Par François Jarraud
Primaire, collège, L.P. : le ministre publie de nouveaux programmes dans l’urgence. Les programmes du primaire ont soulevé une vive opposition. Pour quelles raisons ?
X. Darcos publie les nouveaux programmes du primaire
« Je ne serai pas le ministre qui cède, je serai le ministre qui va au bout des réformes ». C’est sur un ton très combatif que Xavier Darcos a présenté, le 29 avril, le projet de programmes du primaire qui sera présenté au Conseil supérieur de l’éducation, autrement dit, le texte très probablement définitif.
Après avoir tracé un portrait très sombre de l’Ecole, il est revenu, tout au long de son discours, sur les critiques portées sur son projet, dénonçant ses contradicteurs en fossoyeurs de l’Ecole. « On me dit que les programmes rédigés entre 1998 et 2002 n’avaient pas encore fait leur preuve » s’est exclamé le ministre. « Comme s’il fallait encore sacrifier quelques générations scolaires de plus pour avoir l’assurance définitive de l’échec d’une certaine pensée scolaire ! Cette pensée, celle du pédagogisme ». Sur le même ton il a récusé les experts « En quoi le temps des comités d’experts, parfois auto-proclamés, toujours auto-désignés, était-il plus juste ou plus démocratique que cette consultation ouverte et transparente de l’ensemble des acteurs concernés de près ou de loin par ces nouveaux programmes ? »
Il s’est présenté en homme du consensus, rappelant les consultations menées. Il s’est appuyé sur un sondage qui donne 81% de parents en accord avec les nouveaux programmes (mais il a « oublié » de dire que 80% des mêmes jugent que l’école prépare bien les enfants au collège avec les anciens programmes…). En ce qui concerne la consultation des enseignants, il n’a pas mentionné le rejet majoritaire des programmes par les enseignants mais évoqué des « demandes de précision » ou des « demandes de compléments » sur certains points. La lecture de la consultation, qui est publiée, est pourtant éclairante. Pour prendre le point le moins conflictuel, si effectivement la très grande majorité des enseignants jugent les programmes « clairs », de nombreuses équipes accompagnent l’adjectif de précisions qui sont sans ambiguïté. « Clairs oui pour les parents et non pour les professionnels » notent les uns. « Oui parce que ne laissant place à aucune initiative… Les programmes sont trop clairs ! » notent d’autres. « Les horaires restent flous » précise-t-on encore ailleurs…
Par rapport à la version antérieure, le texte des programmes a évolué sur certains points.
D’abord la question des horaires est tranchée. Ainsi en ce2-cm1 et cm2, le français passe de 7 à 8 heures, mes maths de 5h30 à 5h, ce qui correspond au retour aux fondamentaux voulus par le ministre. L’EPS (le ministre parle de sport) est maintenu à 3 heures. La 4ème heure annoncée pourra avoir lieu durant l’accompagnement éducatif. L’horaire de langue vivante est inchangé (1h30). Par contre le reste diminue : 2h au lieu de 2h30 en sciences, 2 h au lieu de 3 pour les pratiques artistiques et l’histoire des arts et donc moins pour les pratiques), 2h au lieu de 3h30 pour l’histoire-géographie – instruction civique et morale.
Le lien avec le socle commun est affirmé avec ambiguïté, dans le sens où les programmes sont récapitulés selon les 7 domaines du socle. Mais leur conception reste totalement étrangère à la philosophie du socle et strictement disciplinaire.
Même ambiguïté pour les cycles. Les programmes sont découpés selon les cycles… mais la liste des « repères » à acquérir reste annuelle, ce qui fatalement jouera sur les progressions.
En maternelle, les programmes modifient la partie consacrée au principe alphabétique (voir l’analyse de R. Goigoux) répondant ainsi à certaines critiques mais ils apprennent à associer lettre et son et « découvrent le principe alphabétique ». La maternelle dispose également d’une liste précise d’acquisitions que l’enfant devra avoir acquis. Les enseignants sont invités à faire découvrir les « œuvres du patrimoine littéraire ». L’apprentissage du vivre ensemble est affirmée.
En français, le programme reste centré « sur l’essentiel« . La grammaire, les conjugaisons, l’orthographe gardent toute leur importance. L’enfant doit être capable au CM2 de conjuguer au plus-que-parfait, à l’indicatif futur antérieur, au conditionnel présent, de faire une dictée de 10 lignes sans fautes, et même de prendre des notes en cours. Mais l’étude de la voie passive, du passé antérieur, du subjonctif et du complément d’agent sont reportés au collège.
En maths, la résolution de problèmes la règle de trois devient une modalité de résolution parmi d’autres; la division par 2 et 5 est maintenue au CE1. La résolution de problèmes est encouragée.
En sciences, le ministre a retenu l’avis de l’Académie des sciences et les programmes affirment l’importance de l’approche expérimentale et de la démarche d’investigation. Le paragraphe sur la biodiversité est renforcé.
En culture humaniste, les pratiques artistiques sont renforcées, les références en histoire des arts allégés. Le ministre a promis la publication sur Internet de ressources pour ce nouvel enseignement. En histoire, l’approche traditionnelle est maintenue. La déclaration des droits de l’homme est intégrée dans les repères. L’instruction civique et morale reste inchangée.
On se rappelle que le Sénat avait conseillé à X. Darcos de publier des documents d’accompagnement conçus dans des termes qui lui permettent de renouer contact avec les enseignants. Ils sont annoncés mais leur diffusion pourrait n’être qu’électronique et le ministre veut des documents « clairs »…
C’est dire que la philosophie générale de ces programmes – catalogues de repères, reste sur le fond inchangée. C’est d’ailleurs clairement exprimé dans leur présentation. » Ce que ces programmes excluent absolument, c’est l’affirmation selon laquelle un seul modèle pédagogique devrait être privilégié en toutes circonstances et dans des classes forcément différentes. Ils invitent les enseignants à réfléchir librement aux meilleurs moyens d’atteindre les objectifs de réussite que la Nation a fixés à son école… C’est pourquoi la liberté pédagogique des enseignants va de pair avec de nouvelles modalités d’inspection des maîtres, davantage centrées sur l’évaluation des acquis des élèves. C’est une nouvelle conception du métier de professeur des écoles qui se dessine ». C’est peut-être ce que le ministre a dit le moins…
Les programmes
http://media.education.gouv.fr/file/nouveau_programme_du_[…]
Le discours de Darcos,la vidéo, le dossier de presse
http://www.education.gouv.fr/cid21246/projet-de-programmes-de-l-ecole-pr[…]
Les synthèses des circonscriptions
http://eduscol.education.fr/D0048/sommaire-syntheses-circonscriptions-2008.htm
Le dossier du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/Program[…]
Dont le texte de Goigoux
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/programmes_goigoux.aspx
Dans Libération, le pour et le contre
http://www.liberation.fr/actualite/societe/323833.FR.php
L’avis du Café dans Libération
http://www.liberation.fr/actualite/societe/323659.FR.php
L’analyse du Café : La nouvelle école de X. Darcos
« A la rentrée prochaine une nouvelle Ecole sera là ! ». Cette proclamation de Xavier Darcos a-t-elle une chance de se réaliser ? Et si oui, peut-elle déboucher positivement pour l’Ecole ? Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur les nouveaux programmes du primaire qui ne risquent pas d’être démenties substantiellement par les modifications communiquées le 29 avril. Soulignons ici quelques interrogations.
A quelle question répondent ces programmes ? Contrairement à ce que le ministre affirme, le niveau global des écoliers français ne baisse pas de façon significative. C’est du moins ce que montre l’étude internationale Pirls. Par contre il y a du souci à se faire pour environ un cinquième des élèves qui connaît des difficultés sérieuses. Pour ces jeunes issus des milieux défavorisés, souvent de l’immigration, en quoi les nouveaux programmes sont –ils une aide ? En renforçant le par cœur et les apprentissages précoces, ne prennent –ils pas le risque de renforcer l’échec en accentuant le découragement ? On imagine que s’attaquer à ces 20% nécessiterait un plan spécial avec des outils pédagogiques spécifiques. Ils sont totalement absents.
Quelle distance des programmes au terrain ? Entre la publication de nouveaux programmes et leur application sur le terrain il peut en temps normal s’écouler des années, pour une fidélité souvent imparfaite. S’agissant de programmes largement rejetés,on pourrait penser que la descente sur le terrain se fasse lentement. C’est oublier une des caractéristiques fondamentales des programmes Darcos. Accompagnés d’un discours de discrédit sur l’Ecole, ils se limitent à des listes de connaissances que les élèves doivent connaître. Dès lors on peut faire confiance à l’angoisse parentale pour exercer une pression continue sur les instits. Ceux-ci devront rendre des comptes en permanence et participeront, nolens volens, à la réduction de l’enseignement à une liste de repères à apprendre par cœur probablement plus tôt qu’escompté.
S’agit-il de programmes libéraux ? L’accusation a été repoussée par le ministre. Pourtant il y a bien rupture et les programmes affirment deux principes libéraux. Le premier c’est l’affaiblissement de l’Etat. Il reste prescripteur de résultats mais se désengage et des méthodes et du contrôle, largement assuré on l’a vu par les parents. Le second c’est la concurrence instituée entre les établissements. On sait que des évaluations nationales seront menées et que leurs résultats seront publiés. Cette mise en concurrence contribuera fortement au contrôle parental. On est bien là sur une conception idéologique qui veut que la concurrence bénéficie à l’Ecole et particulièrement aux mauvais établissements en les forçant à s’améliorer ou à disparaître. C’est la doctrine appliquée en Grande Bretagne ou aux Etats-Unis. Est-elle efficace ? IL n’est pas anodin de voir que là où elle a été testée, on assiste à un retour de l’Etat,par exemple dans les règles d’inscription en Angleterre, dans l’évaluation aux Etats-Unis.
Dans l’immédiat, le premier effet de la politique Darcos va peser fortement sur le métier d’enseignant. Sous l’obligation de résultat du fait de la nouvelle évaluation institutionnelle, sous le feu des parents forcément inquiets, abandonné au vide pédagogique, l’instituteur va voir ses repères professionnels déplacés. C’est là le défi que nous tend Darcos.
20 organisations demandent un moratoire sur les programmes du primaire
« Malgré les quelques retouches opérées et les avancées concernant l’école maternelle, les critiques de fond restent donc intactes : inadaptation et alourdissement des contenus, affaiblissement de leur dimension culturelle, conception mécaniste des apprentissages… Dans ce contexte, il y aurait danger à ce que soient instaurées de telles instructions, qui, loin de contribuer à la réussite de tous les élèves, pénalisent de fait ceux qui ont le plus besoin d’école. Il n’est pas encore trop tard pour éviter cela ». Vingt organisations, à savoir les 19 qui avaient déjà écrit au ministre en mars (l’Ageem, l’Afef, la Fcpe, les Cemea, le Crap, le Gfen, l’Icem, la Ligue de l’enseignement, le Snuipp, le Se Unsa, le Sgen etc.) auquels s’ajoute la Fédération des Pupilles de l’école publique, demandent à Xavier Darcos de surseoir aux programmes et de « prendre le temps d’une consultation ».
Le communiqué
http://www.fcpe.asso.fr/ewb_pages/a/actualite-fcpe-2133.php
Les réactions aux programmes du primaire
Les syndicats condamnent les nouveaux programmes du primaire. Pour le Snuipp, » c’est la déception qui domine à la lecture du nouveau projet de programme. Malgré quelques aménagements notamment en maternelle et dans une partie du programme de français, le ministre sous estime largement le contenu des réactions au projet de programme dont les orientations générales subsistent… Il est toujours marqué par une vision simpliste et mécaniste des apprentissages… La faisabilité du projet est en cause ». Le Snuipp demande la « suspension du projet » et invite les enseignants à manifester le 15 mai.
Le Se-Unsa « constate que les modifications apportées au projet de programmes pour l’école primaire visent d’abord un affichage d’écoute.. Cette nouvelle version ministérielle, au-delà de retouches cosmétiques, ne change pas les défauts de conception du projet : manque de rigueur scientifique, approches mécaniques des apprentissages, alourdissement des programmes avec moins d’heures de cours, déconnexion avec le développement psycho-affectif des enfants, inspirations nostalgiques éloignées des réalités sociales du XXIème siècle… Affirmer que l’on parviendra ainsi à « diviser par trois, en cinq ans » le nombre d’élèves en grande difficulté, relève de la méthode Coué ».
Alors que Luc Ferry, selon Darcos se serait rallié à ces programmes, Jack Lang maintient ses critiques. « Le plan Darcos est sans doute l’une des plus grandes fautes intellectuelles perpétrée contre l’école de la République » écrit-il. « Placer ce plan sous le signe du retour à l’essentiel est une forme d’imposture. L’essentiel y est, au contraire, maltraité. Pour l’enseignement du français, par exemple, les directives données aux maitres seront à la fois vagues et imprécises, à l’exception des règles de grammaire qui figurent déjà dans les anciens programmes. La réduction de trois heures des horaires, reléguera au second plan les matières qui peuvent apporter aux enfants la culture, l’ouverture au monde, le sens de la langue. Quelque soit les bonnes paroles officielles, les sciences expérimentales, l’histoire, l’instruction civique et la pratique des arts, seront pénalisées… Ce sont les enfants originaires des familles défavorisées culturellement et socialement qui seront les premières victimes de cet appauvrissement ».
Communiqué Unsa
http://www.se-unsa.org/presse/comm/page.php?id=080429
Du côté des enseignants
Les programmes du primaire semblent poser de sérieux problèmes aux instits. C’est ce qu’affirme le Snuipp après analyse de 612 synthèses d’école correspondant à 42 départements.
Selon le syndicat, ils sont jugés trop denses et incapables de faire réussir les élèves les plus fragiles. Les enseignants s’inquiètent également de la place restant aux sciences, à l’histoire-géographie alors que le français et les maths sont renforcés dans un cadre horaire diminué. Ils soulignent « l’accumulation de savoirs par cœur » et l’atteinte à la liberté pédagogique.
Ces traits sont soulignés aussi dans le courrier reçu au Café. Ainsi Philippe Delforge montre très concrètement que la diminution des horaires peut entraîner une véritable régression pédagogique dans l’enseignement des sciences.
C’est un point aussi souligné par la synthèse des circonscriptions de l’Aisne qui manifeste le « sentiment général d’un retour en arrière » avec « une vision frontale de l’enseignement basée sur une méthode uniquement transmissive ».
Communiqué Snuipp
http://www.snuipp.fr/spip.php?article5518
Du côté des experts…
Un avis positif : Jean-Louis Auduc : Encore un effort
« Le souci de cohérence des programmes, la nécessité de rendre les programmes lisibles à la totalité des familles est un enjeu décisif pour que les familles comprennent mieux une école qui s’est considérablement modifiée en une génération » écrit Jean-Louis Auduc, directeur adjoint d’IUFM, dans une tribune accordée au Café.
Les programmes Darcos seraient-ils parfaits ? Pas encore. « Un effort devra être fait dans les programmes du collège pour éviter les rédactions pédantes totalement incompréhensibles pour les familles qu’illustre notamment l’actuel projet de programme d’éducation musicale ».
La tribune de JL Auduc
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/Programmes_E[…]
Goigoux, Ouzoulias : Maternelle : La plus mauvaise idée depuis longtemps…
« La plus mauvaise idée en pédagogie de la lecture depuis très longtemps ». Dans Le Monde, la formule, de Goigoux et Ouzoulias, désigne le nouveau programme de maternelle tel que les programmes ministériels l’imposent. Ils sont appuyés par Michel Fayol et Jean-Emile Gombert.
Article du MOnde
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/04/15/l-enseig[…]
L’analyse d’André Ouzoulias
» Le pire n’est pas qu’une fois de plus (pensons à M. de Robien…), un ministre de l’éducation nationale cède au populisme en passant son temps à discréditer l’institution qu’il représente et à la faire passer pour une « fabrique de crétins ». Le pire est qu’il cherche à manipuler l’opinion pour justifier une révision complète des programmes de l’école primaire, lui faisant courir les risques d’un bouleversement général inspiré par des considérations purement idéologiques, sans diagnostic fiable, sans expérimentation préalable, en prenant pour cobayes les élèves les plus en difficulté en français oral et écrit, en maths et en sciences, qui seraient les premières victimes de cet aveuglement ». Dans un long article documenté, André Ouzoulias analyse les dernières déclarations de X. Darcos et les nouveaux programmes.
L’article remet en question des déclarations ministérielles sur l’échec scolaire et explique pourquoi les nouveaux programmes n’apportent pas de réponse aux difficultés scolaires. » Le ministre semble s’obstiner à faire passer, à coups d’arguments catastrophistes, le projet de programme qu’un cabinet occulte a griffonné en compilant les brochures des groupuscules « antipédagogistes » (GRIP, SLECC, Sauver les lettres, etc.), à contre-courant de l’évolution pédagogique internationale. Si ce projet est maintenu, l’opinion et la représentation nationale doivent savoir qu’il n’en résultera pas seulement une multitude de conflits stériles, des maîtres démoralisés, une baisse de l’efficacité de notre école et un long hiver pédagogique. Ce sera aussi la fin du « Socle » lui-même — pourtant voulu par l’actuel Premier ministre — à peine né, aussitôt mort et enterré. L’occasion historique qui était offerte à M. Darcos de redonner un élan à l’école de la République aura été pitoyablement gaspillée. Pour longtemps. »
L’article d’A Ouzoulias
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/OuzouliasDeclinologuesmentent.aspx
P. Frackowiak : Que veut dire « revenir aux fondamentaux » ?
« Affirmer que l’on va revenir aux fondamentaux, c’est déclarer, premièrement, qu’ils ont été abandonnés, et deuxièmement, qu’ils étaient au coeur des pratiques pédagogiques avant cette période désastreuse de l’abandon. Sans être expert de ces questions… on est en mesure… de comprendre que ces deux postulats sont totalement faux ». Pierre Frackowiak, inspecteur IEN, fait plus que dénoncer le mythe populiste. Il en annonce les conséquences.
Lire la suite sur le Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/programmes_Frack3.aspx
Programmes du primaire : le débat continue
« Satisfait », le Sénat. Il exprime sa « satisfaction » après la publication des programmes du primaire. Les sénateurs estiment que « les propositions formulées par la commission des affaires culturelles le 16 avril dernier ont en effet été très largement retenues ». Ils relèvent notamment que » les sept piliers du socle commun de connaissances et de compétences sont désormais pleinement pris en compte ; le rôle de l’expérimentation dans les sciences a été conforté ». Il y a quand même un point sur lequel le Sénat est peu entendu, c’est la démarche demandée au ministre vers les maîtres. « Il est sans aucun doute bon que les programmes soient rédigés dans une langue claire et compréhensible par tous. Pour autant, il n’y a à mon sens aucune nécessité à se priver des documents d’accompagnement qui permettent d’expliciter de manière technique et détaillée ces programmes à l’intention des enseignants » écrivait la Commission Valade. « Ces documents pourraient être les supports de toutes les clarifications à destination de la communauté éducative, afin de rassurer les uns et les autres ». Si des documents d’accompagnement sont annoncés par le ministre, leur date de publication, leur forme, les moyens de leur diffusion sont encore flous.
Satisfait aussi, bien sûr, le ministre qui a déclaré à l’AFP à Clermont-Ferrand lors du congrès de la Peep : » L’avenir de nos enfants est trop important pour l’abandonner aux idéologues et aux pédagogistes… Ce qui me préoccupe, ce n’est pas ce que les professionnels de l’éducation diront de ces programmes au cours des dix prochains jours, c’est ce que ces programmes permettront à nos enfants de devenir dans 10 ans ».
Insatisfaits, les syndicats, les experts et les formateurs. Ainsi le Sgen Cfdt qui demande à X. Darcos « d’abandonner l’idéologie et d’accepter un moratoire ». Le syndicat estiume que « ces nouveaux programmes redessinent l’École du passé » malgré quelques « habillages ». « L’idéologie qui a présidé à l’élaboration de ces programmes les rend tout à la fois mécanistes dans l’apprentissage et simplistes dans l’acquisition des savoirs. Le ministre le revendique d’ailleurs dans son discours de présentation,en accusant le pédagogisme de tous les maux, en dénigrant les “comités d’experts“, en ignorant l’avis des professionnels de l’Éducation… »
Le Snuipp Fsu invite à une lecture comparée du projet et du nouveau programme. La comparaison est confondante. On observe peu de modifications si ce n’est la suppression des formules les plus rétrogrades. Ainsi en maternelle, disparaît la référence aux « imagiers », l’obligation d’apprendre 10 mots par semaine en petite section ou encore la liste des consonnes à apprendre à ânonner en moyenne section. Disparaît aussi l’affirmation fausse mais révélatrice « le principe alphabétique régit la transcription des sons en français : une lettre transcrit un son ». On ne peut qu’inviter les maîtres à découvrir ces documents.
Toujours sur le site du Snuipp, le mathématicien Roland Charnay analyse en détail les programmes de maths. Il relève que » le volume de connaissances qui ont migré du cycle 3 vers le cycle 2 et du collège vers le cycle 3 reste quasiment aussi important que dans le projet initial » ce qui lui fait craindre un alourdissement des programmes. « Le travail sur la résolution de problèmes est mieux affirmé, mais le volume des connaissances exigées et la précocité de certains apprentissages compliquera sérieusement le travail des enseignants, amènera davantage d’élèves dans une situation de difficulté ou d’échec et ne permettra pas à beaucoup d’autres de parvenir à une maîtrise des notions qui en garantisse une disponibilité suffisante » ajoute-il.
Mécontents également les formateurs. A titre d’exemple, ceux de l’IUFM de Saint-Etienne nous ont fait parvenir leurs remarques. Ils demandent eux aussi un moratoire.
Communiqué Sénat
http://www.senat.fr/presse/cp20080430.html
Sur le Café L’Expresso du 17 avril
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/04/17042008A[…]
Comparaison Snuipp
http://www.snuipp.fr/spip.php?article5189
R Charnay
http://www.snuipp.fr/spip.php?article5531
Texte des formateurs Saint-Etienne
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/Motionformate[…]
Les programmes du collège
Après les programmes de français, les programmes d’arts, d’EPS, d’histoire-géo, de technologie sont soumis à consultation avant le 9 juin. Plus modérés que ceux de français, ces programmes feront certainement l’objet de commentaires.
C’est maintenant la réforme des programmes du lycée qui va être engagée avec la publication d’une « feuille de route » prochainement.
Les programmes
http://eduscol.education.fr/D0082/consult_coll_reste.htm
Sur le programme de français
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/04/09042008[…]
De nouveaux programmes pour le lycée professionnel
Alors que les programmes du primaire et du collège font déjà l’objet de débats, le ministère met en consultation de nouveaux programmes d’enseignement généraux pour le lycée professionnel. Ils concernent le français, les maths, l’histoire-géo, l’eps, les langues vivantes et même l’éco-gestion. Les enseignants ont jusqu’au 9 juin pour communiquer leur opinion.
Ces programmes sont construits pour un bac pro en 3 ans. Ils répondent donc à une attente des équipes du fait de sa généralisation. La question de l’articulation avec le programme de Bep n’est pas abordée de front mais on la devine dans certains choix de programmes qui sont aussi sous l’influence des programmes des lycées généraux. Il restera quand même aux équipes à inventer une progression totalement compatible avec les deux examens.
Les programmes