Par Françoise Solliec
L’entrée en seconde est un moment clé du parcours scolaire. De nombreux élèves se retrouvent dans une voie professionnelle qu’ils n’ont pas réellement choisie et dont ils vont décrocher rapidement, d’autres ne vont pas franchir le cap des exigences (connaissances ou organisation du travail) requises dans les filières générales et devront redoubler ou être réorientés, d’autres enfin s’interdisent des parcours d’excellence par manque de culture sociale ou d’ambition des familles.
Il y a huit ans, naissait le dispositif régional « Réussite pour tous » dont les premières actions soutenaient deux structures de rescolarisation, le lycée Jean Lurçat de Paris et le micro-lycée de Sénart. Aujourd’hui le dispositif soutient environ 130 actions dans plus de 160 lycées, dont une majorité sont consacrées à la prévention du décrochage, notamment en termes de lutte contre l’absentéisme ou de soutien linguistique, et à la rescolarisation.
Si les établissements proposent en priorité d’accentuer leurs efforts pour une meilleure intégration et le mieux-être des élèves de seconde en difficultés scolaire, personnelle ou sociale, d’autres visent à démocratiser l’accès aux grandes écoles et à éveiller l’ambition de la réussite scolaire chez les élèves les plus socialement défavorisés.
Mais, quelles que soient les actions réalisées, elles reposent toutes sur la mise en activité de l’élève : définition d’un projet personnel, pédagogie individualisée, apprentissage méthodologique, ouverture culturelle et professionnelle, revalorisation de l’image de soi et éveil d’une confiance en soi et en ses compétences. Nous vous en proposons trois illustrations, qui mettent bien en valeur les succès mais aussi les limites que rencontrent ce type d’efforts. Au lycée René Cassin d’Arpajon, le partenariat avec l’Ecole supérieure d’électricité permet de se faire poser la question « Une grande école, pourquoi pas moi ? » à quelques élèves choisis parmi les plus socialement défavorisés. Au lycée Jean Renoir de Bondy, inscrit dans l’opération « Secondes expérimentales », menée en partenariat avec l’Institut d’études politiques de Paris, c’est toute une méthodologie d’apprentissage et d’ouverture qui se vit pour près de 200 élèves, au contact d’une équipe d’enseignants soudés qui font une réalité du décloisonnement et de l’interdisciplinarité. Enfin, dans sept lycées professionnels parisiens, c’est une démarche très organisée qui est menée pour tenter de rescolariser, ou du moins de maintenir au lycée, les élèves décrocheurs.
Pour ceux qui refusent ou ne peuvent bénéficier des structures lycéennes, y compris dans les formules très aménagées offertes par exemple par le lycée Jean Lurçat, les missions locales jouent un rôle important d’accueil d’information et d’orientation. C’est en particulier grâce à elles que se font la plupart des entrées dans une école de la seconde chance.
En Ile-de-France cinq de ces écoles, réparties sur huit sites, offrent à des candidats motivés une formation qualifiante, débouchant sur une intégration professionnelle grâce à des techniques exemplaires d’ingénierie de formation et à un solide panel d’entreprises partenaires.
Mais, avec un public de 4 000 stagiaires en 2007 dans l’ensemble des écoles de la seconde chance françaises, la volonté des régions et celle du président de la République de développer ce dispositif paraissent bien limitées au regard du gâchis humain que représentent les plus de 100 000 sorties annuelles du système scolaire sans qualification. Ne faudrait-il pas alors aussi multiplier les efforts dans les écoles de la première chance, pour prendre en charge le plus tôt possible les difficultés des élèves et leur offrir cette pédagogie active et individualisée que les dispositifs de remédiation utilisent unanimement, car elle constitue une véritable arme contre le décrochage ?