10 décembre 2010 : L’Éditorial de Francois Jarraud
On entend souvent dire qu’il n’y aurait aucun rapport entre les dépenses pour l’éducation et les résultats des systèmes éducatifs. C’est d’ailleurs un argument utilisé depuis 10 ans par le gouvernement pour réduire le budget de l’éducation. Ainsi depuis 1995, la dépense d’éducation de la France est passée de 7,6 à 6,6% du PIB , une chute tout à fait significative.
PISA apporte-il des éclairages sur cette question ? Le volume 1 montre le rapport entre les dépenses d’éducation et les scores obtenus par les états. On observe évidemment que les performances ne sont pas liées automatiquement aux résultats. Ainsi, sur la barre des 500 points, on trouve des états dépensant aussi bien 40 000 $ que 110 000.
Faut-il pour autant considérer qu’il n’y a pas de lien ? D’une part le graphique montre que la tendance lie bien, même si c’est médiocrement, dépense et performance. Un autre graphique montre lui nettement le lien entre les revenus des parents et la réussite scolaire. Il met ainsi en évidence l’absence de politique d’éducation prioritaire dans de nombreux pays ou la faiblesse de ce spolitiques. C’est le cas de la France par exemple. C’est aussi dans la mesure où les systèmes éducatifs prennent en charge ces politiques éducatives en direction des défavorisés que leur efficacité augmenterait.
La question de l’affectation des ressources se pose donc en termes différents selon le niveau atteint par les systèmes éducatifs et leurs objectifs. Si les gains éducatifs peuvent être faits à des coûts assez bas au pied de la pyramide, il faut plus d’effort financier quand on veut atteindre la réussite de tous. Les bons scores de l’OCDE se situent très majoritairement dans la partie droite du graphique, là où les dépenses sont importantes.
C’est ce que semble avoir compris l’Allemagne. Ce pays fait partie des états qui ont nettement progressé dans PISA 2009. C’est aussi un pays qui a énormément augmenté sa dépense éducative. Selon un accord conclu entre l’état allemand , les länder et les communes, les dépenses d’éducation doivent atteindre 10% du PIB en 2015. On en est pas encore là, mais l’Allemagne a augmenté de 4 milliards ses dépenses d’éducation en 2010. Elles sont passées de 87 milliards en 2007 à 102 en 2010. Un exemple dont pourrait s’inspirer la France où l’idéologie du désinvestissement financier commence à faire passer l’état de l’Ecole du « moins d’Etat » au « No Future »…