Par François Jarraud
Si les réactions syndicales sont globalement positives ou tactiquement retardées, les associations professionnelles s’arment dès maintenant pour défendre leur pré carré.
Les syndicats
Alors que le Se-Unsa accueille favorablement le projet de réforme du lycée, le Snes la rejette. Le Se-unsa distingue dans la réforme « d’importants leviers de changement » et se réjouit particulièrement « du rôle prépondérant que la réforme attribue au conseil pédagogique et au conseil d’administration ». Mais le syndicat demande un réel engagement « inscrit dans la durée et garantissant les moyens nécessaires à la rénovation ». Pour le Snes, le rôle accru du Conseil pédagogique et l’autonomie relative dont jouira l’établissement est perçue comme un point faible. Pour lui, » les disciplines technologiques, artistiques et les SES paieraient le prix fort d’une réforme sans investissement financier et pédagogique… Le projet tourne le dos à la volonté d’élargir l’accès au baccalauréat et se contente de tenter de fluidifier les parcours ».
Communiqué Se Unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1895
Communiqué Snes
http://www.snes.edu/Reforme-du-lycee-le-ministre-doit.html
L’UDPPC mobilise contre la réforme
« Ni l’augmentation des flux de scientifiques ni l’enseignement technologique ne nous ont semblé au coeur des réflexions. Nos points d’inquiétude restent les mêmes : risque de voir les filières technologiques se vider un peu plus du fait de la banalisation des parcours en seconde et du report de l’orientation à la fin de la seconde ; risque de voir les horaires dédiés aux sciences décroître partout au profit de l’« accompagnement » et donc de voir le niveau de formation dans les séries générale scientifique et technologique s’affaiblir. » Reçue le 28 octobre rue de Grenelle, l’UDPPC, qui réunit des professeurs de physique et chimie, manifeste son désaccord avec la réforme.
« Face à l’annonce d’une classe de première « plus généraliste », l’UdPPC rejette toute possibilité qu’une partie des enseignements dédiés aux sciences puisse être commune à plusieurs séries car cela aboutirait inévitablement à un affaiblissement de la formation pour les élèves des séries S, STI, STL. Ce choix serait aussi incompatible avec la volonté affichée de rendre la série S moins généraliste. Les enseignements scientifiques doivent donc être spécifiques à ces séries ». Pour la classe de seconde générale et technologique, l’UdPPC souhaite d’une part un enseignement de culture scientifique commun à tous les élèves et d’autre part un enseignement d’exploration destiné aux élèves qui envisagent une orientation vers la série S, et deux enseignements d’exploration destinés aux élèves qui envisagent une orientation vers les séries STI et STL du cycle terminal. Ces enseignements doivent comporter une part de pratique expérimentale ».
Communiqué
http://udppc.asso.fr/#news/fiche_news.php?news=358
L’APSES part en campagne pour les SES
Estimant la place des SES menacée par la nouvelle réforme, l’APSES lance une pétition pour obtenir un enseignement de SES pour tous les lycéens de seconde.
« Nous sommes en présence d’un enjeu démocratique important » nous déclare Sylvain David, président de l’Apses, la principale association d’enseignants de SES, dans un entretien accordé au Café. » La question de la présence d’un enseignement de SES obligatoire au sein de la formation des lycéens ne concerne pas les seuls enseignants de SES. Tout un chacun regrette l’absence de connaissances économiques et sociales des français… L’APSES invite toutes les personnes qui partagent cette demande à soutenir les initiatives qu’elle sera amenée à prendre ».
« Le décalage entre la demande sociale d’accès pour tous les lycéens à une formation en sciences économiques et sociales et le contenu de la réforme proposée est saisissant. Si elle devait rester en l’état, la majorité des lycéens quitterait l’enseignement de second degré sans avoir jamais reçu la moindre formation en Sciences Économiques et Sociales au cours de ces sept années de scolarité. Par ailleurs, la faiblesse du volume horaire alloué pour ceux qui choisiraient l’option en seconde n’autorise pas une véritable introduction aux savoirs et méthodes de l’économie, de la sociologie et de la science politique…. Derrière les choix qui sont faits en matière éducative, ce sont des choix de société qui sont opérés ».
Dans un appel lancé le 11 novembre, l’association demande que « l’enseignement des Sciences Economiques et Sociales soit rendu obligatoire en classe de seconde sur la base d’un horaire annuel suffisant pour s’en approprier les principaux concepts et méthodes ». Parmi les premiers signataires on peut lire les noms de nombreux intellectuels : M Aglietta, Y Déloye, B Gazier, J Gautié, N. Lahire, M Lallement, C Lelièvre, E Maurin, N Mayer, P Mercklé, T Piketty, P Rosanvallon etc.
La pétition
http://www.apses.org/initiatives-actions/actions-de-l-annee-[…]
Lire l’entretien avec S. David
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2[…]
L’APBG lance un appel pour l’enseignement des biosciences
« Tout recul de la place des Sciences dans la réforme du lycée engagerait une lourde responsabilité vis-à-vis de la Nation et de l’Europe ». Dans un communiqué, l’APBG, qui regroupe des professeurs de SVT, estime que cet enseignement est menacé par la réforme du lycée.
» Il nous apparaît en effet que l’importance des horaires et des conditions d’enseignement des sciences, en particulier celui des sciences de la vie et de la Terre, soient remises en cause (diminution globale des horaires alloués aux sciences) » nous a déclaré l’APBG. « Ceci nous semble contraire aux souhaits d’un rééquilibrage des disciplines, en particulier dans les filières L et ES. »
Mais estimant que » les Sciences sont au cœur des enjeux environnementaux, sociaux et économiques actuels, enjeux capitaux pour l’avenir de notre pays », l’APBG revendique « pour la jeunesse, le maintien et le développement des horaires actuels et des pratiques expérimentales des SVT, dans les filières générales S, L et ES, et dans les filières technologiques en lycée… Développer un tel enseignement, solide et formateur, permettra à la France de conserver sa position d’avant-garde au sein de l’Europe ».
APBG
L’Eco-gestion à la conquête de la réforme
Après les SES, puis la SVT, c’est au tour de l’éco gestion de faire ses proporitions à Luc CHatel. L’APCEG a consulté ses troupes sur les changements à apporter. Globalement les enseignants demandent le maintien des horaires actuels, un enseignement d’économie plus théorique.
L’enquête
http://apceg.info/rapport-fini2-1-.pdf
Les parents, les lycéens et la réforme
« L’avenir du Lycée ne mérite pas d’être à nouveau noyé dans des revendications diverses et variées qui font l’objet d’une journée d’action syndicale le 24 novembre » écrit la Peep. « Il ne faudrait pas qu’une surenchère dans les exigences des uns et des autres bloque encore une fois toute avancée significative et nous condamne à l’immobilisme et au conservatisme ! » L’association de parents d’élèves » constate avec satisfaction que l’élève se trouve bien au cœur du nouveau lycée ».
Pour les lycéens, l’UNL, reçue au ministère, tire « des conclusions mitigées ». L’UNL estime que « la question des méthodes pédagogiques est peu développée. Un chantier de discussions doit être ouvert au plus vite afin de mener une réflexion sur les méthodes d’apprentissage et de transmission des connaissances et des compétences. L’UNL propose ainsi la mise en place des TPE en terminale, permettant un apprentissage de l’autonomie et préparant aux études supérieures ». Elle pose des exigences sociales : hausse des bourses, scolarisation obligatoire jusqu’à 18 ans.
Communiqué Peep
http://www.peep.asso.fr/art-76-communique-du-12-novembre-2009.html
Communiqué Unl
http://www.unl-fr.org/index.php?option=com_conten[…]
Les chefs d’établissements satisfaits
« Le Snpden relève avec satisfaction que le choix (ministériel) semble enfin avoir été fait de s’appuyer sur l’initiative des établissements et sur la confiance dans leurs directions pour réussir la réforme ». Le premier syndicat de chef d’établissement se félicite que la réforme accorde davantage d’autonomie aux lycées. Chaque établissement gèrera lui-même, à travers le conseil pédagogique et le C.A., les crédits concernant l’accompagnement personnalisé.
Les sénateurs proposent un lycée plus modulaire
Mercredi 21 octobre, les sénateurs ont débattu devant le ministre de la réforme du lycée. Sans reprendre chacune des interventions, ils ont souvent défendu l’idée d’un lycée plus évolutif. Ainsi Jacques Legendre a demandé qu’en seconde « pour redonner son sens au choix fait par les élèves en fin de seconde, il faut faire découvrir aux nouveaux lycéens l’ensemble des champs disciplinaires, et notamment consacrer une séquence de découverte aux seules études technologiques ». Il a aussi défendu l’idée d’un tronc commun complété par des options. « Le choix des options serait encadré afin de préserver l’équilibre entre les études littéraires, les sciences économiques et sociales et les disciplines scientifiques. Cela permettrait une certaine différenciation des parcours sans donner libre cours à la reconstitution bête et brutale de filières hiérarchisées… On pourrait réorganiser le cycle terminal en distinguant l’année de première, tournée vers l’acquisition de connaissances et sanctionnée éventuellement par une première série d’épreuves du baccalauréat, et l’année de terminale, principalement destinée à initier les élèves aux méthodes de l’enseignement supérieur ».
Gérard Longuet s’est attaché surtout au chef d’établissement. « Il faut repenser les rôles du chef d’établissement et du conseil d’administration… La loi Fillon du 23 avril 2005 permet, dans son article 39, d’expérimenter, à l’instar des lycées agricoles d’État, en réunissant un conseil d’administration plus restreint, ouvert vers la vie professionnelle et les élus, en distinguant la fonction de chef d’établissement de celle de président du conseil d’administration ».
Sénateur de La Réunion, Jean-Paul Virapoullé a plaidé pour l’enseignement du créole. « Chez nous, le créole est la langue maternelle, celle du foyer. Quand les enfants arrivent en première année du primaire, ils se trouvent face à des maîtres qui ne les comprennent pas. Or, l’expression orale est la voie royale de l’apprentissage. Bloquez-la, vous le bloquez. C’est pourquoi je crois qu’il faudrait, dans les IUFM outre-mer, régionaliser le contenu des enseignements et le recrutement pour sélectionner, non certes en fonction des origines ou de la couleur de la peau mais de la capacité à manier la langue vernaculaire ».
Luc CHatel s’est gardé de répondre à chacun et s’est peu dévoilé. Sauf sur l’accompagnement personnalisé qu’il voit aussi comme un moyen de redonner de l’autonomie et du projet aux établissements. « Cet accompagnement permettra aussi… de donner aux établissements des marges de manoeuvre, une dose supplémentaire d’autonomie. Nous proposons que le contenu des deux heures soit défini par le conseil pédagogique. Si l’on compte les heures de dédoublement, près de 30 % du temps d’enseignement de chaque professeur pourra ainsi être adapté pour tenir compte des priorités de l’établissement et de la diversité des élèves. C’est une réponse à la massification ».
Les débats
http://www.senat.fr/cra/s20091021/s20091021_2.html#par_15
Réforme du lycée : le dossier du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/2008_Lyce[…]
|
||||
|