François Jarraud
Faut-il faire le deuil du bac ? C’est la question qu’avait posée en mars 2008 Bruno Suchaut, au terme d’une nouvelle étude de la notation des copies du bac. Levant un tabou, il montrait que l’évaluation est aléatoire et déclanche la polémique…Un an plus tard, c’est le médiateur de l’Education nationale qui met en évidence des écarts de notation.
Bac 2008 : toujours la question des notes…
La question des notes du bac rebondit là où on ne l’attendait pas : dans le rapport annuel du médiateur de l’éducation nationale, Jean-Marie Jutant.
« Depuis qu’il exerce son activité, le médiateur a été saisi de réclamations assez nombreuses concernant le baccalauréat » note M. Jutant. « Une copie d’examen peut être notée différemment selon le correcteur auquel elle est soumise. Afin de parvenir à ce que les notes soient attribuées selon des critères homogènes, les règlements et circulaires d’organisation du baccalauréat prévoient différents dispositifs destinés à homogénéiser les pratiques des notateurs » Or, estime-t-il, » le médiateur a constaté que ce dispositif (d’harmonisation) présentait parfois, dans son application, des insuffisances ». Il relève que, par exemple, les jurys n’examinent pas les copies des candidats « comment rectifier ne éventuelle erreur d’appréciation commise par un correcteur » interroge-t-il ?
Le bac de français est particulièrement ciblé puisque le livret scolaire du candidat n’est pas consulté et les correcteurs de français sont absents du jury de terminale. Aussi recommande- t-il que le fonctionnement des commissions d’harmonisation soit fixé par décret ou arrêté et que le livret scolaire soit pris en compte lors des épreuves anticipées. » Les épreuves anticipées que les lycéens passent en fin de première devraient bénéficier d’un dispositif comparable à celui des épreuves de fin de terminale. Pour ce faire, il conviendrait que le ministère étudie la possibilité de rétablir l’examen du livret scolaire au moment de l’établissement de la note ».
Le médiateur va plus loin en demandant l’allègement des épreuves. « Partant du constat que le nombre des options proposées au baccalauréat (langues rares, sports, etc) est devenu excessif » et que « le résultat final au baccalauréat n’est quasiment pas modifié que le candidat passe cinq ou dix épreuves », il propose » d’étudier la possibilité d’alléger l’organisation de cet examen en le concentrant sur un nombre restreint d’épreuves portant sur les disciplines fondamentales dans chaque série ».
On sait que la notation au bac a fait l’objet d’un vif débat cette année après la publication par B. Suchaut d’une étude qui montrait de forts écarts de notation selon les correcteurs et même entre les copies d’un même correcteur. B. Suchaut parlait de « loterie des notes ». Certains, en réponse à ces critiques , avaient mis en avant le rôle des commissions d’harmonisation. Ce sont elles qui sont maintenant malmenées par le médiateur. D’autres, sous prétexte que la notation est imparfaite, souhaitent la disparition du bac et la mis en place de procédures sélectives à l’entrée de l’université.
Alors que la réforme du lycée est engagée, deux ans après la publication d’un rapport d’audit qui demandait la « simplification » du bac, la demande d’allègement de JM Jutant pourrait être entendue. Mais toucher au bac a toujours politiquement été dangereux…
Sur le Café, la notation au bac
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/bb2008_N[…]
Le site du médiateur
http://www.education.gouv.fr/pid282/le-mediateur-de-l-educati[…]
Mars 2008 : Une étude en coup de tonnerre…
En 2006 et 2007, 6 copies de Ses du bac ont été soumises à la correction d’une trentaine de professeurs. Résultat : on observe un fort écart d’un correcteur à l’autre : la copie 1 est évaluée entre 5 et 15, la copie 2 de 5 à 16.
» Cette expérimentation ne fait que confirmer les conclusions bien connues des recherches antérieures sur la question des aléas de la notation. Ces aléas persistants interrogent forcément sur leurs conséquences sur la carrière des élèves et sur l’obtention des diplômes, et en l’occurrence ici, du baccalauréat » note B. Suchaud. D’autant que les procédures d’harmonisation n’affectent pas de façon importante le caractère erratique de la notation. Alors pourquoi ne pas changer l’évaluation ? » Faire le deuil de la notation, renvoie aussi à changer plus globalement la vision de la finalité de l’acte d’enseignement. Un changement en la matière obligerait à revoir totalement les mécanismes de sélection, d’orientation et de certification des élèves, mais aussi, au quotidien, le regard que porte l’enseignant sur l’élève ».
L’étude
http://www.u-bourgogne.fr/upload/site_120/publications/les_co[…]
Sur le Café, les notes sont-elles justes ?
http://cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/2007/8[…]
Réponse du Snes
http://www.snes.edu/snesactu/spip.php?article2931
L’étude de B. Suchaut dans L’Expresso
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/03/1003200[…]
Sur la docimologie cette page de J. Nimier