F. Jarraud
Des enfants qui découvrent » les vertus du silence ». Des femmes qui sont d’abord des mères ( » Il convient d’insister encore sur l’absolue nécessité qu’une femme puisse conjuguer avec sérénité son travail et son rôle de mère. On ne peut pas condamner un enfant de deux ans à ne voir sa mère qu’une heure à peine par jour pendant la semaine ; on ne peut pas condamner une mère à laisser toute la journée son enfant »). Une école où l’on travaille (« L’école maternelle a souvent privilégié ce qui se voit, s’expose, s’affiche, au plus grand plaisir des parents et des élèves. Le « bien vivre » a parfois pris le pas sur le « bien apprendre »). Le rapport d’Alain Bentolila, que le Café s’est procuré et vous propose de lire, donne d’abord avec générosité les leçons de morale. Au risque de flirter parfois avec le mépris,par exemple quand il décrit ces parents : » On peut espérer, peut-être, que les parents, au lieu de n’avoir comme principal sujet de conversation la dernière exclusion de « La ferme des célébrités » ou de la Star Académy, pourront parler avec leurs enfants et entre eux de la beauté de certains poèmes ou de l’énigme de tel ou tel récit ».
Mais alors où est l’école maternelle , objet du rapport demandé par Xavier Darcos ? Pour A. Bentolila, l’école maternelle est en perdition. « L’école maternelle vit aujourd’hui sur ses acquis. Suivie par la quasi-totalité des enfants bien que non-obligatoire, surpeuplée, elle fait illusion aux parents… Elle fait illusion à certains enseignants qui pensent créer une pédagogie active et efficace fondée sur l’interaction, la participation, l’action en classe…. A trop vouloir faire de l’école maternelle une école « autre », on risque de contribuer – par endroit – à en faire « autre chose » qu’une école… Les séquences où l’apprentissage s’effectue sous le contrôle attentif et lucide de l’enseignant sont en fait extrêmement réduites ».
Il faut donc préparer le jeune enfant à ce qu’est la vie d’un écolier et d’abord lui donner le goût du travail scolaire. » Il faut qu’il accepte le fait que le plaisir de lire est au bout d’un apprentissage qui sera parfois aride ». Le jeune devra affronter les grands textes. » Tous les textes ne se valent pas et qu’il en est de superbes et de fort médiocres. En la matière, la « modernité » n’est pas toujours une garantie ; certains textes et poésies classiques charmeront les oreilles et les esprits de jeunes enfants plus sûrement que certains albums de littérature jeunesse. En bref, l’école maternelle doit commencer à créer les fondements d’un patrimoine littéraire de qualité ». A vrai dire aucune référence ne vient appuyer ces prises de position.
Les recommandations vont donc dans le sens de la tradition. Il faut » que la maternelle (soit) une école à part entière et non « entièrement à part » en rendant obligatoire la scolarité dès trois ans révolus. Présenter clairement les objectifs prioritaires de l’école maternelle et détailler pour chacune des trois années des programmes et les progressions spécifiques. Se désengager progressivement de la scolarisation à deux ans ».
Le Café vous propose de découvrir le texte de ce rapport (jusque là non publié), ses apports par une mise en parallèle avec les instructions officielles, ainsi que des réactions de chercheurs, de cadre éducatif et d’enseignants à ce mauvais texte.
Le dossier du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/Bento[…]
Sur le Café, le rapport (enpdf)
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docs[…]