Par François Jarraud
Un site officiel, à l’écoute des pratiques enseignantes et de l’apprentissage des statistiques.
C’est un des sites qui font référence en SES. S’appuyant sur les statistiques de l’Insee il apprend aux élèves à traiter le programme en développant une approche critique des données. Il incluse également de nombreuses animations qui rendent les parcours moins douloureux…Isabelle Gautier, responsable pédagogique du site, parle de ses projets.
Le site « apprendre avec l’Insee » est un site officiel. Quand a-t-il été ouvert ? Quelle est sa fréquentation ?
Le site est réalisé avec un partenariat entre le ministère de l’éducation et l’INSEE. Il a été créé par le ministère (la SDTICE) au cours de l’année scolaire 2000-2001, à l’initiative de Catherine Duvernet, professeur de sciences économiques et sociales, responsable TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) de la discipline. Il est édité depuis février 2008 par le SCÉRÉN-CNDP et réalisé par une équipe de 8 professeurs de SES. La fréquentation moyenne, hors juillet et août, est de 32 000 visiteurs différents par mois et 298 100 pages consultées.
Quelle est l’utilisation idéale du site : pendant le cours ? À la maison ? En préparation ? En approfondissement ? Quels usages avez-vous repérés ?
Ce n’est pas un site de cours mais d’exercices interactifs : des questions sont posées sur des documents de l’Insee et des réponses sont proposées. Lorsque l’utilisateur en choisit une, un corrigé apparaît. Ceci permet un double usage : l’utilisation en classe et le travail en autonomie.
Les traditions pédagogiques des sciences économiques et sociales en font un outil pour les travaux dirigés en salle informatique : en suivant une fiche de travail (dont on trouvera de nombreux exemples sur le site), plus ou moins directive selon les souhaits du professeur, les élèves travaillent sur les documents, ont une correction immédiate et le professeur peut se consacrer aux élèves en difficulté. Le travail écrit demandé peut être une synthèse réalisée à partir des exercices.
Le développement des tableaux blanc interactifs permet une autre utilisation en classe entière ou en travaux dirigés dans une salle normale : les exercices sont projetés sur un écran, réalisés par un élève puis discutés avec la classe. Le travail est plus visible pour les élèves et permet la participation de tous. Citons comme exercices particulièrement adaptés : la construction d’un schéma d’implication à partir d’un texte de l’Insee, le classement d’exemples pour comprendre une notion, la lecture des tables de mobilité ou les exercices chiffrés. Le site du ministère présente une vidéo sur l’utilisation du site en classe entière avec un graphique classique et la discussion des réponses aux questions (http://www.educnet.education.fr/ses/usages/tbi ).
Le travail en autonomie concerne les élèves : pour préparer un cours ou pour l’approfondir, le professeur peut conseiller des exercices. Les tests présentés en fin de chaque chapitre sont des auto-évaluations possibles. Le site, gratuit, peut être utilisé dans les ENT (espaces numériques de travail). Mais le site touche aussi des adultes en interrogation sur les problèmes économiques.
Comment cela influe-t-il sur le choix et la construction des dossiers ? Qui décide de cela et pourquoi ?
Les choix sont pédagogiques mais aussi limités par l’utilisation unique des documents de l’Insee. La construction des dossiers est marquée par le souci de son accessibilité en autonomie : nous recherchons des plans clairs et compréhensibles. Mais il est vrai que nous avons du mal à gérer l’hétérogénéité du public : certaines pages sont faciles, d’autres difficiles, sans que cela soit forcément visible a priori. Les fiches de TD, que les professeurs utilisent, précisent le niveau et font une sélection parmi les exercices pour s’y adapter.
Les choix des thèmes et de leur traitement sont fortement liés aux programmes de SES. Nous essayons de couvrir le maximum de sujets. L’équipe de professeurs décide des nouveaux dossiers, en fonction des moyens financiers alloués et de l’avis de l’inspection générale. La principale contrainte est l’utilisation des données publiques de l’Insee : nous ne pouvons pas traiter les sujets qui n’y sont pas présents. Lors des actualisations annuelles, importantes pour suivre les données conjoncturelles, nous devons éliminer les pages dont les statistiques sont anciennes.
Les statistiques sont présentes partout. En même temps, elles sont sujettes à manipulation. Comment votre site se positionne-t-il par rapport à cet apprentissage ?
La compréhension des statistiques nécessite un apprentissage et c’est bien le but de notre site qui insiste sur leur lecture et sur la construction des indicateurs. Le partenariat implique des discussions avec les statisticiens de l’Insee, parfois importantes, sur des domaines aussi sensibles que les revenus : la diversité des sources (comptabilité nationale, revenus fiscaux ou enquête auprès des ménages) conduit à des données différentes qu’il ne faut pas mélanger. Le travail pédagogique de présentation n’en est pas évident mais nécessaire. Si nous ne sommes pas un site de « critique » des statistiques, nous n’en essayons pas moins de comprendre leurs limites.
Actuellement vous êtes un des rares sites éducatifs à proposer encore le téléchargement de son contenu. Pourquoi ?
Le téléchargement, qui a été supprimé pendant un temps, a été remis en place à la demande de professeurs : pour une utilisation au tableau numérique, le professeur peut avoir sur sa clef USB le site, ce qui permet d’être prêt à travailler dans les salles non connectées à Internet ou lorsque la connexion est en panne. Pour une utilisation en salle informatique, le site peut être installé sur le réseau de l’établissement.
Quelles perspectives voyez-vous pour ce site ? Pensez-vous le marier avec le web 2 ?
Le web 2 ne fait pas partie de nos préoccupations actuelles. Nous avançons dans deux directions. D’une part, nous voulons augmenter les exercices interactifs dynamiques pour lesquels les questions sur un même document varient. Par exemple, pour la lecture des tables de mobilité sociale, des questions aux formulations diversifiées sont générées aléatoirement pour chaque case du tableau. Ceci permet de multiplier et de varier les exercices.
D’autre part, le prochain gros chantier est la mise en accessibilité du site que la loi impose à tous les sites publics avant mai 2011. Pour nous, c’est une interrogation importante, car l’interactivité est difficile avec les contraintes que cela imposera, or nous ne voudrions pas que la partie du site destinée aux handicapés leur interdise les aspects ludiques qu’elle permet.
Isabelle Gautier
Responsable pédagogique du site « Apprendre avec les données de l’Insee »
Le site :