François Gadeyne
Le festival des langues anciennes
Quatrième numéro : c’est parti !
La quatrième édition du festival des langues anciennes, patronné par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, parrainé par Jacqueline de Romilly, aura lieu à la Manufacture de Nantes, du 4 au 6 avril 2008. Le thème retenu pour cette année est plus stimulant que jamais : « L’exploration du monde : tourisme, guerre, science ». Un nouveau site, plus clair que l’ancien, publie toutes les informations utiles. On y trouvera le détail du programme de ces journées, un programme époustouflant (quel autre mot utiliser ?) : stands, ateliers pédagogiques, tables rondes, concerts, conférences (de Jacques Gaillard notamment), fêtes (un karaoké, et une soirée hip hop en latin par exemple !), …etc. On l’aura compris : le « festival européen latin grec » a pris, au cours des ans, une ampleur étonnante. Ce rendez-vous des amoureux de l’Antiquité est devenu une occasion unique d’initiation, de découvertes, et de rencontres… et de joie, tout simplement !… et, peut-être, un nouveau point de départ pour les Humanités…
http://www.festival-latin-grec.eu/
Entre science et littérature
Le Vésuve et la littérature
Voilà presque vingt siècles que le Vésuve est en éruption… intellectuelle ! Du 18 au 21 décembre derniers a eu lieu, à Naples, un colloque transdiciplinaire, intitulé « Le Vésuve en éruption » : entre science et littérature, la fameuse éruption du Vésuve, qui détruisit Pompéi et Herculanum en 79 après Jésus-Christ, et qui permit également – par un fascinant paradoxe – de conserver ces deux villes dans l’état dans lequel on les connaît – n’a cessé de poser la question du regard de l’homme sur la nature.
Le programme de ce colloque est à lui seul une invitation stimulante à explorer les multiples aspects de cet événement.
http://www.fabula.org/actualites/article21230.php
Portrait
André Charbonnet
Depuis quelques mois, André Charbonnet publie, sur le forum de grec d’usenet et sur ses pages personnelles, une anthologie de poèmes grecs dont les auteurs sont des femmes : Télésilla, Phygo, Phémonoé, Thargélia, Callistraté, etc. Ce ne sont pas moins de soixante poétesses qui sortent de l’ombre… Nous avons voulu en savoir un peu plus sur ce Suisse romand qui vit en Grèce, et dont la vie semble avoir pour fil rouge l’amour de ce pays et de sa culture.
François Gadeyne. – André Charbonnet, qui êtes-vous ?
André Charbonnet. – J’ai obtenu une maîtrise d’archéologie, histoire ancienne, grec et latin (avec beaucoup de cours de philo grecque et de linguistique indo-européenne) en 1977. Puis j’ai été pendant quatre ans assistant de recherche à l’UNIL pour une recherche épigraphique, ce qui m’a valu de faire des fouilles et des campagnes avec l’Ecole suisse et l’Ecole française d’archéologie en Grèce.
Les débouchés étant plus que restreints dans le domaine, et m’étant aussi un peu fâché avec l’institution, je me suis lancé dans l’enseignement, où j’ai eu beaucoup de plaisir et de joies à ouvrir aux humanités des enfants issus d’un milieu essentiellement paysan et ouvrier, dans un petit collège de campagne, avec des classes de… un à quatre hellénistes par exemple. J’ai ainsi enseigné l’histoire antique en CM2, le grec et le latin au collège (pendant vingt ans) et au lycée (pendant dix ans). J’ai également collaboré aux trois manuels de grec utilisés en Suisse romande, à un bouquin de vocabulaire latin, et au bouquin d’histoire ancienne utilisé actuellement en CM2, toujours dans le canton de Vaud.
FG. – Dans quel cadre poursuivez-vous aujourd’hui vos études grecques ?
A.C. – Ayant toujours aimé le grec (ancien et moderne) et étant marié à une Grecque – j’ai même été pendant six ans président de l’Association des Amitiés gréco-suisses, qui édite une très belle revue annuelle intitulée Desmos – j’ai quitté l’enseignement, où le grec était plus que menacé – un collègue me dit que le grec est quasi mort dans le canton – pour m’installer en Grèce, où je fais des traductions.
FG. – Comment avez-vous découvert ces poétesses grecques que vous traduisez depuis quelques mois ? Dans quel but publiez-vous ces traductions sur la toile ?
A.C. – C’est à la suite d’une petite question sur le forum de latin, à propos des poétesses romaines, que j’ai eu la curiosité de partir à la recherche des poétesses grecques autres que Sappho, Corinne ou Erinna, trop souvent récupérées par certains sites « sapphiques », etc., et qu’à ma grande surprise j’en ai découvert près de soixante… Enfin découverte pour moi, évidemment ! Ces nugae n’ont d’autre prétention que d’entretenir l’intérêt autour du grec ancien…
Mon but : aucun, sinon rappeler que « les langues mortes n’ont pas dit leur dernier mot »… Quant à l’esprit dans lequel je m’intéresse au grec ancien, ce n’est pas pour rien que j’ai choisi comme pseudonyme le nom de Chaeréphon, l’ami d’enfance de Socrate. Pour moi qui suis issu d’un milieu ouvrier et paysan, le grec a été une ouverture formidable et irremplaçable.
FG. – Vous publiez vos traductions en double : sur le forum de grec, d’une part, et sur vos pages personnelles, de l’autre. Vous être très présent sur les forums d’antiquisants ; vous avez par exemple contribué à la traduction et à l’explication d’un passage de Cléomède sur Eratosthène et le calcul de la circonférence de la terre. Pourquoi cet intérêt pour les forums de discussion (newsgroups) ?
A.C. – Participer aux forums de latin et de grec m’est une détente, même si parfois certaines contributions sont agaçantes, et je n’ai rien à prouver, à défendre, à vendre et « Je ne crains rien, je n’espère rien, je suis libre », selon la belle formule de Kazantzakis.
À découvrir en ligne :
– la page sur les poétesses grecques
http://users.otenet.gr/~sarbonne/poetriai.htm
– le « cabinet de curiosités » d’André Charbonnet
http://users.otenet.gr/~sarbonne/index.htm
– le forum de grec d’Usenet
news://fr.lettres.langues-anciennes.grec
– « la mesure de la circonférence de la terre par Eratosthène », sur le site de Robin Delisle
http://mapage.noos.fr/anaxagore/Eratosthene.html