JP Gallerand – E Jourdan
L’INRP dans la tourmente
L’Institut National de Recherche Pédagogique deviendra dès le 1er janvier 2011 un institut interne de l’Ecole Normale Supérieur de Lyon. L’avenir du service d’histoire de l’enseignement reste incertain.
Les élus du personnel de l’INRP l’ont appris le 17 septembre. Le ministère de l’éducation nationale et celui de l’enseignement supérieur ont décidé d’intégrer l’INRP au sein de l’Ecole normale supérieure de Lyon à compter du 1er janvier 2011 « sans modification du décret statutaire de l’Ecole ». « Cette intégration devra aller de pair avec un projet scientifique ambitieux pour le développement de la recherche en sciences de l’éducation qui devra figurer en bonne place dans le futur contrat quadriennal à conclure avec le MESR » », selon le document ministériel. Cette décision fait suite à un audit mené cet été par l’AERES. Jacques Samarut, Président de l’ENS Lyon, et le directeur de l’INRP, Jacques Moret, sont chargé de désigner ensemble le chef de projet qui préparera l’intégration.
Pour le président du CA de l’INRP, « le statut envisagé pour l’INRP nouveau, c’est celui d’un institut interne de l’ENS Lyon, portant le nom d’INRP, avec une autonomie de gestion et intellectuelle au sein de l’ENS Lyon et une délégation de responsabilité à définir dans son champ de compétence nationale, mais placé sous l’autorité de la Présidence et de la direction de l’ENS Lyon. En tant qu’institut, il lui sera délégué la responsabilité d’assurer les missions fixées par le gouvernement pour l’INRP dans la lettre adressée au directeur en novembre 2009. Les ministres considèrent que le rapprochement entre l’INRP et l’ENS Lyon est une véritable opportunité de constituer un pôle fort dans le domaine des sciences de l’éducation et qui réponde aux attentes des deux ministères ».
Le Musée national de l’éducation de Rouen sera fixé sur son sort plus tard. Est envisagé, selon le président du CA, » qu’il intégre l’ENS Paris ou Lyon, ce qui signifierait son déménagement.
Les personnels de l’INRP se disent « sidérés et furieux devant la brutalité d’une décision tranchante qui ne tient compte ni des évaluations favorables ni des compétences individuelles et collectives, aussi douloureuse qu’incompréhensible face à leur engagement actuel dans la rénovation de leur institut ». Leur avenir, pour les personnels détachés du primaire et du secondaire n’est pas assuré. Ils demandent « la création d’un établissement ayant l’autonomie comptable, scientifique, contractuelle et la personnalité juridique et morale ».
Un appel international a été lancé par des chercheurs et acteurs de l’éducation pour que l’INRP garde les moyens de remplir ses missions. L’INRP est un acteur essentiel de la recherche pédagogique. Récemment il a mis en ligne une plate forme Internet pour la formation des enseignants stagiaires.
INRP : « Tout dépend du ministère »
Après l’annonce de l’intégration de l’INRP dans l’Ecole Normale Supérieure de Lyon le 17 septembre, et une première réunion avec l’ENS le 20 septembre, Annie Feyfant, responsable Sgen Cfdt de l’INRP annonce une action vers le ministère : pour le Sgen, l’avenir de l’INRP dépend de lui.
Soulagement. « C’est avec soulagement que j’ai appris l’intégration dans l’ENS », nous confie Annie Feyfant. « Après l’incertitude de ces derniers mois, on allait enfin pouvoir mener des actions concrètes pour défendre l’établissement. »
Inquiétude face à l’ENS. « L »ENS présente l’intégration comme un sauvetage de l’INRP. Mais je crains une totale incompréhension des missions de l’INRP. Celles-ci sont d’ailleurs dans le flou dans le projet qui nous est soumis. L’INRP n’est pas un laboratoire de recherche. L’ENS prendra sans doute les éléments qui l’intéressent dans l’INRP. Mais je doute que la mission de liaison avec le terrain, qui est une spécificité de l’INRP, l’intéresse. Cela va poser la question du maintien des emplois pour les personnels détachés de l’enseignement. Comment pourraient-ils être intégrés dans une structure de l’enseignement supérieur ? »
Le ministère a la clé. « Tout dépendra de la contractualisation avec le ministère de l’éducation nationale sur les missions de l’INRP. Depuis des années, le ministère ne demande pas grand-chose à l’INRP. Or c’est dans le cadre d’une contractualisation avec lui que la mission de liaison avec le terrain peut être confirmée et les personnels maintenus ». Une réunion avec la cellule de reprise est prévue le 27 septembre. Le Sgen n’exclut pas une montée à Paris.
L’INRP désintégrée au sein de l’ENS Lyon
Dernières informations :
Démission du Conseil scientifique (expresso du 24/09)
C’est une protestation très ferme que vient d’envoyer le Conseil scientifique de l’INRP aux ministres de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Le 22 septembre, 10 membres sur les 12 personnalités faisant partie du Conseil scientifique, ont démissionné. Ils protestent contre la nouvelle politique d’intégration à l’ENS qui est imposée à l’établissement. » Nous n’avons jamais été saisis de l’actuel scénario et nous n’avons donc pas été mis en mesure de le réfléchir et de l’influencer, la dernière séance en date des deux conseils n’ayant consisté qu’en une pure et simple information descendante, certes assortie d’échanges, mais sans aucune possibilité d’infléchir la décision ». Pour eux, « la décision brutale de l’ « insérer » ou de l’ « intégrer » sans personnalité juridique propre dans l’ENS-Lyon a de quoi choquer et inquiéter ».