Bruno Suchaut fait le point sur l’Ecole
Analyseur exigeant de l’efficacité de l’Ecole, Bruno Suchaut, chercheur à l’IREDU, vient de rassembler un certain nombre de ces travaux dans une publication universitaire. Il revient notamment sur ce qu’il considère être nécessaire pour développer l’efficacité et réduire les inégalités. Un chapitre développe ses recherches récentes sur les compétences qui, lorsqu’elles sont échouées au CE2, risquent d’être les prédicteurs de difficultés au collège si elles ne sont pas prises très au sérieux au cycle III.
Un texte scientifique exigeant à lire pour tous ceux qui souhaitent se tenir aux courant des acquis de ce courant de recherche.
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/19/98/57/PDF/07068.pdf
La moitié des écoliers en difficulté en histoire – géographie
« Seuls les élèves des groupes 4 et 5 (28%de la population) seraient ceux dont les performances peuvent permettre de considérer qu’ils maîtrisent de façon satisfaisante les exigences de connaissances et de compétences attendues par les programmes de fin d’école primaire. Les élèves du groupe 3 (30,4%de la population) ont un taux moyen de réussite de 66%pour la mobilisation de connaissances mémorisées et de 63%pour le traitement de l’information… On peut considérer que les élèves du groupe 3 atteignent en partie les exigences attendues en fin d’école primaire mais n’ont pas encore structuré leurs connaissances et compétences spécifiques en histoire, en géographie et en éducation civique en tant que disciplines à part entière. Ils devraient, au collège, faire l’objet de vigilance, pour, dans ces disciplines, assurer leurs connaissances ». L’étude de la Depp établit que 15% des écoliers de CM2 sont en très grande difficulté dans ces disciplines et un tiers en difficulté.
Pour la Depp, « les difficultés rencontrées à des degrés divers dans ces disciplines par quatre élèves sur dix sont étroitement liées à leur maîtrise insuffisante, voire très insuffisante, de la langue française et du langage ».
L’étude
Surle Café, une étude récente sur l’enseignement de l’histoire-géographie
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2007/12[…]
Quelles aides pour améliorer le français écrit ?
Dans le cadre des études québécoises commandées par le ministère de l’éducation, Pascale Lefrançois (université de Montréal) a étudié les différents dispositifs d’aide aux élèves. Elle montre que tous ne sont pas également adaptés aux différentes classes d’âge. » Les mêmes interventions didactiques n’ont pas nécessairement les mêmes effets dans les différents ordres d’enseignement « , estime P. Lefrançois. « En regardant de plus près les résultats, l’équipe s’est aperçue que, pour chaque ordre d’enseignement, certains types de mesures ont contribué davantage que d’autres au progrès des élèves. Par exemple, au primaire, il semble fort avantageux de faire réfléchir les élèves sur leurs types d’erreurs, leurs forces et leurs faiblesses (les pratiques métacognitives), de les faire travailler aussi en coopération et dans des situations authentiques tout en leur donnant des rétroactions régulières. Au secondaire, les pratiques qui se sont révélées les plus efficaces amènent aussi les élèves à travailler le français dans des situations authentiques, mais pour eux, il est également souhaitable de proposer de courtes situations d’écriture, de créer des activités ludiques, d’analyser la langue et de les inciter à utiliser des ouvrages de référence ».
L’ étude
http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/index[…]
La lecture, Robien, un an après
C’est une drôle de table ronde qui s’est tenue à Lyon le 8 décembre. Un an après la révolte et la crise fomentées par Robien sur la lecture, une partie des acteurs se retrouvaient pour essayer de comprendre ce qu’il s’était passé. Se retrouvaient ainsi R. Goigoux, Nicole Geneix, Franck Ramus, tous pris à partie dans l’épisode Robien.
En apparence la crise est loin derrière. X. Darcos a pris soin de rassurer els enseignants sur leur liberté pédagogique et de se bâtir une image de ministre proche des enseignants. Les errements de Robien apparaissent maintenant rue de Grenelle comme des excès. Du temps même de Robien, l’administration de la rue de Grenelle avait su digérer le discours ministériel pour produire des textes qui en annulaient le coté déraisonnable. La dernière circulaire sur la lecture en est un bel exemple. On se rappelle qu’en 2006, Gilles de Robien avait su laisser croire qu’il bénéficiait d’un fort courant scientifique dans sa promotion de la méthode syllabique. Aussi les scientifiques présents à Lyon ont pu échanger sur les éléments de la crise. Généralement, les chercheurs ont compris qu’il fallait se méfier des médias ou mieux les utiliser. C’est sur le dos des médias et d’Internet que la réconciliation s’est faite.
On aurait pourtant probablement tort de croire que la crise est dépassée. D’abord parce que les mauvais résultats de l’école française aux études Pirls et Pisa sollicitent le public. A lieu de se demander pour qui les résultats baissent, il veut légitimement comprendre pourquoi ils baissent. Ce qui ouvre la voie à des « explications » parfois polémiques. Surtout, le vrai résultat de Robien c’est la promotion de réseaux et d’un style médiatique.
Le discours médiatique sur l’Ecole a changé. C’est devenu un show prometteur et surtout bien rodé dans ses dénonciations et ses postures stéréotypées (le pédagogue contre le conservateur). Les seuls médias où on peut encore vraiment parler sérieusement de l’Ecole , ce sont maintenant ceux qui appartiennent aux enseignants comme la presse syndicale ou le Café. Partout ailleurs le discours irréel des conservateurs l’emporte. Cela n’est pas sans rapport avec les réseaux conservateurs. C’est là le second héritage de Robien. Sous son règne, les lobbys conservateurs ont pu se développer sans risquer, même dans les pires attaques, d’avoir des comptes à rendre. Or un discours popularisé et des réseaux : ce sont déjà deux ingrédients de pouvoir.
Si Robien a échoué à faire passer ses idées dans la réalité scolaire, il a réussi à rapprocher du pouvoir son courant de pensée. Il convient sûrement aux enseignants de développer de nouvelles capacités médiatiques. Et d’abord de s’adresser aux parents.
Le colloque d eLyon
http://www.inrp.fr/INRP/formation-de-formateurs/catalog[…]
Le colloque dans le numéro 88
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/prima[…]
Enseignements artistiques : le rapport Gross un choc culturel pour l’Ecole ?
« Le changement ne peut se concevoir que s’il est accompagné par une volonté politique opiniâtre, érigeant l’éducation artistique et culturelle en grande politique publique dotée de moyens correctement évalués ». En concluant par cette phrase son rapport sur l’éducation artistique et culturelle, l’inspecteur général Eric Gross ne cache pas que ses recommandations nécessiteront des efforts pour être appliquées.
L’objectif n’est pas mince : introduire enfin dans toute l’Ecole, tout le temps, de la culture et des arts. Et E. Gross a bien compris que pour cela il fallait s’appuyer sur les outils de la culture, c’est-à-dire le numérique, et sur une pédagogie qui éveille l’intelligence, et il recommande les outils développés pour les Tpe, comme une évaluation d’un carnet de bord artistique et culturel. Dernier trait, cette éducation passe pour lui par un véritable partenariat entre l’Etat et les collectivités locales, entre l’Education et la Culture. C’est dire qu’introduire culture et arts dans l’Ecole nécessite de changer l’Ecole…
On relèvera encore l’attention qu’E. Gross apporte aux aspects concrets : obligation pour tout élève d’avoir visité le patrimoine local et par suite redéfinition de ce qu’est la visite scolaire et création des structures propres à accueillir les élèves; gestion des droits sur les œuvres numériques et utilisation de l’exception pédagogique; doter chaque établissement d’un projet culturel et artistique.
Ce rapport important amène à réfléchir sur les finalités de l’Ecole et son rapport à la société civile. Un ministère est-il capable d’une telle transformation ?
Le rapport Gross
http://www.education.gouv.fr/cid20727/rapport-sur-l-e[…]