Par Françoise Solliec
Un, deux, dix, vingt … Quel établissement aujourd’hui ne demande pas à avoir davantage de tableaux numériques interactifs ? Et quand ce ne sont pas les profs qui en veulent, ce sont les élèves qui en réclament. Mais, au-delà des utilisations quasi immédiates, quels sont ceux qui tirent vraiment parti des fonctionnalités offertes ?
« Ce que je montre avec le TNI, lorsque je suis en formation avec des enseignants » déclare Jean-Loup Bourrissoux, de la délégation aux TICE de l’académie de Créteil et formateur à l’IUFM, « c’est tout d’abord le dispositif de pointage. Mais, très vite, je mets en valeur les possibilités interactives, qui ne sont pas offertes avec un simple vidéoprojecteur, c’est-à-dire les annotations, les modifications, l’appel à des outils techniques de découpage qui permettent de dérouler une séquence, comme par exemple une démonstration de mathématique ou la construction d’un texte. Le zoom sur des zones précises, le déplacement de morceaux d’écran, l’enregistrement des différentes manipulations facilitent des modes d’élaboration et de transmission difficilement accessibles avec d’autres outils. Sans compter les possibilités d’interaction accrue offertes par les tablettes graphiques et les boîtiers de vote ».
Le TNI constitue un outil relativement addictif pour les enseignants. « Quand on y a goûté, on ne veut plus s’en passer » déclarent nombre d’enseignants. Les demandes d’information et de formation sont très nombreuses et les constructeurs se réjouissent de voir le marché enfin décoller vraiment, avec plusieurs milliers de TNI vendus par an et une demande en forte augmentation. Il est vrai que pour les collectivités, c’est un achat qui, malgré son prix encore élevé, est très valorisé en termes de communication. Le matériel fonctionne bien, facilement, et toutes les disciplines y trouvent leur compte, y compris dans le premier degré.
Même son de cloche pour François Lermigeaud, coordonnateur TICE au lycée Le Corbusier à Poissy (78), dans un rapport d’expérimentation élaboré suite à l’attribution d’un TNI dans l’établissement.
« Dans l’ensemble on souligne l’extrême souplesse de l’outil et la possibilité d’y concentrer des documents multimédias : images, sons, texte. Le tableau agit comme un catalyseur et concentre l’attention de la classe sur les documents. La souplesse de manipulation permet des activités nouvelles d’associations (sons / images / idées), de légendes, de repérages, d’expression orale, d’illustration du cours avec des images de grande qualité ou encore des extraits vidéos. Le TNI permet donc au cours de se construire à partir de documents bruts et des analyses de la classe, devenant un espace de travail collaboratif entre les élèves et le professeur.
En langues anciennes, comme en grammaire française et étrangère, on souligne l’intérêt majeur du TNI pour l’analyse de phrases. Ce sont des activités qui passent par une analyse précise de la syntaxe et de la morphologie. Celle-ci ne peut se faire que par un recours à différents codes adoptés par une classe (soulignement, gras, crochets, couleurs…) nécessitant, pour un travail de groupe, une écriture du texte au tableau par le professeur. Cette copie utilise un temps précieux. Par ailleurs, l’étroitesse des tableaux noirs oblige à effacer les premières phrases du texte pour y reproduire les dernières et interdit toute vue d’ensemble finale, ou reprise ultérieure. Avec le TNI on peut visualiser le texte en continu et surtout élaborer l’analyse directement avec les élèves, annuler une hypothèse, en proposer une autre : le travail de repérage peut être recommencé et plusieurs élèves peuvent venir au tableau proposer leur interprétation. ».
Mathias Bettan, professeur de sciences physiques au lycée Gustave Eiffel de Cachan (94), utilise un TNI depuis 3 ans. Il a d’abord bénéficié du prêt académique d’un tableau mobile, à roulettes, puis l’a installé à demeure dans une salle polyvalente lorsque 2 autres tableaux, fixes, ont été accordés par la région. Aujourd’hui, ils sont 3 enseignants à l’utiliser dans toutes leurs classes en SVT et sciences physiques, ce qui ne laisse guère d’autres possibilités pour les autres disciplines. L’annonce d’une dotation supplémentaire devrait débloquer cette situation et une vingtaine de professeurs ont suivi récemment une formation d’une demi-journée, pour une première approche des fonctionnalités existantes.
« J’ai commencé à utiliser le TNI en optique », déclare Mathias Bettan, « notamment pour faire mieux visualiser le tracé de rayons. Comme les TP précèdent souvent le cours, c’est l’occasion de prendre des photos et d’illustrer ensuite le cours au TNI. J’utilise pas mal d’animations et de simulations, qui permettent une approche progressive de la modélisation. Même si c’est moi qui suis le plus souvent au tableau, j’essaie de faire intervenir les élèves, par exemple pour mettre des légendes ou dans les corrections d’exercices. J’ai une tablette que j’utilise de temps en temps, surtout pour des activités en petit groupe. Mon ambition serait de mettre davantage d’interactivité dans ces utilisations, peut-être avec des boîtiers de vote.
J’ai constaté que le TNI se révélait très pratique pour tout ce qui est travail d’entraînement et je l’utilise systématiquement dans cet esprit avec les terminales. C’est très commode pour toute visualisation (les forces par exemple) et il est possible de décomposer nombres d’actions. J’utilise aussi le clavier virtuel, par exemple pour travailler avec un tableur.
Le TNI encourage donc à multiplier l’utilisation de documents numériques et tous formats et donne l’occasion de revenir sur les travaux déjà réalisés. J’ai ainsi pris l’habitude, à chaque début de séance, de projeter quelques images de la séquence précédente. J’apprécie beaucoup la richesse de la palette graphique, qui impressionne toujours les collègues en première approche. Pour tout ce qui est reconnaissance de caractères, zooms, captures d’écran, l’utilisation du logiciel est assez simple, une fois que l’on a installé les barres d’outils adéquates. Pour certains, cependant, le réflexe du « clic droit » est un peu long à acquérir ».