Par Gaëlle Schlegel, dessin Fred Yvetot
Le développement des bibliothèques numériques et les questions qu’il soulève dans le monde du livre ne doivent pas être écartés de la réflexion que nous menons sans cesse sur l’évolution de notre métier.
Google Livres et le futur des bibliothèques numériques, par Alain Jacquesson
Alain Jacquesson, directeur de la bibliothèque de Genève de 1993 à 2007, publie en mai 2010 Google Livres et le futur des bibliothèques numériques.
Après avoir rappelé dans les deux premiers chapitres la génèse du moteur de recherche Google, le parcours de ses créateurs Sergey M. Brin et Lawrence E. Page et le fonctionnement du moteur (PageRank, TrustRank, FreshRank et prise en compte des liens extérieurs), A. Jacquesson expose la mise en place du projet Google Livres. La firme de Mountain View (où est basé Google) a d’abord, dans le plus grand secret, pris contact avec des bibliothèques américaines afin de leur proposer la numérisation de tout ou partie de leurs fonds. Les négociations ont eu lieu, à partir de 2002, avec les bibliothèques de l’université du Michigan puis celles de Stanford, Harvard, Oxford et enfin la New York Public Library. Google contacte ensuite, à partir de 2004, les éditeurs. Pour chaque partenaires Google utilise les arguments qui font mouche : pour les bibliothèques la possibilité de mettre à disposition des usagers le maximum de ressources gratuitement en réduisant le coût de numérisation, pour les éditeurs d’augmenter les ventes de livres en améliorant la visibilité de leur production. Le 14 décembre 2004, Google lève le secret sur le projet Google Livres et annonce la numérisation de 6 à 15 millions d’ouvrages en quelques années. Google souligne la possibilité offerte aux utilisateurs du moteur de faire des recherches en plein texte sur ces millions d’ouvrages.
Les chapitres 6 et 7 sont consacrés au processus de numérisation des ouvrages (prise d’images numériques, transformation du mode image en mode texte grâce à l’utilisation d’un logiciel d’océrisation, l’organisation du travail de sélection et de préparation des ouvrages en bibliothèque) et aux fonctionnalités de recherche de Google Livres.
Les deux chapitres suivants retracent l’augmentation du nombre de participants au projet (aussi bien du côté des bibliothèques que des éditeurs) et l’alliance de Google et d’OCLC, catalogue collectif de nombreuses bibliothèques (encore majoritairement américaines même si, par exemple, la BnF y verse ses nouvelles notices depuis 2004).
Enfin A. Jacquesson, dans les trois derniers chapitres, fait le point sur les controverses (juridiques, commerciale et culturelle) du projet Google Livres et le futur des bibliothèques numériques dont Gallica et Europeana. Il souligne que Google Livres et ses 12 millions de volumes numérisés à l’heure actuelle ne connaît pas de concurrents et s’assure une position largement dominante dans le commerce de livre numérique. Le futur est dans l’organisation des données que peuvent offrir les bibliothèques. Le partenariat entre public et privé semble pour lui incontournable mais doit être posé sous condition de respect des droits d’auteur et de contrat également favorable aux deux parties.
En quoi le développement de bibliothèques numériques peut-il faire écho à nos préoccupations de documentalistes de collèges et lycées ?
On se représente aisément l’intérêt pour les élèves de pouvoir consulter de chez eux le catalogue du CDI. Cela est déjà possible grâce aux versions web des logiciels documentaires que nous utilisons. Mais est-il envisageable qu’ils puissent dans le futur consulter directement le fonds du CDI en ligne, voire le décharger sur leur ordinateur ? Cela soulève évidemment les questions de respect des droits d’auteur.
Peut-on imaginer que nous demanderons aux élèves de lire de chez eux un livre pour le cours de français ? Les établissements économiseraient ainsi l’achat de séries de livres. Ce serait mettre de côté les problèmes de lecture sur écran. Fait-on la même lecture du même texte en le lisant sur un écran ou sur papier ?
Le CDI doit-il acquérir des tablettes de lecture et des livres numériques ? La question du prêt de telles ressources n’est pas une question mineure. Est-il judicieux d’investir dans de tels équipements alors que le contenu serait disponible gratuitement sur la toile ?
Jacquesson, Alain. Google Livres et le futur des bibliothèques numériques, Editions du Cercle de la Librairie, coll. Bibliothèques, 2010. 36 €
Vers un diaporama d’Alain Jacquesson présentant Google Livres
http://library.web.cern.ch/library/ailis/pdf/2010-Google-AILIS.pdf
Présentation de l’ouvrage
http://editionsducercledelalibrairie.com/detail.asp?Search[…]
Café Pédagogique : le dossier sur livre numérique par Julie ANNE
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