Par Julie Anne
Quelques réflexions sur le rapport de JL. Durpaire et
D. Renoult : « L’accès et la formation à la documentation du lycée à l’université : un enjeu pour la réussite des études supérieures » (mars 2009, version définitive mars 2010)
Ce rapport part sur un constat de bon sens : il semble plus que nécessaire en effet de développer des formations info-doc en continuité du secondaire au supérieur, plus que nécessaire aussi de créer du lien et une cohérence d’ensemble (sortons les gros mots : une politique documentaire globalisée ?) avec les différentes autres structures avoisinantes (médiathèques, centres d’archives…), afin de « partager dans la continuité l’effort pédagogique des documentalistes des lycées et des bibliothécaires municipaux ou universitaires pour favoriser et développer la pratique documentaire de leurs jeunes usagers »
Face aux carences info-documentaires des étudiants à l’entrée dans le Supérieur, quelques exemples détaillés de prise en charge et de séances menées montrent comment faire du lien entre les outils proposés, leurs utilisations et leurs usages. Et comment faire aussi pour dépasser le problème des notions vite assimilées, mais parfois aussi vite oubliées…
Le rapport élargit ensuite le questionnement sur la place future de l’enseignement de l’info-documentation (et de la place du prof-doc’) dans le Secondaire, comme dans la formation tout au long de la vie de chaque individu, où la notion d’ « apprendre à apprendre » est fondamentale, et requise dans le Socle Commun (où les compétences du pilier 7 traitent de l’autonomie à faire acquérir à nos élèves). Et sur les « nouvelles » compétences, rendues incontournables par l’évolution de l’environnement technologique et de l’accessibilité à l’information, à développer, où il n’est plus question de connaissance, mais d’intelligence des outils. Cela soulève de fait le risque du masquage des compétences info-doc par les compétences numériques (comme notre action serait de même cantonnée à certains items bien spécifiques du B2i et du C2i).
Il soulève aussi -passage très intéressant- l’accélération technologique et le fossé que cela a pu créer avec des pratiques encore aujourd’hui utilisées – et vues en quelque sorte comme les fondements de nos «enseignements », tel la recherche en plusieurs étapes ordonnées, le questionnement initial… : en effet, qui ne s’est pas retrouvé un jour à proposer son « vieil » Universalis, face aux ressources à réponses quasi immédiates données par les outils numériques?
Hé oui, nos jeunes « ne vivent plus exactement dans le même monde », et donc notre mode de fonctionnement doit prendre en compte, sinon accompagner, l’omniprésence d’un accès multimodal à une information quasi-immédiate !
Du coup, on peut se poser de même la question (partie 4.2.3 : au lycée, former à quoi ? ), même si les constats faits pourraient amener des conclusions tout à fait autres. Par exemple, un bon questionnement préalable, permettant de clarifier notions et idées, ne paraît pas si obsolète que cela, compte tenu des errances qu’éprouvent nos jeunes lâchés sur la Toile.
En bref, ce rapport dresse des constats évidents et donne des recommandations et des pistes pour répondre à certaines interrogations, devenues de plus en plus prégnantes, de la profession et de son rôle dans la formation de nos jeunes : en particulier, repenser nos pratiques au lycée, pour repenser au mieux et plus largement le curriculum de compétences à développer.
D’où le grand enjeu mis en avant par ce rapport : comment monter un corpus de compétences continu du Secondaire au Supérieur, en prenant également appui sur les structures culturelles extra-scolaires ?
… Mais comment faire quand le temps et le personnel manque, pour l’existence d’un catalogage optimum et fonctionnel, comme cela est mis comme indispensable par exemple ?
Et un petit mot pour la fin, un extrait du rapport, à bien méditer pour les candidats 2010 (et à venir) :
« …à la première épreuve d’admission du capes externe de documentation dans l’environnement documentaire offert aux candidats qui comporte un très vaste ensemble de ressources (notamment un accès au web), les meilleurs candidats sont ceux qui savent utiliser leurs capacités de discernement et d’analyse, gardent le fil de leur pensée, gèrent leur temps et parviennent à élaborer une synthèse claire, toutes compétences qui dépassent les aspects techniques d’une recherche d’information. »
Le rapport