Par François Jarraud
« Reconquérir : conquérir de nouveau ». Sur quels Sarrazins cette Reconquista est-elle faite ?
Un communiqué du ministère nous dit qu’elle « rend le temps scolaire aux élèves et aux enseignants… Avec un gain effectif de deux à trois semaines de cours, selon le niveau des classes, le baccalauréat reprend sa juste place dans les établissements grâce au déroulement simultané des épreuves de l’examen, des cours et des conseils de classes. Les professeurs peuvent ainsi achever leur programme, profiter de cette période pour aider les élèves dans la préparation de leurs examens et développer des bonnes pratiques (aide aux devoirs, révisions) ».
Profs à tout faire en effet puisque, comme le dit le communiqué officiel, le report de la fin de l’année scolaire les amène à valser entre surveillances d’épreuves, derniers cours, conseils de classe et premières épreuves. Sur ce terrain là les professeurs de français et de philosophie, qui ont des corrections particulièrement lourdes, pourraient avoir des semaines difficiles.
La logique du dispositif est simple. Le bac débute une semaine plus tard que prévu et l’épreuve de français de première 10 jours plus tard. Cela permet de repousser les conseils de classe de seconde au 15 juin et ceux de première au 11. Dans de nombreux établissements, le « gain effectif » de cours sera plutôt d’une semaine que de deux ou trois. L’effet sur l’organisation des examens (difficulté à trouver des surveillants, surcharges de travail des correcteurs) devrait être acceptable si les rectorats font appel à des surveillants auxiliaires. Au total la Reconquête se traduira surtout par la perte de 3 jours de congés par les enseignants des lycées.
Le ministre aura-t-il répondu à l’inquiétude des parents devant la dissolution des cours au mois de juin ? Probablement peu. La prolongation de l’année est minime et elle ne suffit pas à elle seule à lutter contre les « révisions spontanées » qui démangent les lycéens quand les beaux jours sont là…
La Reconquête évite la forteresse bac. La Reconquête rend l’organisation du bac encore un peu plus difficile. Car le vrai allègement qui permettrait de donner du sens à la fin de l’année passerait certainement par une modification des épreuves du bac. On sait que le résultat final peut être prédit à partir des résultats de quelques matières seulement alors que l’examen exige une épreuve dans chaque matière prévue au curriculum. On arrive ainsi à une multiplication des épreuves et aussi paradoxalement à donner moins d’importance au jugement porté sur le travail de l’année au bénéfice d’une seule épreuve finale. Si une réforme du bac professionnelle a été possible, celle des bacs généraux et technologiques pourrait se heurter à une résistance opiniâtre. Xavier Darcos tente l’allègement et le maintien d’un examen qui multiplie les épreuves. Ce n’est pas un exercice facile…
Communiqué officiel
http://www.education.gouv.fr/cid25181/xavier-darcos-general[…]
L’année scolaire bousculée par la reconquête du mois de juin
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2[…]
Le Guide du Bac et du Brevet du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/bb09_Accueil.aspx