Par Gustave Dias
Un Dialogue Atlantique : Production des sciences du langage au Brésil, de Eni P. Orlandi et Eduardo Guimarães – A travers six études parcourant la production des travaux linguistiques au Brésil à partir de la seconde moitié du XXe siècle, cet ouvrage présente, par des trajets différents et complémentaires, les points décisifs dans la recherche sur le langage à partir du moment où la pensée brésilienne, prenant pour objet la production de connaissances sur le portugais, va établir un contact direct avec l’Europe, sans passer par le Portugal. Cet ouvrage fixe le cadre de la constitution de cette discipline : il étudie le développement de l’analyse du discours des deux côtés de l’Atlantique, les processus d’institutionnalisation de la langue nationale et le rôle normatif de ceux-ci aux côtés d’outils linguistiques comme les dictionnaires et les grammaires. Il fait ainsi le point sur l’histoire des sciences du langage au Brésil et constitue un dialogue intellectuel fécond entre la pensée brésilienne et la pensée européenne. – ENS – décembre 2007 – 138 pages – ISBN-10: 2847881182 – ISBN-13: 978-2847881189 – 23 €
L’Ecole et la rue : fabriques de délinquance : Recherches comparatives en France et au Brésil, de Benjamin Moignard – Préface de Bernard Charlot et Georges Felouzis – L’école ne fait pas que subir la pression de son environnement : elle participe aussi de manière insidieuse à la construction de la délinquance juvénile. Benjamin Moignard a pu l’observer en France, dans un quartier de la périphérie parisienne, où il a suivi et interrogé, des mois durant, des adolescents membres de plusieurs bandes locales, dans la rue et dans leur collège. Il a pu l’observer aussi au Brésil, où il a travaillé avec un gang d’adolescents appartenant à une faction locale de trafiquants de drogue d’une importante favela de la ville de Rio de Janeiro, en les accompagnant, là aussi, dans l’école et dans la rue. A travers une passionnante enquête de terrain, évitant tout sensationnalisme ou misérabilisme, l’auteur dépeint les modalités de construction des pratiques sociales des adolescents dans ces deux espaces. La comparaison internationale est ici l’occasion de taire de l’altérité un opérateur de connaissance, en interrogeant les liens d’évidence entre difficultés socio-économiques et violence à l’école, activité délinquante et scolarisation, déviance et adhésion aux normes dominantes. Une ouverture précieuse pour les acteurs de l’école et des quartiers. – Presses Universitaires de France – janvier 2008 – 213 pages – ISBN-10: 2130565077 – ISBN-13: 978-2130565079 – 26,00 €
Carnets sauvages (Diários da Floresta), de Betty Mindlin – (Chez les Surui du Rondônia) – Traduit du portugais par Meei Huey Wang – Betty Mindlin est arrivée en mai 1979 chez les Suruí, le long de la BR-364 qui relie Cuiabá à Porto-Velho, alors qu’ils conservaient encore intactes leurs coutumes et leur système traditionnel. Lors de ce premier séjour, elle a rencontré un paradis. On pourrait dire que les habitants du paradis l’ont trouvée à leur goût. Pas un jour où elle ne fut demandée en mariage malgré la protection et la prude affection du chaman Náraxar. C’est là, à l’abri des ocas, grandes maisons communautaires, entre les corps invitants de l’intérieur et les fantômes de l’extérieur, enveloppée par un chœur de rires amicaux, entre invites, jalousie, menace, cajoleries et petits travaux de la vie quotidienne, qu’elle apprend tout de ses hôtes et se découvre dans sa vérité de femme blanche et de mère éloignée des siens. Au long de sept voyages, elle connaît avec eux la guerre contre les trafiquants de diamants, la modernisation et la découverte du travail salarié… – Ces carnets, qui couvrent ses séjours entre 1979 et 1983, même et surtout parce qu’ils ont été revisités, retravaillés pour mettre en scène les gens et les mythes, sont soutenus par des observations anthropologiques rigoureuses mais jamais encombrantes dont la pertinence s’impose au regard de cette ethnologue enjouée, choisie et adoptée par « ses Indiens préférés ». – Betty Mindlin, curieuse et gourmande, fait du lecteur son compagnon de voyage et nous raconte ce monde différent avec une simplicité, une vitalité et une acceptation de l’autre exceptionnelles. – Editions Métailié – avril 2008 – 352 p. – ISBN-10: 2864246511 ISBN-13: 978-2864246510 – 21 €
Le Vol de l’Ibis rouge (O Vôo da guará vermelha), de Maria Valéria Rezende – Traduit du portugais par Léonor Baldaque – Une prostituée atteinte du sida et un jeune manœuvre analphabète qui transporte un coffre plein de livres se rencontrent par hasard. Il a besoin que quelqu’un l’écoute. Elle a besoin d’exister pour quelqu’un qui la désire avec sincérité. Anonymes et invisibles, ils joignent leurs misères et s’évadent dans un autre monde où l’imagination change la réalité et rend la vie un peu plus supportable. Maria Valéria Rezende construit une narration à la fois simple et raffinée, mêlant éléments de la culture populaire (les romans de Cordel) et de la culture érudite (les Mille et une Nuits ou le Quichotte), dans un style musical et travaillé jusqu’à atteindre une extrême limpidité. – Editions Métailié – mars 2008 – 192 p. – ISBN-10: 2864246465 – ISBN-13: 978-2864246466 – 18 €
Nous combattrons l’ombre (Combatiremos a Sombra), de Lídia Jorge – Traduit du portugais par Geneviève Leibrich – La nuit du passage à l’an 2000 va changer toute la vie d’Osvaldo, le psychanalyste, qui se définit comme un simple déchiffreur d’histoires. Autour de lui, la réalité commence à se modifier, comme les histoires que lui racontent ses patients dans le silence de son bureau. Cette nuit-là il perd sa femme mais en rencontre une autre, et sa “patiente magnifique, la visiteuse du soir”, se prépare à lui révéler un secret qui va le placer devant une réalité clandestine aux répercutions incalculables. Ce roman inquiétant nous plonge dans la vie intérieure d’Osvaldo, confronté à un combat qui le dépasse. Le lecteur, placé à un point d’observation unique, partage cette tension psychologique, sous la conduite d’une romancière qui nous a toujours montré qu’il n’existe rien de plus réel que l’onirique et rien de plus fantastique que le réel. Le titre n’est pas une incitation militante à combattre les ombres de la société moderne mais le constat de l’ironie qu’il y a dans l’impossibilité d’atteindre les auteurs du mal et de ne pouvoir combattre que leur ombre. Les crimes dont parle ce roman sont l’un des ingrédients de la grande tromperie qui constitue nos sociétés et que révèlent les rêves du psychanalyste. C’est un roman sur le risque de vivre pour l’homme ordinaire face au monde totalitaire que la modernité est en train de créer. – Ce livre a reçu dès sa sortie le Grand Prix de la Société des Auteurs Portugais. – Editions Métailié – mars 2008 – 448 p. – ISBN-10: 2864246449 ISBN-13: 978-2864246442 – 22 €
Confins n°2 – 1° semestre 2008 – Confins est une revue franco-brésilienne de géographie, sur support électronique, en texte intégral. Créée en 2006, elle est consacrée à la publication d’articles originaux, en français ou en portugais et à des traductions d’articles existants. Abondamment illustrés, les articles portent sur des sujets brésiliens, français ou autres, avec une priorité donnée aux articles comparatifs et aux articles de Brésiliens sur l’Europe. – Sommaire du N°2
http://confins.revues.org/sommaire1103.html
Lusomondialisation? L’économie politique du Brésil de Lula, Lusotopie volume XIV-2 – Le gouvernement Lula et l’ascension politique de la grande bourgeoisie intérieure brésilienne – Les débats de politique agricole et de développement rural dans le Brésil de Lula – Entre multilatéralisme et intégration régionale : la politique commerciale du gouvernement de Lula – La globalisation au Brésil, responsable ou bouc emisssaire ? – Política social focalizada e ajuste fiscal : as duas faces do governo Lula – Metamorfose da pobreza no Brasil – O início do segundo mandato de Lula e o Plano de aceleração do crescimento – Sommaire du volume XIV-2
http://www.lusotopie.sciencespobordeaux.fr/somma2007-2.htm