité de l’argumentation).
« On n’est pas ici dans des conditions idéales pour apprécier le service » déclare l’expert. « Il y a beaucoup de bruit autour de l’espace et la température est difficile à maîtriser, ce qui rend le réchauffage malaisé ».
Coiffure, 21 finalistes dont 2 garçons
Les finalistes subissent 8 épreuves, nous explique Pascale Soto, responsable pédagogique du CFA Ambroise Croisat, Paris, établissement support pour ces Olympiades. Ils doivent notamment réaliser une coupe créative, une coiffure cheveux long, une coupe homme, une permanente et une coiffure « avant-garde ».
L’établissement régional référent, tel le CFA Croisat, est chargé d’organiser les épreuves régionales et de mettre à disposition le matériel de compétition. Il convoque les jurys, prépare les grilles d’évaluation et veille à toute la logistique sur l’espace concours, avec le support des partenaires professionnels comme Eugène Perma ou Baumann. Puisque les finales nationales ont lieu à Paris, c’est le CFA Croisat qui est également support pour les épreuves nationales, en assistance au jury et en aide aux finalistes.
Les finalistes sont évalués sur des critères subjectifs (une moitié de la note) tels l’absence de teinture sur la peau pour la couleur, la régularité de la coupe et des critères subjectifs (esthétisme de la coiffure) déclare l’expert, Auriane Vial, médaille d’or à Séoul en 2001. Après 7 mois en Angleterre, elle a travaillé comme salariée pendant un an, puis a ouvert son propre salon. Très active dans la profession, elle anime des formations artistiques pour professionnels, préside l’association des anciens champions de France des Olympiades des métiers et reste très attachée à l’entraînement des finalistes coiffure.
Peinture décoration, 21 finalistes dont 12 filles
C’est une profession qui s’est féminisée depuis une dizaine d’année, se réjouissent les jurés de la spécialité.
La principale épreuve est la réalisation d’un panneau mural d’après un plan imposé, depuis la préparation du panneau par enduit jusqu’au positionnement des éléments sur le panneau. Certaines couleurs sont fournies, d’autres sont à préparer à l’aide d’un nuancier.
Les critères d’évaluation portent sur le respect des cotes, la netteté de l’exécution, sa rapidité, le rendu des nuances.
Le métier est en pleine évolution, le niveau des finalistes s’accroît au cours des compétitions, mais il faut encore former beaucoup de jeunes pour assurer la relève et répondre à la demande.
Plusieurs anciens finalistes ont été récompensés dans des compétitions diverses et ceux qui font ici partie du jury affirment qu’il s’est agi pour eux d’une expérience unique, tant sur le plan humain que professionnel. « On mûrit plus vite en passant ces épreuves, on réalise ce qui est nécessaire en termes de précision et de rapidité ». Ces concours sont aussi l’occasion pour les jurés de mesurer la performance des centres de formation, et d’échanger sur les évolutions. Dans l’ensemble, malgré leur niveau d’études varié, les candidats leur semblent très bien préparés et formés aux dernières techniques.