Par Françoise Solliec
Se libérer des contraintes imposées par les sujets de rédaction et faire écrire les élèves à partir de faits marquants ou de leur environnement familier, telle est la démarche adoptée par Sébastien Paré, professeur de lettres au collège Charles III de Monaco. Une démarche menée sans moyens spécifiques, pas trop coûteuse en temps et parfaitement reproductible.
Il ne faudrait pas croire que les élèves du seul collège public de la principauté sont tous de catégorie sociale hyperfavorisée, explique Sébastien Paré, qui est détaché depuis 2 ans au collège Charles III de Monaco. « Beaucoup de parents occupent des emplois manuels ou de service. Les élèves ont des caractéristiques très diverses et sont finalement peu différents des adolescents qu’on rencontre à Limoges ou ailleurs ».
« A mon arrivée au collège, j’ai proposé de reconduire une activité d’écriture poétique que je menais avant sous forme de club. La direction de l’établissement a souhaité que cette activité, que j’envisageais de mener sur la thématique « Monaco, d’un siècle à l’autre » se déroule plutôt dans le cadre de la séquence consacrée à l’étude de textes descriptifs, avec des élèves de 4ème ». Partant d’œuvres faisant référence au parcours de la corniche, de Marseille à Menton, ou de descriptions de guide de voyages du siècle passé, les élèves ont été invités à écrire leurs propres descriptions. Ils ont pris « pour objet les lieux mêmes que la communauté éducative fréquente ; d’un siècle à l’autre, les transformations d’un espace qui leur est familier expliquent l’investissement dont ont témoigné les élèves » Les textes ont ensuite été imprimés et mis en ligne, d’abord sur un site personnel, puis, à la demande de la direction, proposés sur le site du collège.
Cette année, c’est sous l’impulsion des élèves qui faisaient en classe le récit d’événements proposés dans le cadre d’activités de sensibilisation (environnement durable, prévention, éducation à la citoyenneté, etc.) qui les avaient marqués que s’est défini le projet « l’écriture poétique, témoignage de vingt événements marquants au collège ». Ainsi, dans une séquence filée tout au long de l’année se sont élaborés des textes, au gré des activités et selon l’intérêt qu’y portaient les élèves. « Comme la seule contrainte était celle de la forme poétique, dans une écriture très libre, j’ai aussi recueilli quelques textes spontanés, dont l’un sur le tremblement de terre en Italie ».
« Les sujets de rédaction sont souvent ressentis comme très contraignants » déclare Stéphane Paré. « Dans cette situation, le sujet évitait l’aspect pensum. Pourtant il a fallu travailler la technique poétique, se préoccuper des corrections orthographiques, rechercher le mot juste, s’interroger sur le sens de l’expression utilisée, etc. Des dictionnaires ont été mis à disposition à chaque séance ».
La mise en ligne des textes sur le site web a occasionné un nombre de visiteurs importants. Les élèves se sont empressés de les faire voir à leurs camarades, leurs parents, leurs familles. Les parents ont été très intéressés de pouvoir ainsi suivre en direct les activités des enfants. Et les élèves ont particulièrement apprécié l’article qui leur a été consacré par la presse locale venue les visiter en classe.
Pour l’année prochaine, Sébastien Paré envisage un projet plus interdisciplinaire, qui se déroulerait à nouveau dans le cadre d’une séquence, pour des classe de 3ème avec comme thème le récit de voyage en Méditerranée, « que j’aimerais bien conclure par une escapade pédagogique à Barcelone, avec des collègues d’espagnol et d’histoire-géographie. Je suis assez attaché à ce type d’activités qui demande pas mal d’organisation, mais peu de moyens et pas plus de préparation qu’un autre. Ces projets d’écriture sont toujours très bien accueillis par les élèves et les parents. Et, en prime, ils permettent de valider certaines des compétences du B2i ».
Projet d’écriture poétique
http://projet-pedagogique.fr.gd/Pr-e2-sentation-du-Projet.htm
Monaco, d’un siècle à l’autre