Par Cécile Mathieu
Le site du mois : “Le site de Nadia et Patrick” de Nadia Pla
Dans les deux numéros précédents, nous vous avons présenté les sites et les réflexions de Georges Oucif (n° 94) et de François Gadeyne (n° 95). Après les portraits d’un professeur de lycée puis celui d’un professeur de classes préparatoires, voici l’interview de Nadia Pla, professeur de langues anciennes à Villepinte (93), au collège Jean Jaurès. Outre son métier qu’elle exerce avec passion, cette enseignante dynamique tient un site et un blog. Elle est par ailleurs secrétaire générale adjointe de l’association « Fortuna Juvat » fondée par Elisabeth Antébi autour du Festival Européen de Latin et de Grec, et membre de l’ARELAP (Association Régionale des Enseignants de Langues Anciennes de Paris), dirigée par Claude Aziza. Nadia Pla projette enfin d’ intervenir à partir de cette année sur l’art grec dans le cadre de la «Sophithèque », une école d’arts plastiques dirigée par son amie Sofia Flores.
Rappel :
L’interview de Georges Oucif :
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lenseignant/lettres/langues[…]
L’interview de François Gadeyne :
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lenseignant/lettres/langues[…]
Le site de Nadia Pla :
http://pagesperso-orange.fr/patrick.nadia/index.html
Son blog :
http://cheminsantiques.blogspot.com/
Le site de son amie Sofia Flores :
http://artsammeron.blogspot.com/
Comme d’habitude, il est préférable que vous découvriiez par vous–même le site de notre professeur du mois (cf. adresses ci-dessus). Nous vous invitons néanmoins à ne pas vous limiter au « Coin des antiquisants ». Ce site particulièrement riche démontre une fois de plus que lettres classiques ne riment pas avec enfermement dans un passé artificiellement glorifié. Les différentes pages de ce site constituent une véritable mosaïque dont l’unité profonde jaillit en prenant un peu de recul : une réelle joie de vivre et une soif de partage avec tous les passionnés de culture. Empreint de poésie, son blog au style chatoyant vous séduira par ses anecdotes originales ou ses réflexions aiguisées.
· Votre site foisonne de pistes diverses et variées, tel un labyrinthe dans lequel on s’égare volontiers ! Loin de vous limiter au domaine professionnel, vous développez des pages en lien avec vos différentes passions (musique, cinéma, zoologie, histoire de l’éducation…). A votre avis le métier d’enseignant va-t-il de pair avec la curiosité intellectuelle ?
Ø Oui, bien sûr. C’est ce qui permet d’encourager la curiosité des élèves eux-mêmes, et aussi de répondre à leurs questions pièges (« Y avait-il des femmes parmi les écrivains romains? », « Pourquoi les cas latins sont-ils rangés dans cet ordre? », etc.) ou d’avoir le courage de leur dire: « Je ne sais pas, mais je vais chercher. » Cela m’est arrivé plusieurs fois et les élèves étaient très fiers quand je leur ai dit que j’avais appris quelque chose grâce à eux.
· Dans le « coin Pédagogie », vous partagez très facilement les fiches de travail que vous mettez au point pour le français comme pour les langues anciennes. Comment expliquez-vous que de très nombreux enseignants ne le fassent pas (ou si peu), surtout dans nos matières littéraires ?
Ø Quand j’ai passé des heures à concevoir une fiche, je me sens un peu frustrée à l’idée qu’elle ne servira qu’une fois par an, et peut-être pas chaque année. Je trouve donc plus « rentable » de la partager. Je dois avouer qu’il y a aussi un peu d’orgueil à avoir conçu une fiche bien faite! Cela dit, ce que je publie sur internet ne représente qu’une infime partie de mon travail pédagogique: tout le reste est loin de me satisfaire autant !
· Consciente de la possibilité d’erreurs –comme chacun d’entre nous, vous n’hésitez pas à demander l’avis des internautes. Ce partage est-il important pour vous ? Avez-vous beaucoup d’échanges par ce biais ?
Ø Cette mention à la fin de chaque document est justement la recette pour dépasser la peur du jugement de mes pairs: je me dédouane à l’avance de mes erreurs! Je sais que je suis douée pour la méthodologie, mais beaucoup moins pour la langue latine. Dans les documents où j’avais fabriqué des phrases en latin, j’ai fait beaucoup d’erreurs, qui ont été corrigées par des collègues internautes, avec beaucoup de tact et de politesse.
· Avez-vous une idée de la diversité des internautes qui consultent votre site ? Ce site vous a-t-il permis de créer des liens que vous n’auriez pas pu établir sans internet ?
Ø Malheureusement, la majorité des personnes qui m’écrivent le font surtout pour me demander un renseignement ou la version Word d’un document. Rares sont les gens qui pensent à écrire un simple message de quelques mots quand ils ont apprécié un site, mais quand cela arrive, c’est toujours un moment de bonheur pour moi. Du coup, je pense maintenant moi aussi à laisser des petits mots de félicitations ou de remerciements sur les sites qui me charment.
· Vous renvoyez sur votre site à d’autres liens utiles en langues anciennes : que pensez-vous du développement des ressources informatiques concernant le latin/grec ?
Ø Une révolution culturelle, certainement. Pour prendre l’exemple du latin pratiqué comme langue vivante, avant internet, il existait la fameuse radio finlandaise, mais impossible à capter depuis la France, et divers cercles de discussion en latin, mais disséminés en Europe et très confidentiels. Maintenant, les radios et journaux en latin et les cercles de discussion du monde entier sont facilement accessibles pour tous, d’autant plus qu’ils se renvoient les uns aux autres. Quiconque veut s’y intéresser ne peut donc pas les manquer. Il en est de même des sites didactiques ou culturels concernant les langues anciennes.
· Un certain nombre de pages de votre site se présentent sous forme de questionnaires amusants, de devinettes, etc. Or les langues anciennes ont souvent rimé pour les générations précédentes avec sélection et austérité. Quelle est la place du jeu intellectuel dans notre discipline à votre avis ?
Ø Ah! Question épineuse! Dans toutes les matières, les activités ludiques permettent d’accrocher les élèves; mais le latin et le grec ont une spécificité due à leur statut d’option: on est tenté de faire plus de ludique pour les appâter, puis éventuellement pour les retenir. Le cours de latin de nos parents ou de nos grand-parents a fait place à une matière beaucoup plus amusante. Du coup, beaucoup de professeurs de langues anciennes se sont insurgés ces dernières années contre cet excès de ludique, arguant d’ailleurs que ce n’est pas ce qui plaît le plus aux élèves. J’ai en effet pu constater qu’une séance « bête et méchante » de traduction avait parfois plus de succès que des activités plus originales. Mais ne retombons pas dans l’autre excès! Comme en toute chose, il faut un équilibre. Je pense surtout qu’il ne faut pas que le jeu ne soit qu’un prétexte; mais si, à travers une activité ludique, les élèves pratiquent la langue et apprennent des choses (comme c’est le cas dans les activités que je propose sur mon site), je ne vois pas pourquoi on bouderait son plaisir!
· Une de vos rubriques concerne « l’antiquité gréco-romaine dans notre actualité », dossier très documenté que vous enrichissez au fil de vos découvertes et de celles de vos lecteurs ou élèves. Ce pont entre antiquité et actualité vous semble-t-il important ?
Ø Oui. D’abord, cela m’a permis de me rendre compte que le latin est très à la mode en ce moment dans les noms de marques, de produits ou d’entreprises; latin ou pseudo-latin: voyez par exemple tous les noms finissant en « -eo », en « -ior », en « -us », etc. D’autre part, d’un point de vue pédagogique, c’est un univers que les adolescents connaissent mieux: par exemple ils ne connaissent pas l’expression « une condition sine qua non », mais peuvent connaître la marque « Sinequanone »; beaucoup ne savent pas qu’un tandem est un vélo à deux places, mais certains connaissent un groupe (un duo, bien sûr!) de rock nommé « Tandem » (c’est d’ailleurs eux qui me l’ont appris!).
· Loin de vous limiter à la sphère gréco-latine, vous vous passionnez pour l’histoire du Proche-Orient dans l’Antiquité, notamment La Mésopotamie, mais aussi la réception dans notre culture occidentale de ville de Babylone.
· D’où vous vient cet intérêt ?
Ø Mon père, Hassan Massoudy, est Irakien. Je suis donc à moitié irakienne, et pourtant je n’ai jamais mis les pieds dans ce pays et je ne parle pas couramment arabe, bien que l’ayant étudié. Quand, il y a douze ans, j’ai dû choisir un sujet de mémoire de Maîtrise, le sujet s’est imposé à moi et m’a permis de relier mes racines culturelles gréco-latines avec mes racines naturelles mésopotamiennes. Depuis, je n’ai cessé de m’intéresser à ce thème. J’ai d’ailleurs décidé cette année de m’y remettre plus sérieusement dans le but d’écrire d’ici quelques années un livre documentaire et peut-être un roman historique.
· Pensez-vous qu’il faille continuer à admirer la civilisation gréco-latine, mais en la replaçant dans un contexte plus large, tout aussi intéressant ?
Ø Bien sûr. Les civilisations se sont toujours interpénétrées. Comment comprendre que les planètes du système solaire ont des noms de dieux romains si on ne sait pas que ce sont les Babyloniens, les premiers astronomes, qui ont nommé ces planètes du nom de leurs dieux, que les Grecs n’ont fait que les remplacer par les noms de leurs dieux équivalents, puis les Romains de même? Où encore, on s’étonnera moins que les récits du Déluge soient si semblables dans la Bible et dans la mythologie grecque si on sait que les deux s’inspirent d’un mythe sumérien.
· De très nombreux articles, livres, thématiques de programmes scolaires paraissent actuellement sur la notion de « Frontière » et de « Barbare » sous l’Empire romain. Est-ce le signe d’une période d’ouverture, de relativisme culturel ou bien de remise en question de nos origines culturelles basées sur la culture gréco-latine ?
Ø Peut-être prenons-nous tout simplement conscience que les villes grecques et romaines, comme celles du monde d’aujourd’hui, étaient pleines d’immigrés et de voyageurs. Les hommes célèbres du monde grec et romain étaient loin d’être tous des Athéniens ou des Romains de Rome. Mes élèves maghrébins sont toujours surpris et flattés d’apprendre que de grands écrivains latins et des empereurs romains étaient eux-mêmes maghrébins. Et le père d’Hésiode, un des plus vieux écrivains grecs (VIIIe-VIIe s. av. JC), venait d’Asie Mineure (et a d’ailleurs sans doute joué un rôle dans la transmission des mythes mésopotamiens, par l’intermédiaire des Hittites).
· Votre site est particulièrement original car vous le partagez avec votre mari, enseignant-chercheur en biologie dans l’enseignement supérieur. Etablissez-vous parfois des liens entre les sciences de la vie et les langues anciennes ?
Ø Mon mari, même s’il a fait du latin, me consulte parfois sur l’étymologie grecque ou latine d’un nom scientifique ; de mon côté, je lui demande parfois un éclairage sur des textes scientifiques antiques. Je cite à deux reprises dans les pages de notre site l’ouvrage de la linguiste Henriette Walter et du biologiste Pierre Avenas, Les noms des mammifères. Ce qui est amusant, c’est qu’Henriette Walter était pour moi une grande dame et Pierre Avenas un parfait inconnu et que c’était l’inverse pour mon mari. Pierre Avenas nous a contactés par la suite et nous a fait l’honneur d’avoir avec nous une discussion passionnante sur les noms du chameau et de l’éléphant!
· Vous avez ouvert assez récemment votre blog, « Chemins antiques et sentiers fleuris ».
· Le concevez-vous comme un lieu d’expression plus personnel ou avez-vous été simplement attirée par la souplesse d’utilisation de ces nouveaux journaux de bord ?
Ø Un site est organisé de manière thématique: les internautes peuvent y trouver une information sur un sujet précis à n’importe quel moment. Un blog, en revanche, a une organisation chronologique: ses lecteurs vont le consulter régulièrement pour y lire les derniers articles parus. Je crois que c’est ce moyen de s’attacher des lecteurs réguliers qui m’a séduite. Le contenu en est plus personnel dans le sens où j’aborde mes goûts, mes lectures, etc., mais pas ma vie privée (qui est en revanche discrètement présente sur notre site).
· La bonne humeur et l’optimisme semblent relier tous les sujets que vous abordez sur votre blog : est-ce une forme de sagesse héritée des philosophes de l’Antiquité ?
Ø Je ne pensais pas que cela transparaissait à ce point et j’en suis ravie! J’ose espérer que c’est un reflet de mon caractère! Cela dit, il est vrai que je suis une fervente adepte de l’Epicurisme et surtout du Stoïcisme. Tous nos contemporains devraient lire et relire au moins le petit Manuel d’Epictète (qui se lit en une demi-heure) et qui n’a rien perdu de sa force en notre XXIe siècle.
· En collège, l’enseignement du grec ne vous manque-t-il pas trop à l’instar de nombreux enseignants de langues anciennes ? Trouvez-vous des moyens pour combler ce manque ?
Ø Oui, il me manque beaucoup. Une année, j’ai tenté d’ouvrir une section en 3e: j’avais des élèves volontaires, mais je m’y étais prise trop tard, la DHG (dotation horaire globale) avait déjà été votée. Je lorgne aussi du côté de l’ECLA (enseignement conjoint des langues anciennes, qui consiste à enseigner en même temps le grec et le latin) dont témoignent parfois des collègues sur la liste de discussion Musagora. Mais pour l’un comme pour l’autre, cela se met en place en plusieurs années, or je demande chaque année ma mutation, j’ai donc du mal à faire des projets à long terme. Plus modestement, j’avais animé il y a trois ans un club de grec, bénévolement et à l’heure du repas. C’était passionnant, mais les élèves ne venaient pas tous régulièrement ; l’année suivante, au bout de deux mois je n’avais plus qu’une élève et j’ai laissé tomber. Aujourd’hui, cela me gêne aussi d’un point de vue déontologique. Cette année, le gouvernement veut nous imposer l’ « accompagnement éducatif », qui propose aux élèves un soutien scolaire, mais aussi des activités culturelles. Cela semble partir des meilleures intentions du monde: je pourrais y animer mon club de grec dans ce cadre, qui plus est en étant payée… jusqu’au jour où on viendra me dire que le grec ne sera plus enseigné comme une matière scolaire puisqu’il marche si bien en accompagnement éducatif! Le même danger guette des matières comme la musique, les arts plastiques ou l’EPS.
· Comment tentez-vous de transmettre aux élèves votre passion pour la culture antique ? Le statut d’option vous semble-t-il servir ou plutôt desservir les L.A. auprès des élèves?
Ø Nous avons déjà parlé des activités ludiques. J’aime aussi beaucoup leur raconter des histoires, les belles légendes des débuts de Rome, les ragots de la République ou les sagas familiales de l’Empire. Le statut d’option est à double tranchant: d’un côté, les élèves sont en général volontaires et souvent peu nombreux, ce qui est agréable ; de l’autre, le choix pour certains vient des parents et même chez ceux qui ont choisi d’eux-mêmes, la lassitude (ou la crise d’adolescence!) vient parfois infléchir la motivation en milieu de parcours, et alors le fait d’avoir des heures de cours en plus de leurs camarades remonte à la surface. C’est chez les élèves de 4e que je constate le plus de démotivation ; c’est pourquoi c’est en général avec eux que j’organise une visite au Louvre, qu’ils préparent eux-mêmes à l’avance à l’aide de la « base Atlas » (sur le site internet du Louvre, cette base répertorie toutes les oeuvres du Musée). Ils adorent et certains me remercient après la sortie, ce qui est mon plus beau cadeau.
· Avez-vous des possibilités d’utiliser les TICE comme support de cours ?
Ø Nous avons une salle informatique d’une douzaine de postes pour tout le collège: ce n’est pas l’idéal, mais j’y trouve mon compte.
· Quel intérêt l’informatique amène-t-elle dans l’étude des langues anciennes ?
Ø Là encore, il y a le côté ludique déjà évoqué. Certains élèves sont motivés simplement par le fait d’être en salle informatique. Je n’ai pas encore utilisé les sites d’exercices interactifs, comme « Gratumsdudium », « Crustula » ou « Ave discipule », mais je compte m’y mettre cette année. C’est surtout pour la recherche documentaire sur internet que j’utilise l’informatique en cours de langues anciennes. La même recherche pourrait se faire au CDI sur des supports papier, mais avec moins d’efficacité, surtout si des élèves ont besoin de consulter tous le même livre.
· Si vous disposiez de tous les moyens techniques souhaités, comment envisageriez-vous dans l’idéal les cours de langues anciennes ?
Ø J’avoue que je ne me suis jamais posé la question ; mais je vois depuis deux ans de jeunes collègues d’histoire-géographie faire leurs cours à l’aide d’un vidéo-projecteur et je me dis que ce serait bien utile pour tous les documents iconographiques qui éclairent les cours consacrés à la civilisation.
· Vos élèves ont-ils connaissance de votre site ?
Ø Je ne leur en parle jamais de moi-même, n’ayant pas de raison particulière de le faire en cours. Certaines années, un élève un peu plus curieux que les autres le découvre et me dit avec un oeil malicieux qu’il est tombé sur mon site internet. Une année, une élève m’a même dit avec un grand sourire qu’elle avait trouvé tous les documents qu’on avait faits ensemble avec leurs réponses! C’est depuis ce jour que je ne publie plus les réponses directement sur le site.
· Les médias stigmatisent systématiquement le 93, et encore plus les élèves de cette zone. Malgré des difficultés qui peuvent apparaître, quelle est la richesse de ces élèves ? Que représente pour eux l’étude de l’antiquité ?
Ø Par rapport au latin, il y a une différence très importante entre ces élèves et ceux des quartiers plus bourgeois. Pour ces derniers, le latin est souvent imposé par les parents et il véhicule une quantité de symboles: contrainte, vieillesse, tradition, élite, intellectualisme…, et je pense que certains arrivent en cours de latin déjà blasés avant de commencer. Au contraire, les élèves de mon collège ont souvent choisi le latin par eux-mêmes, ils arrivent en cours de latin avec un regard neuf, sans aucun a priori, et sont prêts à s’extasier sur la beauté d’un texte de Cicéron ; cette absence de références leur permet aussi de laisser libre cours à leur curiosité : leurs nombreuses questions sur les relations familiales, la sexualité, le racisme, l’esclavage, la politique, etc., leur permettent d’acquérir petit à petit la notion de relativisme des sociétés, notion selon moi essentielle pour devenir un être humain tolérant.
· Vous avez participé au festival européen de langues anciennes (FELG) créé par Elizabeth Antebi. Au-delà de votre conférence sur la Mésopotamie, que vous a apporté cet échange réel avec des amateurs de langues anciennes ?
Ø Mon amie Bénédicte Mas-Bridey et moi-même étions les deux premières inscrites à la première édition du festival en 2005 (tout à fait par hasard, d’ailleurs!) et Elisabeth Antébi nous appelle affectueusement ses « pionnières ». Le festival est chaque année un régal par sa diversité: conférences sérieuses, concerts, gastronomie, défilés de mode, etc. C’est aussi l’occasion de faire connaissance avec des gens formidables, aussi passionnés de l’Antiquité, qu’ils soient de grands pontes ou de simples amateurs.
· Est-il important de faire vivre les langues anciennes ailleurs que sur la Toile ?
Ø Oui et j’ai la chance de le faire aujourd’hui à travers deux associations dont je suis membre: l’association « Fortuna Juvat », fondée par Elisabeth Antébi autour du Festival Européen de Latin et de Grec, et l’ARELAP (Association Régionale des Enseignants de Langues Anciennes de Paris) dirigée par Claude Aziza. Ces deux associations sont très différentes puisque la première s’occupe surtout de préparer et de promouvoir le Festival, tandis que la deuxième organise des visites ou des colloques dont les intervenants sont en général les membres de l’association eux-mêmes. Mais l’esprit est le même: la pédagogie et l’éducation n’en sont pas les principaux objectifs, même si on peut en parler (et cela fait du bien de penser un peu à nous, à notre culture personnelle, et d’oublier pour un temps la transmission aux élèves), et surtout on ne s’y prend pas au sérieux, on y rit beaucoup. Ce n’est pas toujours du goût de tous et certains paraissent regretter le temps où, comme vous le disiez plus haut, l’ennui et l’austérité semblaient inhérents à l’étude des langues anciennes. Pour ma part, j’espère continuer encore longtemps à faire du grec et du latin en m’amusant.
Rappel des deux adresses :
http://pagesperso-orange.fr/patrick.nadia/index.html
http://cheminsantiques.blogspot.com/