Par François Jarraud
Syndicats et acteurs de l’école réagissent au rapport du HCE. La plus surprenante est celle de l’Elysée qui salue le rapport mais l’enterre aussitôt…
Audacieux et ambitieux, le rapport du Haut Conseil de l’Education interpelle d’autant plus les acteurs de l’Ecole qu’il distribue critiques et satisfecit. Le Sgen Cfdt et le Se-Unsa s’appuient sur ce texte pour faire avancer leurs idées. Le Snes s’y oppose.
Ainsi le Se-Unsa, qui avait accueilli très positivement le rapport, revient sur cette publication dans un sens plus revendicatif. » Cette mutation du collège impose un revirement complet de la politique éducative de notre pays », écrit Christian CHevalier. « Cela passe par la remise sur pieds de la formation initiale et continue des enseignants, totalement inadaptée à une telle ambition. Cela implique l’arrêt du pilonnage budgétaire que subit le collège. Dans le projet de budget 2011, il paye le plus lourd tribut avec la majorité des 4 800 emplois supprimés, alors qu’il doit accueillir 35.000 élèves supplémentaires. »
Pour le Sgen-Cfdt, « s’il s’agit bien de faire réussir tous les élèves, alors, il faut mettre en place comme à l’école et au lycée, un accompagnement personnalisé au collège ». Le syndicat demande « sa généralisation à l’ensemble des collèges et simultanément par le développement du tutorat des collégiens ». Le Sgen appelle à en finir avec le brevet, « un obstacle important à la mise en œuvre du socle commun et une cause supplémentaire de l’échec scolaire ». IL appelle à un effort de formation des enseignants. « Si le socle commun de connaissances et de compétences tarde à devenir une réalité, c’est aussi parce que les personnels n’ont eu aucune formation sur l’évaluation par compétences et l’utilisation du livret de compétences du socle commun qui apparaît simplement comme un travail supplémentaire sans finalités affirmées ». Il demande à « former les enseignants à enseigner et à évaluer par compétences en multipliant les stages sur site (établissement) ; former les enseignants à l’accompagnement personnalisé et au tutorat de l’élève ».
Chatel renvoie la question aux présidentielles. C’est dans Le Monde que Luc Chatel a apporté sa réponse au rapport du HCE. « Nous n’allons pas faire une grande réforme du collège d’ici à 2012 », a déclaré le ministre. Il a annoncé de menus aménagements. « Dès la prochaine rentrée…, dans une partie des collèges (ceux des RAR, RRS et CLAIR), nous pouvons mettre en place dès la rentrée 2011, un accompagnement personnalisé, financé par les heures non affectées…En troisième, une initiation plus poussée à la formation professionnelle pourrait toucher, une journée par semaine ou tous les quinze jours, les élèves se destinant à ces filières ». C’est déjà penser à la reconstitution des filières bannie par le rapport…
L’accueil est encore plus mesuré à l’Elysée. « Des propositions faites par le HCE, le Président de la République retient plus particulièrement trois recommandations : celle d’une meilleure articulation de l’école primaire et du collège, en s’inspirant de ce qui est déjà pratiqué au sein des « réseaux ambitions réussite »; celle de la différenciation de l’approche pédagogique, dans l’esprit du « socle commun »…, à terme, il conviendrait de systématiser les groupes de compétences; celle d’une plus grande autonomie des établissements, pour permettre aux professeurs, localement, de s’adapter davantage aux spécificités de leur public ». L’Elysée demande au ministre de l’éducation nationale de réfléchir « à une certaine diversification de l’offre d’enseignement au collège, afin que chaque élève puisse y trouver sa place et réussir sa poursuite d’études et de formation », ce qui semble peu compatible avec le socle commun.
Le Snes rejette le rapport du HCE. » Le SNES combattra ce renoncement à construire la réussite de tous les élèves. » Dans un communiqué du 5 octobre, le Snes, critiqué par le HCE dans ce rapport, annonce son intention de s’opposer aux mesures préconisées. Le syndicat s’oppose prioritairement à la création de « l’école du socle commun » « Bien que reconnaissant que nombre d’élèves sortent de l’école primaire avec des lacunes importantes », écrit le Snes, « les rapporteurs n’hésitent pas à rendre l’organisation disciplinaire du collège responsable de l’échec scolaire afin de prôner une « primarisation » du collège… Le « cloisonnement disciplinaire » ayant été remis en cause au détour d’un bref paragraphe, le socle commun est présenté comme la seule solution pour « élever le niveau général » et permettre « enfin à l’ensemble d’une classe d’âge de s’appuyer sur des acquis communs et consolidés ». Le rapport reconnaît pourtant que le socle est en fait conçu pour tous les élèves qui n’auraient pas « les capacités d’aller au-delà », naturalisant ainsi les inégalités entre les élèves ! »
Communiqué
http://www.snes.edu/Rapport-du-HCE-sur-le-college-De.html
Communiqué Se unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?page=article-presse[…]
Communiqué Sgen
http://www.cfdt.fr/rewrite/article/29219/actualites/comm[…]
Article du Point
http://www.lepoint.fr/societe/luc-chatel-ecarte-une-grand[…]
Sur le site du Café
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