Par François Jarraud
L’école harcelée
S’il est un mot qui résume ce numéro de novembre 2008, c’est le mot harcèlement.
C’est bien sûr parce que nous ouvrons un dossier sur le harcèlement entre élèves. Ce phénomène, connu internationalement sous le nom de bullying, est curieusement ignoré de l’éducation nationale. Il n’entre pas dans les logiciels de recueil d’information sur la violence scolaire (SIGNA par exemple) et n’a jamais été évoqué par les ministres alors même qu’il s’agit, à l’évidence, d’un phénomène massif et aux effets désastreux. Combien de nos élèves perdent confiance, s’absentent, décrochent suite au harcèlement, souvent verbal, de certains camarades. Il est aussi pour beaucoup dans l’échec scolaire ou les baisses de niveau, les bons élèves étant plus souvent harcelés. Nous avons donc cru nécessaire d’attirer l’attention sur lui en nous appuyant sur l’ouvrage de Nicole Catheline et sur l’expérience d’un enseignant et d’un CPE.
Mais le harcèlement c’est aussi celui que subit l’Ecole comme institution, soumise à des décisions et des attaques en rafales. Ce mois-ci c’est la maternelle, sous le feu du rapport Papon, qui est menacée de perdre la scolarisation à deux ans et peut-être à trois ans. Tout le primaire est fragilisé par la suppression décidée des Rased, ces réseaux d’aide spécialisée. Ces deux décisions seront désastreuses pour les familles les plus modestes. C’est aussi les attaques sur les éditeurs scolaires ou sur le système de mutations.
Sur la défensive l’Ecole continue pour autant par inventer. Vous le constaterez dans les différentes rubriques disciplinaires qui foisonnent de projets et de réalisations. Vous le verrez aussi dans l’article de Gérard Delbet qui évoque le centenaire de l’école Vitruve, une école expérimentale qui peut afficher ses résultats. Enfin c’est ce à quoi nous invite François Muller et André de Peretti dans leur ouvrage « 1001 propositions pédagogiques ». Mille et une comme dans les contes. L’Ecole faut encore rêver.
François Jarraud