Par Françoise Solliec
Frédéric Larrieu, professeur d’éducation musicale au collège Le Puy d’Alon à Souillac (46), a été plusieurs années intermittent du spectacle et se trouve particulièrement à l’aise dans le domaine de la création musicale. Nous en avons eu un exemple au Forum des enseignants innovants de Rennes avec la présentation du projet fondé sur la comédie musicale Demain l’Aurore ; il nous explique ici comment il travaille en classe avec ses élèves.
« Le meilleur instrument, c’est le corps »
« Avec mes élèves, je travaille beaucoup dans la création » déclare Frédéric Larrieu. « Je les répartis par petits groupes et je leur demande de construire une mélodie à partir d’un nombre de syllabes donné. La demande que je leur fais est adaptée à leur niveau. Par exemple en 6ème, il s’agit d’écrire un refrain et un couplet sur une période de 5 semaines. Ils jouent ensuite leur mélodie devant les autres. Selon les histoires imaginées (seule règle, on ne parle pas de ce qui se passe au collège), je peux enrichir leur œuvre avec une musique d’ambiance. Ceux qui jouent d’un instrument peuvent jouer la mélodie avec, je leur écris alors la partition.
Dans un travail interdisiciplinaire avec le professeur de français, ils écrivent des chansons pour lesquelles on essaie de trouver des mélodies que j’écris en direct sur mon ordinateur. On a ainsi créé une cinquantaine de chansons qui sont ensuite reportées sur un CD ».
D’autres collaborations existent. « En 4ème, je travaille avec le professeur d’espagnol ; les chansons sont d’abord écrites en français, puis traduites en espagnol, en respectant le « patron » ce qui n’est pas simple. Là, je crée une mélodie au synthétiseur, en suivant le rythme du texte, à partir d’exemples proposés par l’enseignant d’espagnol, typiques du style qu’on veut illustrer ».
De manière assez classique, Frédéric Larrieu partage les activités de classe en 3 parties : travail sur les sons, travail sur les instruments, travail sur les partitions. Les différents logiciels disponibles, Print Music, Audacity, etc. sont souvent utilisés par les élèves qui s’en emparent bien. « J’utilise un videoprojecteur et on peut travailler sur les partitions. Je leur fais aussi découvrir la musique stochastique en travaillant à partir de récitations. Les poèmes sont scindés en petits morceaux et réarrangés aléatoirement avec leurs intonations. On peut aussi travailler directement sur des sons enregistrés qu’on ralentit ou qu’on accélère. Il n’y a qu’une salle informatique dans le collège mais j’arrive quand même à y emmener les élèves ».
Dans la découverte des différents genres de musique et de timbres d’instruments, l’identification joue un rôle important, mais les élèves ont aussi de mutiples occasions de découvrir par eux-mêmes la pratique de divers intruments, notamment piano, guitare et batterie. « En 6ème, on travaille beaucoup avec la batterie. Cela permet de repérer pas mal de difficultés psycho-motrices, car il faut arriver à coordonner ses gestes et à reproduire un rythme d’abord travaillé avec le corps. Si on arrive à chanter quelque chose, on arrive à le jouer : le meilleur instrument c’est le corps. Je leur fais aussi faire des choses très simples avec de petits synthétiseurs, en faisant par exemple réaliser des improvisations à partir d’un réservoir de 5 notes ».
Frédéric Larrieu considère que son travail n’est pas toujours facile, car la musique n’est pas forcément très bien considérée par les collègues, ni même par les familles. Le succès de la création de la comédie musicale Demain l’Aurore a cependant donné à ces activités une nouvelle dynamique. Beaucoup des élèves du collège postulent à l’atelier chorale (50 cette année) et le travail mené avec d’autres professeurs d’éducation musicale aboutira à une journée commune de représentation à Gourdon où près de 300 choristes vont monter sur scène.
Demain l’aurore
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