Par François Jarraud
Après les collèges et certaines écoles, avec « Réussite au lycée » le ministère étend l’accompagnement scolaire à 200 lycées ZEP.
Le ministère a publié les deux circulaires de mise en place des dispositifs d’accompagnement scolaire dans 200 lycées défavorisés dès cet été.
La première concerne les stages d’été. Ils seront proposés aux lycéens ayant réussi le bac cette année et poursuivant des études supérieures ainsi qu’aux lycéens intégrant une terminale. » La première session se déroulera lors de la dernière quinzaine du mois d’août. Les sessions de stages se dérouleront sur une durée de deux semaines, à raison de quatre heures par jour, cinq fois par semaine. Une organisation sous forme de petits groupes d’environ 10 élèves sera privilégiée. Ces ateliers, centrés sur une compétence, un contenu disciplinaire ou un élément de méthode offriront aux lycéens une offre adaptée à leurs besoins ». Pour les bacheliers il s’agira d’une consolidation des savoirs. Pour les entrants en terminale, il s’agira de révisions, d’une aide méthodologique ou d’entrainement à la prise de parole. Les lycéens devraient être informés début juin. Avant vote du conseil d’administration, le dispositif sera soumis à la région. » Vous engagerez la concertation nécessaire avec le Conseil régional pour assurer l’accueil du public et l’ouverture de l’établissement dans de bonnes conditions ; cette concertation devra intégrer les conditions dans lesquelles il sera fait appel aux personnels TOS ».
S’agissant du dispositif de réussite scolaire, il » inclura notamment les composantes suivantes : l’aide au travail scolaire ; l’entraînement aux épreuves des examens ; l’élaboration et l’approfondissement du projet d’orientation ; la préparation à la poursuite d’études supérieures ». Il sera proposé aux élèves (toutes classes de l’établissmeent avant le 1er octobre 2008.
Concrètement les compétences suivantes pourront être demandées : entraînement à la dissertation, à l’oral, à une épreuve de langue vivante, à une épreuve de sciences. » Chacun des lycées inscrits dans le dispositif expérimental de réussite scolaire bénéficiera d’une dotation horaire supplémentaire, qui lui sera adressée avant les vacances d’été. Une enveloppe de moyens vous sera notifiée dans les prochains jours, sur la base de laquelle sera construit le dispositif. 1.500 assistants d’éducation supplémentaires, soit 7 en moyenne dans chacun des 200 lycées expérimentaux, seront mobilisés ».
Le communiqué
http://www.education.gouv.fr/cid21410/reussite-au-lycee-200-eta[…]
Le B.O. du 12 juin décrit le dispositif d’accompagnement scolaire qui sera mis en œuvre dans 200 lycées durant l’année 2008 – 2009 et cet été. On y trouvera également la liste des établissements.
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/bo/2008/24/MENB0800500C.htm
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/bo/2008/24/MENB0800501C.htm
Le privé bénéficiera aussi du soutien scolaire
Au congrès de l’APEL, les parents d’élèves du privé, Xavier Darcos a promis d’étendre aux collèges privés dès la rentrée prochaine le soutien scolaire de 16 à 18 heures.
Dépêche AFP
http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_nous/[…]
Analyse : Le soutien scolaire et le maître
En annonçant l’extension à tous les collèges, publics et privés, des heures d’accompagnement scolaire, Xavier Darcos répond certainement à une attente du public largement attestée par le succès des cours privés. Cette mesure est-elle susceptible d’atténuer les inégalités sociales à l’Ecole ? Est-elle sans effets sur l’Ecole elle-même ?
En 2005, un rapport du HCEE, rédigé par Dominique Glasman, avait mis en évidence les inégalités sociales générées par le soutien scolaire. Il écrivait alors : » Laisser les élèves et leurs familles seuls face aux devoirs et leçons est source d’inéquité. Le recours croissant à des aides extérieures à la scolarité, payantes mais financées pour une part par des avantages fiscaux, en témoigne. Cela ne peut laisser indifférents les responsables du système public d’éducation… La question qui se pose est en effet celle de la finalité du service public d’éducation : » faire réussir tous les élèves » ce n’est pas » faire réussir certains mieux que d’autres ». Et le HCEE demandait la mise en place d’un soutien scolaire public et gratuit.
La généralisation instituée à la rentrée peut aller dans le sens de la justice sociale. Mais les chiffres de cette année en zep montre que le dispositif ne bénéficie pas à toutes les familles. Le soutien scolaire, s’il peut constituer une chance pour certaines familles, ne remplace pas un réel effort éducatif en zep du type de celui préconisé par Picketty. Rappelons que celui-ci a démontré que la réduction forte du nombre d’élèves par classe en zep aurait un effet positif important sur le niveau scolaire.
On imagine mal également quel sera l’impact de son développement sur les pratiques pédagogiques des enseignants. Rappelons que le soutien ne sera pas nécessairement réalisé par eux. Dans ce cas le lien avec le travail de classe risque de se détendre. Or on a bien là un enjeu essentiel pour les enseignants : voir comment les élèves font leurs devoirs et par suite être capable de mieux les y préparer et prendre conscience de la lourdeur de ces travaux.
Là où il pourra être effectué par des enseignants, il pourra répondre à une faiblesse soulignée dès 2005 par D. Glasman. « Le principal carburant de la demande (de soutien scolaire) demeure l’incapacité du service public à assurer ses missions : l’insuffisance des dispositifs de soutien gratuits et le manque d’attention porté aux élèves au fur et à mesure qu’ils progressent dans le cursus… Se faire réexpliquer ce que l’on n’a pas compris n’est pas possible dans les conditions normales de fonctionnement de la classe, ça l’est dans le cours particulier ».
A ces conditions, le soutien scolaire pourrait remplir sa mission sociale, améliorer l’Ecole et générer sa propre mort. Des objectifs qui ne pourront pas être atteints par hasard.
Le rapport du HCEE
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2005/06/ind[…]
Accompagnement éducatif : l’Essonne consulte
« Les conséquences sur le budget départemental d’une éventuelle généralisation à tous les collèges essonniens conduisent aujourd’hui le Conseil général à s’interroger sur son implication dans ce dispositif, alors même que l’État s’engage uniquement à rémunérer les heures supplémentaires des enseignants volontaires ». Si le Conseil général de l’Essonne ne juge pas inutile le dispositif 16-18h , il entend ne pas se laisser dicter ses choix par l’Etat.
« Au-delà des exigences financières qu’engagent ces dispositions », écrit le conseil, « il importe à l’Assemblée départementale de discerner l’efficience du dispositif préconisé en matière d’égalité d’accès au savoir et à l’éducation ». Deux journées d’audition sont prévues les 11 et 12 juin.
Communiqué
http://www.essonne.fr/liens_pied_de_page/presse/detail_comm[…]