Par François Jarraud
Si tous les jours au Café on reçoit des ouvrages, certains arrivages suscitent plus l’attention que d’autres. C’est le cas quand la livraison du jour consiste en le programme de français du collège et l’ouvrage de Paul Robert, La Finlande : un modèle éducatif pour la France ?
videmment rien de plus antithétique que ce rapprochement. Paul Robert, agrégé et principal de collège, raconte sa découverte du système finlandais. On sait que le pays peut s’enorgueillir d’excellents résultats dans les enquêtes internationales. Ce qu’on sait peut-être moins c’est que tout le système éducatif est conçu pour éliminer le stress chez l’élève et le mettre toujours en situation de réussite.
Ainsi le jeune Finlandais ignore toute sélection avant d’atteindre 16 ans. Jusque là on aurait eu du mal à le sélectionner puisqu’il n’est pas noté. L’objectif annoncé est son épanouissement personnel, la réussite scolaire n’étant qu’un élément du tableau personnel de l’élève. Ajoutons que quand les notes apparaissent,par exemple au lycée, on juge normal de donner la possibilité au jeune de choisir un partie de son curriculum et de repasser les épreuves qu’il aurait raté. Quand on demande à un lycéen finlandais ce qui l’a surpris lors d’un séjour dans un établissement français il répond : « on ne faisait que recopier tout le temps. Les profs dictaient un texte qu’on devait noter tel quel et c’était tout le cours. On recopiait, on recopiait comme si ça suffisait pour apprendre ». C’est par ces méthodes que les jeunes Finlandais affichent un niveau culturel nettement supérieur à celui des jeunes Français.
Evidemment on est aux antipodes de l’idéologie qui sous-tend les programmes du primaire et du collège. Là l’élève est appelé à construire en autonomie, ici on assène les connaissances à l’état brut. Là l’apprentissage se fait dans une liberté qui responsabilise, ici on impose une progression rigoureuse où l’élève est passif. Là on s’appuie sur la sympathie et l’épanouissement, ici on cherche à transmettre l’autorité par la peur. Ici tout est organisé pour sélectionner et éliminer, voir expulser l’étranger, là on aide à sauter les obstacles et particulièrement on enseigne en langue étrangère quand c’est nécessaire pour mieux intégrer.
On pourra nous objecter que la Finlande est un petit pays, que la population y est moins hétérogène, que les tempéraments nationaux sont différents. C’est oublier l’essentiel. La question que nous adresse involontairement la Finlande ne tient pas tant à la géographie qu’à l’histoire. Cette école qui regarde les jeunes avec méfiance toujours, mépris souvent, haine parfois, qui fait du prof gifleur un héros, la Finlande l’a connu. Elle l’a abandonné et s’en portent bien. Nous, nous y revenons. Entre la Finlande et la France ce ne sont pas les kilomètres qu’il faut compter mais les années perdues.
Paul Robert, La Finlande : un modèle éducatif pour la France ?, ESF éditeur, 2008, 134 pages.
Présentation de l’ouvrage de P Robert
http://www.inrp.fr/vst/Ouvrages/DetailPublication.php?id=439