Par Françoise Solliec
L’an dernier, Stéphane Clerc, PLP de lettres-histoire au lycée Dumorey de Chalon/Saône, nous avait ouvert les potes de sa classe pour suivre le projet d’écriture de contes qu’il menait avec ses élèves de BEP. Il nous présente ici le travail mené cette année avec ses élèves de CAP maçonnerie peinture, toujours dans le cadre d’une classe PAC.
Stéphane Clerc avait décidé cette année de mener les activités d’entraînement à l’expression écrite et orale d’une classe (2 heures en classe entière et 1 heure en demi groupe) dans le cadre d’un projet artistique et culturel, a priori financé par la DRAC, fondé sur du slam. La quinzaine d’élèves, qui constituait une classe « très difficile » (4 élèves ont été exclus définitivement au premier trimestre) a, au début, accepté le projet sans trop d’enthousiasme, malgré l’intervention d’un artiste slammeur, qui a fondé ses interventions sur l’expression de soi, dans le quotidien.
« J’avais choisi la poésie comme mode d’approche » explique Stéphane Clerc, « parce que c’est un genre littéraire libre et que ça changeait du travail sur l’entretien d’embauche, tout en permettant de rester proche de leurs préoccupations culturelles. Deux élèves rappeurs se sont assez vite pris au jeu et se sont finalement révélés capables d’entraîner les autres ».
Le travail du 1er trimestre a été très frustrant. « J’ai essayé de leur faire écrire de courts textes en travaillant sur les sons (allitérations, consonnances), sur les rimes (riches ou pauvres), par exemple à partir de leurs prénoms ». Mais le manque cruel de vocabulaire n’a pas permis aux élèves d’avancer dans l’élaboration de textes. L’utilisation d’un dictionnaire de rimes sur internet a pallié partiellement le problème, mais ils se sont alors heurtés à la signification de termes qu’ils n’arrivaient pas à réutiliser en leur donnant sens. « Les résultats étaient décevants, manquaient de chair », malgré l’aide apportée par le slammeur.
Fin décembre, c’est une difficulté financière qui est apparue : le financement DRAC n’était pas reconduit pour l’année 2009. Stéphane Clerc a alors posé l’alternative à ses élèves : soit ils continuaient dans le projet sans la présence du slammeur, « mais devaient s’y mettre pour que ça aboutisse », soit on en revenait à des activités plus traditionnelles. Les élèves ont décidé de continuer et, à la surprise de leur enseignant, ont effectivement commencé à produire des textes plus intéressants, dans lesquels il fallait cependant mettre du rythme et de la rime. « On a beaucoup travaillé sur les textes à l’oral, en zoomant sur des mots particuliers, et 3 ou 4 textes ont émergé ». Quelques élèves ont visiblement pris plaisir à écrire et à manier la langue, mais d’autres ontinuaient à penser qu’ils ne pourraien trien exprimer d’intéressant. « C’était quand même un progrès », déclare Stéphane Clerc, « car ils écrivaient sur eux, quoique de manière non aboutie ».
En mars, les élèves ont eu l’occasion de se produire en public, lors d’une soirée slam organisée avec des élèves de bac pro du lycée agriole voisin. Pour certains, ce fut un succès et 3 autres sessions ont été organisées dans le cadre du lycée, qui ont conforté les élèves dans l’idée qu’ils pouvainet s’exprimer en public.
« Paradoxalement, au 3ème trimestre, j’ai eu à gérer la réussite. Les élèves étaient contents de leur travail et plus très motivés pour aller plus loin. Certes, en un an, on ne peut espérer arriver à avoir des élèves qui maîtrisent la langue, mais on obtient des réussites sur d’autres plans, comme pour cet élève sourd et muet de naissance qui a accepté de se produire en public. On a l’impression de semer de petites graines qui fleuriront peut-être à un moment ou un autre. On voit aussi qu’ils prennent confiance en eux ».
Pour aller plus loin
Les travaux de cette année
http://poetesaubat.over-blog.com/15-index.html
Le site consacré au projet d’écriture des contes en 2008
Un entretien avec Stéphane Clerc dans le Café