Texte et illustrations par Frédérique Yvetot
Un secteur plutôt combatif…
5165 livres de bande dessinée ont été publiés en 2010… ce secteur se porte bien et est même plutôt combatif.
L’association des critiques et journaliste de bande dessinée (ACBD) a publié le bilan 2010 de la BD sur le territoire francophone européen : « Le marché se tasse, la production s’accroît… ». La production de BD augmente (+5,46%), les traductions d’albums étrangers ainsi que les rééditions sont aussi en augmentation, certains albums se sont placés dans les meilleures ventes de livres (tous genres de livres confondus), les lieux de diffusion tels que les festivals, spectacles et expositions sont de plus en plus nombreux, les prépublications sont de plus en plus fréquentes dans les journaux et magazines et la création est très présente sur le Web (blog). Le secteur est fort !
Formidable ! Continuons donc à acheter de la BD ! Oui, mais dans ce marché, les « petits » peinent à trouver une place pour eux.
… qui ne profite pas à tous
Les « petits » éditeurs
60% de la production est réalisée par les 9 grands groupes d’éditeurs. Peu de place est donc laissée aux 290 autres éditeurs : éditeurs pas si petits que cela et au catalogue assez conséquent, petits éditeurs à peine connus ou structures alternatives. Dans une telle situation, quelle place est laissée aux expérimentations graphiques et narratives ? N’y a-t-il pas un risque de standardisation de la BD ? Ne va-t-il pas y avoir de plus en plus de titres calibrés pour prendre le moins de risque possible ? Il est évident que, par les temps qui courent, il vaut mieux se méfier !
Les « petits » auteurs
En 2010, 1446 auteurs de bande dessinée vivaient de leur métier, plus ou moins confortablement, sans forcément avoir sorti un album dans l’année. Certaines grandes pointures dans le domaine ne sortent une nouveauté que tous les 3 ou 4 ans… ils vivent surtout grâce à leurs anciens titres qui se vendent toujours. Dans l’année, 1689 auteurs de bande dessinée ont publié au moins un album… mais parmi ceux-ci, ils étaient au moins 243 à avoir un autre métier pour joindre les deux bouts. En fait, pour que la bande dessinée soit une principale source de revenus, l’auteur doit « avoir au moins 3 albums disponibles au catalogue d’éditeurs bien diffusés et un contrat en cours, un emploi régulier dans la presse ou l’illustration jeunesse, ou accepter divers travaux dans d’autres domaines : les places étant de plus en plus rares et mal rétribuées».
La vie est dure pour les « petits »…
Bilan 2010 de l’ACBD
http://www.acbd.fr/images/stories/ACBD_BILAN_2010.pdf