Malgré un rapport neutre de la Cour des comptes, la majorité semble décidée à en finir avec la scolarisation à deux ans. Quelques jours après la publication du rapport Papon, mardi 18 novembre, la Commission des finances du Sénat auditionnait le ministre de l’éducation nationale sur le rôle et la gestion de l’école maternelle en s’appuyant sur un nouveau rapport de la Cour des comptes. Xavier Darcos, absent, était représenté par Jean-Louis Nembrini, directeur de la Dgesco. Le président de la commission, Jean Arthuis s’était déjà exprimé contre la scolarisation à 2 ans. Son département accueillera les premiers « jardins d’éveil » imaginés par les rapports Tabarot et Papon. Le rapporteur spécial , Gérard Longuet, estime que la scolarisation à deux ans fait peser sur l’éducation nationale des dépenses qui relèvent de la famille ou de la Ville.
Les autres critiques sont portées par JL Nembrini. « L’école maternelle est une école » revendique-t-il. Le ministre veut en faire « une véritable école propédeutique aux apprentissages fondamentaux ». Dans cette conception de l’école, « à partir de quel âge peut-on entrer dans une école qui permette à l’enfant de se comporter comme écolier ? » interroge-t-il « Avant trois ans c’est difficile ». Il évoque également les pédopsychiatres « très réservés sur la possibilité de l’enfant à être socialisé à deux ans » et pour qui l’école à deux ans est source de traumatisme. L’éducation nationale s’accuse elle-même de mal traitance….
« La principale conclusion de notre rapport c’est qu’on continue à mal connaître l’école maternelle » affirme Jean Picq, président de la 3ème chambre de la Cour des comptes. Le rapport souligne la grande hétérogénéité des situations d’une commune à l’autre. Le taux de scolarisation à deux varie très fortement, en fonction des priorités communales. L’opposition qui est traditionnellement faite entre le jardin d’enfant nordique basé sur l’épanouissement et la socialisation et l’école maternelle française, qui se présente comme école, lui semble moins tranchée qu’il n’y parait, ce qui balaie l’argument du « traumatisme ». Quant à l’efficacité, le rapport égrène les rapports pour conclure qu' »il est difficile d’en tirer des conclusions définitives ». Le rapport n’omet pas les études positives , comme celle de C. Moisan et J. Simon, ou celle de la Depp en 2001, les travaux d’Agnès Florin ou ceux de l’Iredu. Tous concluent positivement sur l’efficacité de l’école maternelle particulièrement pouir les enfants défavorisés. Ils « trouveraient à l’école maternelle davantage de stimulations quant au vocabulaire ». Mais une étude de l’insee va en sens contraire.
Les sénatrices socialistes MC Blandin et F Cartron rappellent les conclusions des rapports en faveur de l’efficacité de l’école maternelle et de son coût : elle est trois fois moins cher que la crèche. D’où deux interrogations. Le ministère s’engage-t-il à scolariser tous les élèves dès les trois ans ? Et enfin qui paiera les frais du jardin d’éveil ? Aujourd’hui, si l’école maternelle coûte 12 milliards seulement 0,7 sont payés par les parents. Qu’en sera-t-il demain ?