Les enseignants bénéficient de la solidarité de la population à condition qu’ils améliorent l’Ecole. Alors que s’ouvre une période de ruptures et de troubles et que le système éducatif se retrouve enlisé au milieu du gué de réformes avortées, la publication par l’IFOP d’un sondage réalisé pour le magazine Acteurs publics sur « les Français et l’Ecole » est particulièrement riche d’enseignements.
Retenons de cette courte étude d’abord 3 chiffres. 63% des français estiment que « les suppressions de postes dans l’Education Nationale affaiblissent le système éducatif français ». Quand on leur demande « ce que doit être la principale mission de l’école », 40% des français estiment que c’est « transmettre à chacun les savoirs fondamentaux et une bonne culture générale ». 4% seulement attendent de l’Ecole qu’elle favorise l’épanouissement personnel. C’est probablement le taux le plus bas parmi les pays européens.
Solidaires des enseignants. Notre premier chiffre montre que, avec la crise, les Français comprennent parfaitement les revendications professionnelles des enseignants. Ceux-ci bénéficient, sans doute comme les autres corporations, du climat de tension sociale qui résulte spontanément de la crise et pousse les salariés à la solidarité. C’est un fait constaté le 29 janvier dernier et qui se vérifiera probablement, avec davantage de force encore, le 19 mars.
Pour autant les attentes des Français sont claires : ils veulent une Ecole plus efficace. Le premier souci des Français c’est que l’école transmette davantage de connaissances. Bien sur nous savons que ce n’est pas opposable à l’épanouissement personnel, intellectuel et même affectif des enfants. Les deux objectifs s’appuient l’un l’autre. Ce que soulignent en fait les parents c’est que, même s’ils sont socialement solidaires des enseignants, l’Ecole actuelle ne les satisfait pas.
Mais ils hésitent sur le chemin. Un dernier chiffre de ce sondage concerne justement la réforme du lycée. Il montre une France coupée en deux (47-50%) sur l’opportunité de la réforme du lycée. Visiblement les Français ne savent si c’est par le maintien du lycée actuel ou par le changement que l’objectif d’efficacité sera le mieux atteint.
Saurons nous tirer quelque chose de cette opportunité ? La montée de la crise peut donner un prodigieux élan à un mouvement enseignant capable de répondre à l’exigence d’efficacité de l’Ecole. Il lui reste à convaincre qu’il est capable d’entendre la demande des familles. Cela peut passer par exemple par des mesures effectives des résultats de l’Ecole et leur prise en compte dans les politiques d’établissements. A contrario, l’opinion pourrait tout aussi bien chercher l’efficacité dans la tradition et l’autoritarisme, l’imposer aux enseignants. La montée du mouvement social ne doit pas occulter cette réalité : solidaires des enseignants, les Français ne le sont pas de l’Ecole actuelle.
Le sondage
http://www.ifop.com/europe/sondages/opinionf/lecole.asp
Evaluation : le système éducatif à un tournant
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/10[…]
Bérille : Sarkozy veut un « marché scolaire »
« La privatisation, c’est-à-dire l’abandon d’une activité publique pour la livrer au secteur privé, cela fait partie de la politique gouvernementale : je pense à ce qui menace des entreprises publiques comme EDF ou la Poste. Mais le projet du gouvernement sur la Fonction publique est plus subtil ». S’exprimant longuement sur le blog de Luc Cédelle, Luc Bérille, secrétaire général du SE-UNSA partage son analyse de la politique gouvernementale et du positionnement de son syndicat.
On en tirera par exemple cette vision d’avenir de l’Ecole sarkozienne. « J’ai parlé de sa volonté d’y introduire des modes de fonctionnement importés du privé. Je crois que c’est davantage ainsi qu’il envisage de faire pour l’Ecole. En matière d’éducation, on peut considérer que le service public est là pour garantir à tous un droit : c’est la base de notre Ecole publique. Mais on peut avoir une autre logique qui consiste à estimer qu’il existe un marché scolaire et que l’Ecole doit alors s’organiser pour y répondre selon le principe de l’offre et de la demande. C’est très exactement la logique à laquelle nous conduirait la disparition complète de la sectorisation scolaire, dont je rappelle qu’elle est affichée comme un objectif gouvernemental ».
Le blog de Luc Cédelle
http://education.blog.lemonde.fr/
Cédelle : Un plaisir de collège
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/laclasse/Pages/2008/[…]