Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
Aide aux Profs a mené cette enquête rétrospective à partir de la recherche archéologique que nous avons menée sur le web et grâce à notre réseau de relais – enseignants et non enseignants – répartis sur la métropole et les DOM afin d’assurer une meilleure visibilité des actions qui visent à créer des possibilités de secondes carrières pour les enseignants, qu’ils aient ou non 15 ans d’ancienneté.
Actuellement, depuis 2006, il existe un dispositif ministériel en présence, qui met en œuvre peu à peu ses actions à grande échelle au niveau de 30 académies en mobilisant de nombreux acteurs.
L’historique pas a pas
21 août 2003 : l’article 77 de la loi n°2003-775 portant réforme des retraites crée un dispositif inédit : la seconde carrière pour les enseignants volontaires qui comptent au moins 15 ans d’ancienneté. L’accès s’effectue par la voie du détachement sur des emplois offerts par un organisme d’accueil pour une année. A l’issue du détachement l’enseignant peu être intégré.
25 août 2004 : un communiqué du conseil des Ministres annonce entre autres «la facilité nouvelle qui sera offerte aux enseignants, dès la rentrée 2005, d’effectuer une seconde carrière dans l’administration. »
http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais_archives/sa[…]
9 août 2005 : le décret n°2005-959 fixe les conditions de détachement et d’intégration des enseignants des 1er et 2nd degrés, et établit les modalités de création des commissions chargées d’évaluer l’éligibilité de chaque candidat au dispositif.
Aide aux Profs ne comprend pas qu’à ce stade ait été créée une commission chargée de jouer le rôle de « barrage » pour un certain nombre d’enseignants, alors qu’il eut été plus logique de permettre à tout candidat enseignant de tenter sa chance directement sur l’un des recrutements proposés par l’un des organismes d’accueil. Le décret n°2005-960 permet d’établir la liste des corps concernés à la même date.
20 septembre 2005 : un arrêté fixe la composition des commissions chargées d’évaluer les dossiers des candidats. Inspecteurs pédagogiques, chefs d’établissements, Directeurs de ressources humaines, conseillers psychologues des différentes cellules constituent les acteurs de ce dispositif.
23 mai 2006 : nomination du directeur de projet de la mission Seconde Carrière dite « Miseca ».
Fin 2006 : Contact de la Miseca avec l’association des Grandes Villes de France afin d’expliquer à différents partenaires, collectivités locales notamment, en quoi consistent les compétences développées par des enseignants, pour réfléchir aux passerelles les mieux adaptées aux secondes carrières que les partenaires peuvent leur proposer.
La Miseca a créé des fiches métiers à présenter aux différents partenaires pour qu’ils puissent rechercher des corrélations avec les différents profils de postes qu’ils proposent habituellement.
La Miseca émet clairement sa volonté de constituer par académie un vivier de candidats potentiels : une manière de faire patienter les professeurs, en l’absence de créations de postes ? La direction du projet, rattaché directement auprès du DGRH, annonce la création progressive de cellules carrières au sein de chaque académie.
A ce stade du projet, il est curieux que la Miseca n’ait pas songé à optimiser les gisements d’emplois de non enseignants que la sphère éducative recèle, et qui auraient pu permettre une montée en puissance très rapide de ce dispositif tant attendu depuis 2003.
De plus, le Ministère a suivi la même logique de construction que dans les dernières décennies, en partant d’un pilotage par l’administration centrale pour une délégation progressive de la mise en œuvre du dispositif vers chaque académie, alors que depuis 1998 les rapports et études successifs préconisent la modernisation des pratiques de GRH : c’est en 2006 qu’il aurait fallu que le MEN crée un dispositif à distance, générateur d’économies en personnels, en déplacements, en coûts de fonctionnement.
Quel budget est alloué au dispositif ? Il semble qu’il se confonde avec celui alloué aux cellules d’aide aux enseignants, prévues dans les années 90 pour tenter de répondre aux situations les plus complexes : professeurs en difficulté de santé de toutes natures notamment.
27 avril 2007 : le décret n°2007-632 permet de répondre plus facilement aux situations des enseignants dont la santé est altérée.
Nous tenons à signaler à cette occasion que le nombre de supports budgétaires de PACD et PALD, pour répondre aux difficultés de santé de certains enseignants, tend à diminuer, synonyme de précarité future lorsque les personnes sont placées en disponibilité d’office. Les anciens postes de réadaptation ou de réemploi occupés par ceux qui partent en retraite disparaissent (dans le réseau des CDDP et CRDP) tandis que le CNED enregistre une diminution des affectations. Y aurait-il moins de besoins, moins de professeurs connaissant des problèmes de santé, ou est-ce simplement une mesure d’économies ? Que vont devenir les enseignants qui auraient pu bénéficier de postes en PACD et PALD, puisque la demande est largement supérieure à l’offre ?
21 mai 2007 : les syndicats relaient l’information sur la seconde carrière des enseignants et présentent une partie des postes proposés par le ministère :
http://www.unsen.cgt.fr//index.php?option=com_content&t[…]
Les intitulés comme « gestionnaire d’établissement », « contrôleur de gestion », « chef de service études statistiques », etc, nous laissent bien perplexes, car nous n’imaginons pas une seconde qu’un professeur des écoles ou qu’un enseignant de collège puisse être immédiatement opérationnel sur ce type de profil. Est-ce réaliste et raisonnable de diffuser de telles offres d’emploi, puisqu’une mise en concurrence est de toute façon pratiquée avec des fonctionnaires qui ont les compétences d’occuper ces emplois ?
11 juin 2007 : la Miseca est interviewée dans la Lettre de l’Education, le n°562 :
http://www.lalettredeleducation.fr/Dispositif-seconde-[…]
C’est alors l’inflation des chiffres, des promesses attractives qui ne sont pas encore tenues : 500 à 1000 postes par an proposés aux enseignants pour la seconde carrière, alors que jusqu’à nos jours, à peine 10% de la tranche basse sont effectivement publiés en ligne, et y subsistent même après avoir été pourvus depuis plus d’un an, comme pour donner le change. Mais le directeur de projet l’avait annoncé à ce moment là : « il ne faut pas attendre de miracle…Si nous arrivons à placer 200 enseignants par an, ce sera une réussite.»
21 juin 2007 : diffusion d’une fiche technique à toutes les académies sur l’esprit du dispositif :
http://www.ac-bordeaux.fr/fileadmin/Fichiers/Emplois/PDF/Se[…]
22 janvier 2008 : le directeur de la mission seconde carrière est nommé à la commission de classement des fonctionnaires de la Poste. Nul doute que cette représentation en commission n’a pas pour objectif de reclasser des enseignants à la Poste en seconde carrière, mais de proposer des secondes carrières dans l’enseignement aux fonctionnaires de la Poste…nous sommes donc dans le mouvement inverse :
http://www.droit.org/jo/20080131/ECEI0801818A.html
8 avril 2008 : Une conférence sur la GRH et la Fonction Publique 2008 a permis à la Miseca (qui multiplie les contacts avec les représentants des ministères, des collectivités locales, pour prospecter des pites de seconde carrière) de s’exprimer sur les conditions d’une mobilité interministérielle et inter-fonctions publiques, en posant ce type de questions cruciales :
« – jusqu’où aller dans la fusion des corps ?
– faut-il centraliser les besoins ? Au niveau local ou national ?
– comment intégrer la mobilité dans les parcours professionnels ? »
http://www.fr.capgemini.com/m/fr/n/pdf_Capgemini_partenai[…]
Quel est le bilan du dispositif ministeriel ?
Fin 2007, le Sénat, dans son projet de Loi de Finances pour 2009 souligne en 2. f) que le « dispositif seconde carrière est toujours balbutiant », et que « même si une véritable gestion « qualitative » des ressources humaines se développait dans l’Education nationale, elle n’empêcherait pas que certains enseignants souhaitent, à un moment ou à un autre de leur carrière, changer de fonction et commencer une nouvelle carrière. »
Le rapport souligne « aucun chiffrage précis du nombre de professeurs concernés n’a pu être communiqué à votre rapporteur : les seules données transmises portent sur l’année 2007, où 10 enseignants ont bénéficié du dispositif. Pour l’année 2008, « une augmentation des départs en mobilité [est prévue], des propositions étant par ailleurs formulées au sein du ministère de l’éducation sur quelques postes d’attaché ».
Le rapporteur termine ainsi ce court paragraphe : « Votre rapporteur souhaite que ce dispositif prenne enfin son essor et que les services du ministère lui accordent l’attention qu’il mérite. » L’ensemble du rapport, qui évoque aussi les postes RASED, les décharges statutaires, les surnombres disciplinaires, le coût de remplacement des enseignants, mérite attention :
http://www.senat.fr/rap/a08-100-5/a08-100-52.html
Déjà, le Sénat, dans le projet de Loi de Finances 2008, regrettait « qu’il ait fallu plus de quatre ans pour proposer une seconde carrière aux personnels enseignants », soulignant déjà que le dispositif « peinait à se développer », et attirait aussi l’attention sur le « nombre significatif de professeurs placés dans des positions de réadaptation ou de réemploi à la suite de difficultés professionnelles liées à leur état de santé.
Notre analyse globale
Aide aux Profs regrette que soient mélangées dans la même cellule de ressources humaines, comme au Rectorat de Paris, les personnes chargées d’aider les enseignants en difficulté de santé, les personnels à « besoins particuliers », et les personnes chargés de renseigner les enseignants en quête d’une seconde carrière :
http://www.ac-paris.fr/portail/upload/docs/application/pdf[…]
L’image stéréotypée du professeur « mal dans ses classes » perdure lorsqu’il s’adresse à ce type de cellule, si l’on en juge tous les retours que les enseignants (près de 600 en 2008-2009 pour l’instant) nous livrent à l’occasion du pré-bilan de carrière que nous leur proposons à distance. Selon les académies, le constat prend parfois une tournure alarmante, avec un manque de pédagogie et donc de formation des acteurs évident.
Pour initier une autre démarche collective, faire évoluer les pratiques et les a priori, nous allons mener à compter de la rentrée 2009 des travaux universitaires d’analyse des données que nous collectons afin d’émettre de nouvelles propositions, en espérant qu’elles trouveront cette fois une oreille plus attentive. Nous établirons des contacts avec d’autres associations qui constituent aussi des laboratoires d’idées.
L’enseignant en quête d’informations sur sa carrière attend de son interlocuteur de la disponibilité, de la réactivité, de la positivité, de l’empathie, de l’écoute, mais aussi une parfaite maîtrise des textes de lois, décrets et circulaires, une grande expertise en matière de connaissances des différentes pistes d’emplois accessibles avec ses compétences transférables, et force est de constater que peu d’académies recèlent dans leurs cellules de tels experts. L’accompagnement de projets professionnels ne s’invente pas, c’est le fruit de savoir-faire et de savoir-être de l’expérience.
Aide aux Profs estime que l’action de ce dispositif est freinée dans le temps car il est disséminé dans 30 académies qui n’avancent pas au même rythme. Cela nécessite un pilotage complexe entre le pôle décisionnel constitué de 2 personnes seulement (messieurs Philippe GARNIER et Sylvain AUGERAL, administrateurs civils à l’administration centrale, rattachés auprès du DGRH Thierry Le GOFF), et le terrain.
Nous supposons que les frais sont nombreux pour que :
– les acteurs des différentes DRH se rencontrent pour échanger à l’occasion de séminaires à travers des ateliers de pratiques réflexives,
– les pilotes du dispositif entrent en contact avec les différents ministères et collectivités locales,
– des stages d’information soient organisés au sein de chaque académie (alors que la conception d’une plaquette d’information diffusée dans les établissements aurait suffi),
– des conseillers psychologues procèdent à l’accueil des candidats, en leur proposant parfois des bilans de compétence classiques, dévoreurs de temps et d’argent.
Néanmoins, nous avons remarqué qu’un forum et des listes électroniques permettent aux différents acteurs d’échanger à distance, et c’est un grand pas en avant pour réaliser des économies, puisque c’est la tendance actuelle de notre Gouvernement.
L’action du dispositif est centrée sur la communication à destination des différentes fonctions publiques de l’Etat, et les cellules de seconde carrière engagent apparemment de nombreux contacts pour informer, expliquer, convaincre ces acteurs susceptibles de proposer des emplois :
– Fonction Publique Hospitalière (FPH),
– Fonction Publique de l’Etat (FPE, tous ministères),
– Fonction Publique Territoriale (FPT : d’ici 2012, 3000 cadres A partiront à la retraite, un enjeu de taille).
L’usage d’outils comme le Répertoire interministériel des métiers de l’Etat (RIME, qui date de mai 2006) est essentiel, mais pas suffisant, car aucun des postes occupés en détachement et en mise à disposition par des enseignants dans les centaines de structures que nous avons identifiées n’est en fait répertorié dans ce guide.
Les publics en recherche d’une seconde carrière se divisent en trois catégories, qui n’ont pas du tout la même approche de ce qu’est une « seconde carrière », donc pas la même motivation, ni les mêmes qualifications :
– les enseignants en diverses difficultés qui ne relèvent pas d’un CLM ni d’un PACD ou PALD,
– les enseignants qui s’aperçoivent qu’ils se sont trompés d’orientation (mais qui ne remplissent pas les conditions d’accès au dispositif, car en général ce sentiment est éprouvé dans les 5 premières années d’exercice),
– les enseignants qui souhaitent simplement changer d’horizon, non parce qu’ils se sentent démotivés, mais seulement pour réaliser une progression de carrière, varier les situations professionnelles, que ce soit en interne ou en externe.
Il est certes important de bien informer les enseignants des contraintes que représentent de telles évolutions de carrière (perte du contact –parfois stimulant- avec les élèves, perte des congés scolaires, perte de la flexibilité horaire annuelle liée à la spécificité du métier de l’enseignant, perte d’autonomie dans l’action créative de leurs fonctions sauf à des postes de hauts fonctionnaires, conditions de travail différentes dans le cadre d’un métier de « bureau »), mais il est essentiel aussi d’en exposer les avantages (promotions professionnelles, diversité des emplois accessibles, primes statutaires, sérénité retrouvée, etc.).
Ceux qui nous contactent nous indiquent que les cellules de seconde carrière se dotent peu à peu de logiciels d’analyse des compétences transférables, celles que nous analysons dans cette rubrique au travers de nos recueils de témoignages et travaux de recherche universitaire pour aider les enseignants dans leurs projets respectifs.
Actuellement, certaines cellules ont adopté un logiciel nommé « Transférence » que diffuse la société JAE (Jeunesse Avenir Entreprise) : http://www.fondation-jae.org/index.htm
Aide aux Profs s’est aussi renseignée sur cet outil qui analyse 83 compétences transférables sur une base de données d’un millier de fonctions distinctes. Il s’agit donc d’un outil généraliste, pas forcément axé sur les seuls métiers liés aux savoirs, savoir-faire et savoir-être développés par les enseignants dans leur professionnalisation. Un enseignant pourra-t-il devenir facilement médecin, ingénieur, boulanger, notaire, si l’analyse de ses savoirs, savoirs-faire, savoir-être et de ses projets l’indiquent ? Nous ne pensons pas que l’enseignant puisse, après 15 ans de métier, envisager l’un des mille métiers proposés sans une reprise complète et longue d’une formation qualifiante. Cette donnée risque d’en décourager plus d’un à l’issue de la « passation ».
Ce logiciel donne-t-il satisfaction aux enseignants ? Nous avons eu quelques retours de la méthode pratiquée par des enseignants formés à l’ingénierie de formation, et qui ont pu bien nous expliquer la démarche :
– l’enseignant est d’abord reçu en entretien individuel avec un conseiller psychologue de la cellule de ressources humaines ou de seconde carrière afin d’évaluer les paramètres de son projet,
– la cellule décide ou non de proposer à l’enseignement une « passation », où il sera confronté à un questionnaire à choix multiple avec cases à cocher, phrases à choisir parmi un panel d’affirmations, etc.
– le logiciel comprend trois modules : « analogie » (pour tenir compte des différentes expériences professionnalisantes de l’enseignant), « métiers » (liste de métiers envisageables), « bilan » (pour croiser les compétences avec les métiers où elles peuvent être mises en œuvre),
– le compte-rendu de la passation comprend un histogramme et un graphique en étoile, permettant de visualiser rapidement les forces et les faiblesses du profil du candidat, et de son adaptabilité à tel ou tel métier.
Aide aux Profs a expérimenté courant 2008 un logiciel : POTENTIA. http://www.potentia.fr/
Le procédé est un peu différent :
– une passation sur une vingtaine d’écrans en deux temps avec des QCM et phrases à choisir,
– un compte-rendu sous forme de graphiques (histogrammes, graphiques en étoiles, abaques),
– un compte-rendu oral au format mp3, dont la qualité d’analyse nous a beaucoup étonnés, et nous réfléchissons depuis aux modalités de sa mise en œuvre au sein de notre association, les contacts avec l’entreprise qui le propose ayant été très professionnels et constructifs.
D’autres cellules de seconde carrière, d’après nos contacts à distance, ont utilisé en 2008 le logiciel « Performanse-Oriente » : http://www.buroscope.com/performanse.php
Citons la présentation qu’en fait le site : « PerformanSe-ORIENTE est conçu comme un outil d’aide à la réalisation des bilans de compétences et d’élaboration du projet professionnel. Dans les stratégies de recrutement ou de mobilité interne, cet outil permet d’ouvrir de nouveaux horizons professionnels et constitue un véritable support de réflexion ».
Au-delà des bilans de compétence assistés par ordinateur, l’enseignant qui consulte une cellule de seconde carrière se voit proposer des stages d’information, mais aussi des modules de formation à la conception d’un CV et d’une lettre de motivation, mais uniquement dans l’optique des documents attendus par la commission du dispositif. L’enseignant qui aura appris à concevoir un CV pour cette commission n’a pas intérêt à l’utiliser de lui-même pour réaliser ses propres candidatures ailleurs, car ce n’est pas le modèle de CV attendu.
Dans le dossier que l’enseignant doit présenter à la commission, d’après un professeur qui nous a détaillé son expérience, une fiche d’appréciation du recteur sur la manière de servir est nécessaire. Il faut donc être bien noté de son chef d’établissement, de son inspecteur, du recteur, mais pour les autres qui ne sont pas aussi méritants, qu’en est-il ? Ils n’auront pas accès à la seconde carrière ?
Chaque cellule consacre une page web souvent difficile d’accès à partir du portail académique à la seconde carrière. Cette page web rappelle les textes officiels qui ont donné naissance au dispositif, propose soit un formulaire de contact, soit les coordonnées de la personne à contacter, et publie les postes proposés, bien que la majorité des académies, après que ces emplois aient été pourvus (même après 12 mois), les laissent toujours visibles en ligne, ce qui induit les éventuels candidats en erreur.
Cependant, ici et là, de réels efforts sont produits : ainsi en est-il de l’académie de Créteil qui indique des sites web aux candidats, une preuve supplémentaire qu’aucun emploi n’est « réservé » pour les enseignants, et que c’est en fait à chaque professeur de prospecter. Finalement, dans cette logique, le professeur n’a pas besoin d’attendre 15 ans d’ancienneté pour sortir de l’enseignement, et n’a pas besoin de passer par le dispositif mis en place pour candidater sur les postes qui lui plaisent, puisque le détachement est possible pour tout titulaire de la Fonction Publique.
http://www.ac-creteil.fr/jahia/Jahia/accueil/academie/ress[…]
Certaines cellules consacrent des modules de formation dans le cadre du Plan Académique de Formation (PAF): à Besançon, dans l’académie d’Orléans-Tours (atelier destiné à élaborer un projet d’évolution professionnelle), à Paris, à Créteil, à Rennes (préparation à l’entretien de recrutement par exemple), à Rouen (stage au PAF), etc.
Un travail de repérage des candidats est effectué ici et là afin de constituer un « vivier de candidatures » : nous estimons que c’est une solution « destinée à faire patienter », puisque les postes proposés ne sont pas légion. Sur l’académie de Reims, un assouplissement des 15 ans d’ancienneté requis est en cours :
http://pagesperso-orange.fr/snetaa.reims/Note d’info[…]
Cependant, quelle stratégie adopteront les cellules de seconde carrière lorsque la demande sera très largement supérieure à l’offre ? Des sélections ? Sur quels critères ? Les meilleurs enseignants s’en vont et les moins bons resteront, est-cela le projet ? Nous nous interrogeons sur le nombre de candidats reçus, sélectionnés, et admis au final sur les emplois proposés.
L’académie d’Aix-Marseille affiche une liste des postes proposés en 2008 qui ont été pourvus :
http://www.ac-aix-marseille.fr/public/jsp/site/Portal.jsp[…]
Curieusement, ceux non pourvus ne sont pas toujours affichés sur les pages « seconde carrière » des autres académies : est-ce un problème de surcharge de travail des webmasters, un manque de moyens, de personnels ? Sans doute… Aide aux Profs se demande toujours pourquoi, alors qu’Internet le permet, le MEN a préféré disséminer et répéter l’information sur des pages pas toujours facilement accessibles des 30 académies plutôt que de créer, comme nous, un portail d’informations et de liens.
Nous avons constaté que la « seconde carrière » n’est plus tournée vers l’extérieur, mais aussi en interne. Ainsi, certaines académies indiquent que « devenir professeur des écoles après avoir enseigné en collège, c’est une seconde carrière » :
http://www.ac-reims.fr/2ndcar/postes1erdegre-avril2008.pdf
Aide aux Profs tient quand même à informer les éventuels candidats après 45 ans à ce type de postes que les professeurs des écoles (en maternelle et CP) de plus de 50 ans qui nous contactent nous disent souffrir de problèmes de dos lorsqu’ils enseignent dans les petites classes, car ils sont fréquemment obligés de se pencher vers les petites tables, les petites chaises, les petits élèves…c’est une dimension importante et ignorée par les candidats et l’institution dans le cadre de ce type de reconversion. Enseigner en CM1-CM2 est peut-être une meilleure idée pour les candidats potentiels après 45-50 ans.
Nous avons actuellement une vision plus précise de la machine qui se met peu à peu en marche : toutes ces actions nous semblent aller dans le bon sens, mais nous regrettons que ce soit toujours le « en présence » qui ait été privilégié, alors que nous démontrons depuis près de 3 ans que le « à distance » est nettement plus économique et plus efficace, nous qui ne sommes qu’une poignée de bénévoles, avec toutefois un réseau de plusieurs centaines de relais de plus en plus étendu, à tous les niveaux de la sphère éducative.
Quelle solution preconise aide aux profs pour accelerer la seconde carriere des enseignants, tenir les promesses de 2005-2006 et en faire beneficier la sphere educative ?
Notre expertise sur les emplois en détachement et en mise à disposition que recèle la sphère éducative nous a permis de réfléchir à cette solution innovante, qui permettrait de répondre aux attentes déçues des syndicats qui appellent de leurs vœux un dispositif de « respiration » en cours de carrière pour les enseignants.
Actuellement, malgré la disparition annoncée des mises à disposition (c’est fort dommage), il demeure environ 5000 emplois en détachement sur des postes de non enseignants en France : organismes parapublics (EPA, EPST, EPSCP, EPIC, EPN en général), associations, etc.
Tous les contrats prévoient selon les structures un détachement de 1 à 5 ans renouvelable(s).
Il suffirait donc d’instaurer une rotation de ces postes afin que ces détachements puissent, dans le parcours de carrière des enseignants, ne constituer qu’une étape, avant de tenter par exemple un concours de chef d’établissement ou d’inspecteur (IEN, IA-IPR selon le statut initial du professeur). Ainsi l’enseignant aurait-il le temps de se familiariser avec les modalités et parfois les contraintes de la vie administrative, avant d’embrasser des carrières exigeantes comme Proviseur de Lycée ou Inspecteur Pédagogique Régional. Ce dispositif aurait l’avantage de fluidifier un système qui ne l’est pas justement.
Le dispositif accepterait (comme un mandat présidentiel…) un seul renouvellement de détachement avec un maxima de 6 années. Ainsi, dès le début du dispositif, la seconde carrière pourrait bénéficier à près de 1000 professeurs, puisque tous ces emplois sont actuellement occupés par d’ex-enseignants. Aide aux Profs a constaté que plusieurs centaines d’emplois en détachement se libèrent chaque année, et le dispositif pourrait se réaliser naturellement, à partir d’une date donnée, d’un « instant T ».
Pour que le dispositif fonctionne bien, et respecte l’investissement de chacun, l’effort que constitue pour le professeur de perdre son poste de titulaire et ses points de barème, le professeur pourrait poursuivre sa carrière selon ces options :
– réintégrer sur un poste d’enseignant avec un barème de 1000 points sur un vœu « groupe de communes », afin que cette réintégration ne soit pas synonyme d’un parachutage à l’autre bout d’un département, ce qui constituerait une valorisation « en nature » des compétences développées. C’est l’un des aspects essentiels du fonctionnement du dispositif pour en assurer la flexibilité, sans pénaliser les enseignants qui ont recours au détachement pour accroître leurs compétences en cours de carrière,
– réaliser une candidature spontanée auprès de son IA-IPR qui disposerait alors d’un vivier de compétences multiples, pour leur confier des lettres de mission, afin par exemple de concevoir des dispositifs de formation des enseignants en présentiel aux nouvelles compétences développées par l’ex-détaché. Paul Quénet, DAFCO de CAEN, et Jean-Baptiste Carpentier, ancien Recteur de Rennes, nous disaient que dans leurs académies, lorsque cela était possible, les personnels de retour de détachement se voyaient confier des postes à responsabilités dans différentes structures afin que leurs compétences puissent bénéficier à l’académie,
– préparer un concours interne dans ou à l’extérieur de la sphère éducative,
– réaliser une mobilité statutaire vers un autre ministère ou une collectivité locale,
– créer son entreprise en utilisant dans un premier temps le statut d’autoentrepreneur, tout en enseignant à plein temps, à temps partiel ou à mi-temps,
– bénéficier d’une année de disponibilité au retour de son détachement pour créer son entreprise dans le cadre du décret d’avril 2007,
– solliciter une indemnité de départ volontaire afin de disposer d’un pécule pour amorcer une nouvelle carrière hors de la Fonction Publique.
L’enseignant détaché serait formé par l’organisme d’accueil, ce qui constituerait pour les académies des économies en stages de formations pour les aspirants à la seconde carrière.
Voilà « le dispositif de Seconde Carrière ministériel que propose AIDE AUX PROFS au Ministre de l’Education Nationale et par conséquent à la Miseca, au lieu d’aller prospecter sur des emplois qui ne correspondent pas, dans leur grande majorité, aux compétences transférables des enseignants.
le MENESR recèle des gisements d’emplois, qui s’amenuisent au fur et à mesure des suppressions : RASED, mise à disposition. Il demeure encore les détachements : va-t-on aussi sacrifier un jour cette immense richesse ?
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