Par Françoise Solliec
Dans un contexte de relative stabilité des emplois enseignants 1er degré et de baisse importante des emplois 2nd degré, les recteurs se sont livrés à l’exercice annuel de répartition des moyens pour la rentrée 2008. Alain Boissinot, recteur de Versailles, expliquait le 18 janvier à la presse quelle serait pour son académie la traduction locale de la politique nationale.
Au niveau national, l’augmentation globale des effectifs élèves dans le 1er degré (+ 17 000) et le souhait d’améliorer l’encadrement de ces élèves dans les académies dont les effectifs sont stables ont conduit à la création de 700 emplois, aucune académie n’en perdant. Mais, conformément à la demande de Xavier Darcos, les propositions d’ouvertures et fermetures de classe entraînées par les évolutions d’effectifs au niveau des départements et des écoles ne seront connues qu’après les élections municipales.
La baisse des effectifs élèves, – 34 000 essentiellement en lycée, et le souhait de rationalisation des moyens enseignants se sont traduits dans le second degré par une perte de 8 830 emplois : 3 200 postes supprimés, ainsi que l’équivalent de 2 130 emplois temps plein dû à la suppression de plus de 4 000 postes de stagiaires, et 3 500 postes transformés en heures supplémentaires.
Dans l’académie de Versailles, les effectifs élèves du premier degré sont relativement stables et la dotation d’emplois en légère hausse (+ 7). Compte tenu des grandes difficultés scolaires du Val d’Oise, ce département bénéficiera d’une attribution supplémentaire de 25 emplois, son P/E (nombre de professeurs pour 100 élèves) passant ainsi à 5,30. L’Essonne verra aussi sa dotation augmenter (+ 10 emplois, pour un P/E de 5,15). La dotation des Hauts-de-Seine sera stable, mais son P/E de 5,14 en progression, de même que celui des Yvelines (5,14) dont la perte en élèves permet une diminution d’emplois de 35, tout en améliorant son taux d’encadrement.
Les effectifs prévisionnels d’élèves du second degré sont en baisse d’environ 3 300, poursuivant cette tendance pour la troisième année consécutive. En termes de postes, l’académie enregistre une perte nette de 578 emplois temps plein (dont 302 transformés en heures supplémentaires, représentant environ 230 000 heures supplémentaires effectives, hse) et de 172 postes de stagiaires IUFM.
Selon les affirmations du ministère, reprises par Alain Boissinot et ses collègues, la transformation des emplois en hse n’aura aucune conséquence sur les taux d’encadrement des élèves, même si d’aucuns s’interrogent sur les capacités des enseignants en poste à absorber ce volume. La régulation annoncée sur Versailles devra donc être répercutée uniquement sur les filières et les établissements perdant des effectifs, de manière à répondre aux deux objectifs fixés par le recteur : maintien des taux d’encadrement des élèves et augmentation des capacités d’accueil des filières professionnelles.
Les évolutions de la carte des formations professionnelle, décidées en concertation avec la région Ile-de-France, à partir des éléments fournis par les différentes enquêtes et études sur l’insertion professionnelle, portent depuis 3 ans sur une suppression des filières de BEP, notamment tertiaires et dans certains secteurs de production, au profit de créations de filières de CAP et, surtout, d’ouvertures de Bac pro 3 ans, le nombre des filières de Bac pro 2 ans restant stable. A la rentrée 2008, ce sont près du tiers des élèves quittant la 3ème pour entrer dans la voie professionnelle qui seront accueillis dans les formations Bac pro 3 ans.
Même si Alain Boissinot estime que ces évolutions se feront « tout naturellement », on peut s’inquiéter des conséquences qu’auront la suppression des BEP pour les personnels enseignant des disciplines propres à ces formations, qu’ils soient titulaires ou contractuels. On sait de plus que certains élèves auront de réelles difficultés à faire le cycle complet en 3 ans au lieu de 4.
On peut par ailleurs imaginer, même si rien n’a été précisé à ce sujet, qu’une grande partie des hse fabriquées à partir des transformations d’emplois serviront à financer les actions d’accompagnement éducatif qui devraient, à la rentrée 2008, concerner tous les collèges, et les écoles des réseaux d’éducation prioritaire.
Aujourd’hui, selon un premier bilan, 191 collèges ont mis en place cet accompagnement dans l’académie de Versailles, les 97 collèges ZEP et 94 autres. Hormis les 40 collèges des Hauts-de-Seine que le conseil général du département a tous souhaité financer, les actions d’accompagnement financées dans les collèges non ZEP, avec le soutien des conseils généraux, se sont adressées en priorité aux élèves issus de familles socialement défavorisées.
Le bilan des activités fait apparaître une répartition de 2/3 d’aide aux devoirs, 1/5 pour les pratiques artistiques et culturelles, le reste pour des actions sportives. Plus de la moitié des élèves de l’éducation prioritaire en bénéficient (61% des élèves de 6ème), soit une proportion bien supérieure à celle attendue (un tiers des élèves), ce dont se félicite le recteur.
Notons enfin que l’académie de Versailles est l’une des 4 académies qui devraient voir à la rentrée la mise en place d’au moins un collège innovant, selon la formule proposée par Gabriel Cohn-Bendit et actée par le ministère. Interrogé par le Café à ce sujet, Alain Boissinot a estimé qu’il était encore trop tôt pour parler réellement d’un projet dont l’académie vient d’être informée et qu’elle a accueilli avec circonspection. Selon lui, l’établissement d’accueil devrait être de taille moyenne, non déjà engagé dans un processus d’expérimentation, ce qui exclurait les collèges ambition réussite, et son équipe éducative devrait être disposée à travailler sur un tel projet. Une réponse plus précise sera donnée fin janvier.