Par Antoine Maurice
Nouveaux programmes du lycée : Une occasion ratée !?
Une fois de plus, voici le sentiment que l’on ressent à la lecture des nouveaux programmes du Lycée. Certes ces derniers placent l’élève sur un trajet de formation du collège au lycée, et il convient de souligner ici une évolution considérable. Toutefois les programmes entretiennent à nouveau le flou sur un grand nombre de sujets. Modestement, nous tenterons de soulever quelques interrogations pour permettre la discussion.
Tout d’abord, sans revenir sur l’extrême rapidité pour publier ces programmes, il convient de se poser la question de ce que, ces « nouveaux » programmes vont apporter à l’enseignement de l’éducation physique et sportive au lycée.
En effet, si on laisse de coté l’enseignement d’exploration, le nouveau texte peut se résumer en une refonte terminologique. La terminologie des programmes du collège étant transférée aux programmes du lycée. Là encore, nous en avions parlé au moment de la publication des programmes du collège : si l’accent est mis sur ces termes, c’est que ces derniers apportent une plus-value, une cohérence.
Là encore, on peut se poser certaines questions ! En ce qui concerne la pierre angulaire de la notion de compétence, le législateur nous propose trois définitions, à travers les compétences propres, les compétences méthodologiques et sociales, et les compétences attendues. Il sous-entend d’ailleurs qu’une compétence attendue « articule et intègre » des compétences !? On se trouve bien loin ici du concept de compétence. Et pourtant, les textes proposent une définition qui par la suite s’inscrit dans le concept actuel des compétences (voir à ce propos la rencontre avec Didier Delignières dans le mensuel n°100, repris dans la revue EPS n°338). Des réserves logiques peuvent alors émaner laissant penser que l’on a simplement habiller d’anciennes pratiques (voir à ce propos l’ouvrage de Didier Delignières « complexité et compétences » 2009).
Autre aspect, la « consultation » mise en place avait souligné beaucoup d’inquiétude par rapport à une « éventuelle » obligation d’enseigner systématiquement en seconde la cinquième compétence propre à l’EPS : « réaliser et orienter son activité physique en vue du développement et de l’entretien de soi ». De nombreux collègues et nous l’avions également fait dans le café, s’étaient interrogés sur le pourquoi de cette obligation ! (Voir à ce propos l’article du café sur le contre pied intitulé « Entretien ou développement de la personne ») Dans le nouveau texte, le législateur parle désormais de « passage obligé de formation » ! Comment se passage obligé va t’il être mis en place ? Pourquoi est il mis en place ?
De plus, on peut logiquement se poser la question de la pertinence de proposer pour des élèves dans un premier cycle de musculation par exemple, l’atteinte d’un niveau 3 de pratique ?
En ce qui concerne le référentiel de compétences attendues, les programmes définissent trois niveaux. Un niveau 3, 4 et 5. Par exemple en Escalade l’élève de niveau 3 devra « conduire son déplacement et se dominer en s’adaptant à différentes formes de prises et de support, pour grimper en moulinette des voies de difficulté 4 et 6… ». La logique étant ici de proposer à l’élève un continuum collège lycée, avec une progression hiérarchisée. Et là encore si on regarde la compétence attendue de niveau 2 au collège (« Choisir et conduite un déplacement pour grimper en moulinette (…) en optimisant les prises de mains et de pieds et en combinant efficacement la poussée des jambes et la traction des bras… ») on peut penser logiquement que la marche entre le niveau 2 et le niveau 3 est sans aucun doute plus facile à franchir que la suivante menant à un niveau 4 de pratique. Une fois de plus, on peut se poser la question si l’accent n’a pas été mis sur le cadre plutôt que sur le fond.
Enfin, autre pierre angulaire, fort logiquement mis en avant par les programmes : offrir un « long temps d’apprentissage ». Nous éviterons ici de revenir sur la multitude de production mettant en avant l’importance, du temps d’engagement moteur, de cycle long, etc. Je pense qu’à l’heure actuelle un grand nombre de personnes sont d’accord avec cette priorité. Et les programmes de conclure : « la durée du cycle d’apprentissage ne saurait être inférieure à dix heures de pratique effective ». Encore une fois, l’occasion semble ratée ! Pourquoi ne pas s’être positionné sur un nombre d’heures conséquents et compatibles avec l’atteinte des compétences attendues ?
Le nouveau programme d’EPS pour les lycées d’enseignement général et technologique.
http://www.education.gouv.fr/cid51336/mene1007245a.html
http://media.education.gouv.fr/file/special_4/73/3/educati[…]
La rencontre avec Didier Delignières sur les programmes du collège
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/eps[…]
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