Par Jeanne-Claire Fumet et François Jarraud
La publication d’un rapport de l’Inspection générale dresse le portrait d’une discipline aux abois.
Le Monde, sous la plume de Marc Dupuis, rend compte de la publication par l’Acireph, une association de professeurs de philosophie, d’un rapport resté confidentiel de l’Inspection générale sur « l’état de l’enseignement de la philosophie ».
Sous une avalanche de formules flatteuses, (« cet enseignement n’aura jamais été de meilleure qualité »), le rapport dresse le portrait terrible d’une discipline qui est en échec et en passe d’être reléguée. » L’enseignement philosophique se trouve ainsi à la croisée des chemins. Vraisemblablement il se perdra si, en son attachement à une imago de lui-même, il refuse de changer sa manière d’être, c’est-à-dire sa manière d’enseigner » conclue Jean-Louis Poirier.
L’Inspection établit que la notation au bac est sans rapport avec les efforts des élèves. « L’examen de la distribution des notes montre qu’une proportion excessive de candidats continue à se situer au dessous de la moyenne, par quoi il est clair que la philosophie, dont l’histogramme accuse un décalage sensible avec celui des autres disciplines, fonctionne à la façon d’une “discipline-couperet” : elle ne contribue guère à recevoir beaucoup de candidats, mais elle en fait refuser un nombre considérable… Au bout du compte la philosophie contribue à l’effondrement de la filière L.
JL Poirier ouvre en conclusion des perspectives d’avenir. L’enseignement de la philo » a aujourd’hui, maintenant que la plus grande partie des jeunes doit accéder au lycée, à relever le défi d’un tel élargissement, et il en est tout-à-fait capable. Quelles que soient les difficultés qui en ont résulté, l’extension aux séries technologiques, dans les années 80, allait dans ce sens, et c’est pour quoi il faut s’attacher plus que jamais à venir à bout des difficultés qui affectent l’enseignement de la philosophie dans cette voie. C’est pour les mêmes raisons, également, qu’il faut sans doute réussir aujourd’hui l’entrée en 1ère ».
Ce sont ces perspectives qui rapprochent l’Acireph de ce rapport. Pour l’Acireph, ce dernier « pratique le principe de double écriture », à vrai dire un art où excelle l’Inspection… »D’un coté il tient des propos suffisamment rassurants pour les acteurs, de l’autre il en pointe des difficultés. Pour l’Acireph, ce rapport « devrait obliger toutes les parties concernées à se prononcer sur le constat ».
En mars 2010, le Café avait interrogé Cécile Victorri, présidente de l’ACIREPH. Elle avait plaidé pour un renouveau de la philosophie. » Les difficultés auxquelles se heurtent aujourd’hui beaucoup d’enseignants ne sont pas le fruit du hasard. Lors de récentes journées d’études, nous avons travaillé par exemple sur le problème très déstabilisant de l’évaluation des copies, qui ne correspondent pas aux exigences académiques. A quoi rime d’évaluer des travaux d’élèves sur des modèles qu’ils ne peuvent pas réaliser ? Il y a un enjeu fondamental à réussir la démocratisation de notre enseignement, qui n’est pas accomplie. Il faut s’adapter à la population qui fait notre public, sans niveler les exigences, mais en reprenant les méthodes, les moyens de l’enseignement, de sorte que la réussite ne dépende pas de circonstances accidentelles (talent personnel du professeur ou de l’élève, milieu social ou culturel, etc.) plutôt que de conditions institutionnelles ». La publication des notes de philosophie au bac va probablement appuyer ces réflexions…
Article du MOnde
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/07/05/le-r[…]
Le rapport
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/doc[…]
Dans le Café
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/[…]
Le bulletin de mai d el’Acireph
http://www.acireph.org/Files/2010_05_bull_44.pdf
Rapport sur l’enseignement de la philosophie en lycée professionnel
http://www.education.gouv.fr/cid5101/l-enseignement-de-la-phi[…]